« Je dirige un des rares lieux culturels, et le seul cinéma, situé dans les quartiers nord de Marseille. Je propose autant les « produits » que les gens ont envie de voir, les blockbusters, que des films Art et Essai plus ou moins porteurs, des documentaires, des films jeune public, …..
Avec une seule salle, à une époque où il y a de plus en plus de films, « le cinéma de tous les cinémas » qu’est l’Alhambra est obligé de faire des choix. Au final cela peut aboutir à un week-end avec L’homme sans nom de Wang Bing ou Le cheval de Turin de Bela Tarr, le dessin animé Une vie de Chat, le dernier Guédiguian et La Vérité si je mens 3. Tout cela se frôle, et cette approche du cinéma me semble importante.
Le cinéma c’est ce vaste ensemble disparate, fait de grands écarts entre des films dits commerciaux et des films plus artistiques. Je pense que le cinéphile n’est pas forcément enfermé dans un ghetto. Les films des grands réalisateurs américains et les comédies populaires françaises font partie du cinéma. Ici tout se passe dans une salle unique. Ainsi un élève de collège qui est venu voir Mon Oncle de Tati dans le cadre de Collège au Cinéma, ce qui n’est pas simple pour un adolescent d’aujourd’hui, peut revenir le week-end d’après pour voir Mission Impossible 4 en VF avec ses copains. Je fais attention à ne pas lui dire que l’un est mieux que l’autre. Il doit faire son chemin, il n’y a pas de meilleure formation que de voir et voir encore des films, les plus différents possibles, pour permettre au regard critique de s’aiguiser. »
Extrait d’un entretien de William Benedetto,
directeur de l’Alhambra,
publié dans Les Cahiers du Cinéma en 2012.