Frédéric Altmann, photographe anachronique malgré lui en Alabama...
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Frédéric, parle-nous de ton exposition…
C’est une exposition très forte symboliquement. Le vernissage a eu lieu samedi et beaucoup d’Afro-Américains étaient là. Parmi les personnes présentes, beaucoup de connaissaient pas Rosa Parks. C’était très émouvant de voir l’effet de cette exposition sur des personnes qui ont vécu cet événement historique.
J’expose 141 photographies qui permettent d’entrevoir l’Alabama. Elles représentent beaucoup de situations différentes : des maisons d’esclaves dans la forêt,… Tout cela est très sombre et ce n’est éclairé que par mes photos.
Je montre aussi l’Eglise évangéliste où les Afro-Américains m’avaient demandé de les rejoindre dans les chœurs. J’ai été soliste dans la chorale des Petits Chanteurs de la Côte d’Azur en 1956. Grâce à cela, j’avais participé à un voyage aux Etats-Unis et j’avais entrevu le racisme à Harlem.
Quel style de photographies exposes-tu ?
C’est uniquement du noir et blanc. J’ai adopté un style très classique, si bien que certaines personnes pensent que ce sont des photos des années 1950 ! En réalité, elles ont toutes été prises en 2002.
Comment as-tu été amené à réaliser ce reportage ?
J’ai été invité par mon ami Nall en 2002 en Alabama. Il savait que j’étais intéressé par l’art naïf et m’a parlé des anciens esclaves. Et j’ai vu les champs de coton, les ateliers d’artistes noirs…
Pourquoi le Parc Phoenix ?
C’est la première fois que j’y expose.
J’y allais juste pour une exposition et on m’a abordé pour y exposer ! Incroyable ! Il se trouve que cette année, c’est le centième anniversaire de la naissance de Rosa Parks.
C’est aussi presque la première fois que j’expose mon travail photographique. J’avais déjà exposé à Vence à la Fondation Nall, mais ce n’était accessible au public que sur rendez-vous.
Comment abordes-tu le racisme latent dans tes photographies ?
En Alabama, j’ai été très bien reçu, mais il n’y avait aucun Noir. Il ne faut pas oublier que le Ku Klux Klan a été particulièrement présent en Alabama. Quelque chose m’a particulièrement frappé, lors de mon premier voyage en Alabama : les Afro-Américains laissaient toujours les moteurs de leurs voitures en marche quand ils allaient à la messe, pour s’échapper plus vite au cas où on brûlerait l’église !
Comment vois-tu l’avenir ?
L’exposition va peut-être faire le tour des Etats-Unis dans les écoles. Mon travail a une dimension pédagogique et je pourrais aussi expliquer le ségrégationnisme dans les écoles. Beaucoup de gens ne connaissent pas Rosa Parks. On se souvient plus de Mandela... Preuve de la misogynie de l’art…
Exposition "Sweet Home Alabama"
de Frédéric Altmann
Jusqu’au 28 avril 2013
Parc Phoenix (Salle Prairial et Floréal)