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Jean FAUTRIER

Evénements liés à l'artiste

La figuration libérée

Fin : Avril 2015 Voir l'événement

« L’informel, dont le peintre est l’évident précurseur, n’est pas né de chocs ni de ruptures, mais d’une logique continuité. »

1898

Naissance de Jean Fautrier, le 16 mai, à Paris. Enfant naturel (il porte le nom de sa mère), il est élevé par sa grand-mère irlandaise, seule personne de son entourage qui l’intéresse.
Création de la Ligue des droits de l’homme.

1900

Le tableau Les Nymphéas, de Claude Monet (1840-1926) est montré au public chez le marchand Paul Durand (1831-1922), à Paris.

1907

Mort de son père puis de sa grand-mère. Il rejoint sa mère à Londres quelques mois plus tard.

1912

À l’âge 16 ans il entre à la Royal Académie de Londres, qu’il quitte pour la Slade School. Il fréquente la Tate gallery où il découvre l’oeuvre de Turner.

1914-1918

Première Guerre mondiale.

1917

Mobilisé, il rentre en France. Il est très vite versé dans les corps auxiliaires en raison de sa constitution, puis réformé définitivement en 1921, après avoir été, selon la critique d’art Palma Bucarelli (1910-1998), gazé à Montdidier. Le pastel sur carton Portrait d’un Juif russe, est la plus ancienne oeuvre connue de Jean Fautrier.

1920-1921

Il fait plusieurs séjours à l’hôpital. Il est réformé le 7 juillet 1921. Séjour au Tyrol pour soigner ses poumons ; il y peint des paysages.

1922

Il s’installe à Paris dans le quartier de Montmartre, rue Nicolet. Participe au Salon d’automne avec le tableau Les Tyroliennes en habits du dimanche. Séjour en Corse avec Andrée Pierson. Découverte et exhumation de la statuette dite La Vénus de Lespugne (Haute-Garonne).
1923-1926
Fautrier habite 46 rue Hippolyte-Maindron, future adresse des frères Alberto, et de Diego Giacometti (1901-1966 et 1902-1985). Il réalise ses premières eaux-fortes et aquatintes et de grands nus en sanguine (1923 à 1925).

1923

Il expose galerie Fabre, 20 rue de Miromesnil, où il rencontre Jeanne Castel qui jouera un rôle déterminant dans sa vie. Il expose également à la Maison des maîtres graveurs contemporains où il concourt pour le prix de la gravure sur bois originale. Jeanne Castel, future galeriste à Paris et dont le mari possède un garage rue du Général-Beuret, se lie avec le peintre et lui achète des toiles.

1923-1963

Rainer Michael Mason qui a constitué et publié en 1986 le Catalogue raisonné de l’oeuvre gravé, recense un peu plus de 300 pièces ; il observe qu’elles sont liées au déroulement de son oeuvre peint et dessiné.

1924

Première exposition personnelle à la galerie Visconti où il présente ses premières lithographies, des paysages et une série de nus à la sanguine. Il est retenu par la critique. Il présente des oeuvres au Salon des Tuileries (il participe au salon en 1926-1927-1930-1931 et 1942).

1925

Jeanne Castel le présente au marchand Paul Guillaume (1891-1934). 2e exposition personnelle galerie Fabre. Fautrier réalise une série de natures mortes, et lors d’un voyage dans le Tarn, une série de paysages où son individualité s’affirme.

1926

Fautrier rencontre le marchand Léopold Zborowski (1889-1932) qui l’expose dans sa galerie aux côtés de Modigliani (1884-1920), Kisling (1891-1953) et Soutine (1893-1943). Période chez le peintre dite « noire », paysages, natures mortes d’animaux écorchés, et nus. Jeanne Castel fait don d’une oeuvre, Bouquet de violettes, au musée de Grenoble, première oeuvre de Fautrier dans un musée français. Lors de séjours dans la région de Chamonix, il réalise la série des Glaciers et des Lacs, oeuvres picturales d’une grande intensité spatiale.

1927

Fautrier s’installe 20 rue Delambre dans l’ancien atelier du peintre Marcel Gromaire (1892-1971). Premières sculptures (1927-1929), puis « période gris clair », bouquets et nus. Il passe avec Paul Guillaume un contrat d’exclusivité. Il séjourne régulièrement dans les Alpes.L’historien d’art Elie Faure (1873-1937) publie L’esprit des formes.

1928

Fautrier passe l’été à Port-Cros près de Toulon ; il y peint une série de paysages. André Malraux (1901-1978), qu’il a rencontré chez Jeanne Castel, lui propose d’illustrer un texte de son choix pour Gallimard. Fautrier choisit les Illuminations d’Arthur Rimbaud (1854-1891) mais doit y renoncer et se prononce pour l’Enfer de Dante (1265-1321). Dès lors, il commence à réaliser les trente-quatre études à la gouache. À la demande de Jeanne Castel, Paul Guillaume organise une exposition Fautrier galerie Georges Bernheim.

1929

Fautrier passe plusieurs semaines à Chamonix. Plusieurs expositions sont organisées dont une à la galerie Cardo avec le peintre Derain (1880-1954), Friesz (1879-1949), Goerg (1893-1969), Picasso (1881-1973), Rouault (1871-1958) et Soutine.

1930

Le 1er mai, signature du contrat de l’Enfer avec l’éditeur Gaston Gallimard (1881-1975). Les planches sont jugées impubliables. Le projet sera définitivement abandonné vers 1944-1945. Une seule série est conservée ainsi que quelques rares exemplaires. Publication d’un important article de Marcel Zahar, dans Formes de juillet 1930, « Fautrier ou la puissance des ténèbres », première étude historique et analytique sur l’oeuvre de Fautrier. La crise des années 30 eut de dramatiques conséquences sur la vie et le travail de Fautrier.

1933

Exposition des lithos de l’Enfer à la galerie de la N.R.F. Texte de Malraux dans la Nouvelle Revue française.

1935

Fautrier épouse à Paris Yvonne Loyer, le 6 août. Ils divorceront le 8 juillet 1942. Il reprend sa production de sculptures.

1934-1939

Rupture de contrat avec Paul Guillaume. Démuni, Fautrier part pour Tignes où il devient moniteur de ski et gérant d’un hôtel-dancing où il fait entendre du jazz, puis d’un autre dancing, la Grande Ourse, à
Val-d’Isère. Dans cette période il ne peint pratiquement pas mais cherche à mettre au point une nouvelle technique ayant comme base un épais enduit de blanc d’Espagne appliqué sur papier.

1939-1940

Seconde Guerre mondiale.
La guerre éclate, Fautrier part pour Marseille, Aix puis Bordeaux. Retour à Paris en juin 1940. Il loge chez Jeanne Castel, rue du Cirque ou à l’hôtel. Il prend un atelier au 216 boulevard Raspail à Paris. Fautrier se remet à peindre entouré de ses amis écrivains, Jean Paulhan (1884-1968), Robert Ganzo (1898-1995), Paul Éluard (1895-1952) et René Char (1907-1980), Malraux, Jean-Paul Sartre (1905-1980)… Il réalise les premières « hautes pâtes ».

1941-1944

Fautrier s’installe dans un atelier au 216 boulevard Raspail. Il se lie avec Paulhan, Char, Ganzo, Ponge (1899-1988) et Éluard dont il illustre les oeuvres.

1944

Le 10 mai 1944, le 1er bataillon du 4e régiment de Pazergrenadier Der Füher appartenant à la Panzerdivision Das Reich de la Waffen-SS massacre la population d’Oradour-sur Glane (642 victimes).

1942

Exposition galerie Poyet. Il illustre, pour l’éditeur Georges Blaizot, plusieurs ouvrages à tirage limité : Orénoque constitué de 11 gravures en couleurs, Lespugue illustré de 11 lithographies et Madame Edwarda de Georges Bataille dont le texte est accompagné de 31 gravures.

1943

Première rétrospective de son oeuvre à la galerie René Drouin, 17 place Vendôme. Jean Paulhan préface le catalogue. Il rencontre Jeanine Aeply avec laquelle il aura deux enfants : Dominique né en janvier 1946, et Manuelle née en septembre 1947. Arrêté par la gestapo, en janvier 1943, puis relâché, il part pour Chamonix. De retour à Paris, il s’installe clandestinement dans la clinique du Dr Le Savoureux, au lieu-dit « La Vallée aux Loups » à Châtenay-Malabry, lieu même où les allemands viennent fusiller des prisonniers résistants amenés de la prison de Fresnes. Début de la série les Otages.

1943-44

Caché dans l’atelier de la Tour Valléda, à « La Vallée aux Loups », Fautrier poursuit la réalisation de la série les Otages. Il rencontre l’écrivain Francis Ponge.

1945

Le peintre s’installe définitivement à Châtenay-Malabry. Exposition des peintures les Otages et des sculptures, à la galerie Drouin. Malraux écrit une préface très remarquée. Premier texte de Francis Ponge sur Fautrier. Publications de Lespugue, puis d’Orénoque, deux poèmes de Robert Gonzo et de Madame Edwarda de Georges Bataille. Jean Fautrier réalise aussi 18 lithographies en couleur pour Les Causes célèbres, texte de Jean Paulhan, ouvrage non édité.

1946

Publication de Note sur les otages, peintures de Fautrier, par Francis Ponge chez l’éditeur Pierre Seghers (1906-1987).

1947

Publication chez l’éditeur Blaizot de L’Alleluiah de Georges Bataille et de La Femme de ma vie d’André Frénaud (1907-1993). Les seize gravures composant ces deux ouvrages sont tirées sur la presse à bras de l’artiste, dans son atelier à Châtenay-Malabry. Il travaille à l’illustration de Fautrier l’enragé de Jean Paulhan ; l’ouvrage est constitué de 48 estampes.

1949

Publication chez Blaizot de Fautrier l’enragé.

1950

Fautrier et Jeanine Aeply mettent au point un procédé de reproduction des oeuvres d’art. Fautrier expérimente la technique des « originaux multiples ». Ils sont présentés à la galerie Billiet-Caputo, puis trois ans plus tard à la galerie de la NRF à Paris, et à New York en 1956. Les « originaux multiples » connaissent un échec commercial et Fautrier en abandonne la réalisation.

1952

Le critique Michel Tapié (1909-1987) publie Un art autre, où il développe la théorie de l’informel à partir des pâtes de Fautrier, Jean Dubuffet (1901-1985) et Wols (1913-1951). Première exposition Jean Fautrier à New York, galerie Hugo et Iolas.

1955

Exposition des Objets, galerie Rive droite, préfacée par Paulhan. Aucun tableau n’est vendu. Une importante étude d’André Berne-Joffroy (1915-2007) paraît dans la NRF de mai.

1956

Invasion de la Hongrie par l’armée soviétique.
Après l’invasion de la Hongrie par l’armée soviétique, Fautrier peint en réaction la série de têtes, Les partisans, Budapest. Exposition des Nus, galerie Rive droite. Francis Ponge préface le catalogue de l’exposition Paroles à propos de nus de Fautrier. Seconde exposition à la galerie Iolas à New York, préface d’André Malraux.

1957

Publication de Fautrier par Michel Ragon (1924-) dans la collection du Musée de poche aux éditions Fall. Publication de Fautrier 43 par Robert Droguet (1944) aux éditions
Besacier à Lyon. La galerie Rive droite expose Les Partisans, Budapest, puis quelques mois plus tard, 30 années de figuration informelle, tandis que la galerie André Schoeller présente l’oeuvre sur papier, dessins et lithographies réalisées entre 1928 et 1958. Exposition à New York, galerie Sidney Janis. À partir de cette date, de nombreuses expositions Fautrier sont organisées à l’étranger.

1958

L’écrivain André Verdet (1913-2004) publie Fautrier, aux éditions Falaize. Expositions en Europe, Italie, galerie Apollinaire à Milan ; en Suisse, à Fribourg ; en Grande-Bretagne, ICA gallery à Londres ; en Allemagne, galerie 22 à Düsseldorf. Fautrier signe un contrat d’exclusivité avec la galerie Michel Couturier.

1959

Fautrier, Jean Paulhan, la poétesse Édith Boissonnas (1904-1989) et l’écrivain Giuseppe Ungaretti (1888-1970) visitent le Japon. Francis Ponge publie Fautrier d’un seul bloc fougueusement équarri, dans le Mercure de France d’octobre.

1960

Palma Bucarelli publie Fautrier Pittura e matieria aux éditions II Saggiatore, à Milan. Le critique d’art G.C. Argan (1909-1992) publie, chez le même éditeur, Fautrier matière et mémoire. Invité d’honneur à la XXXe Biennale de Venise, Fautrier partage avec Hans Hartung (1904-1989) le Grand Prix international. Exposition à Turin, Bergame et Madrid.

1961

Fautrier reçoit le Grand Prix international de la VIIe Biennale de Tokyo. Ier contrat établi entre Sami Tarica, Paul Haim et Michel Couturier (derniers représentants de la galerie Europe) et Jean Fautrier le 1er avril, pour une durée de deux ans reconductible. Le contrat n’est pas renouvelé, Paul Haim et Michel Couturier s’étant entre-temps séparés dans leurs activités. Fautrier expose à Düsseldorf, Madrid et Barcelone.

1962

Michel Couturier effectue avec l’imprimeur Jacques David le retirage de plusieurs cuivres anciens de Fautrier et édite de nouvelles gravures. Exposition à la galerie Apollinaire à Milan, préface de Giuseppe Ungaretti et à Lausanne à la galerie Bonnier.

1963

Publication de Fautrier et le style informel du critique d’art Pierre Restany (1930-2003), aux éditions Hazan. Publication de L’Asparagus de Francis Ponge. Tournage du film de Philippe Baraduc, Fautrier l’enragé, dialogue de Jean Paulhan et de l’artiste. 2e contrat signé le 1er novembre 1963 entre Michel Couturier et Jean Fautrier pour une durée d’un an reconductible, contrat d’exclusivité mondiale pour toutes les oeuvres exécutées après 1950.

1964

Donation Fautrier au musée de Sceaux en Île-de-France et au musée d’Art moderne de la Ville de Paris qui organise une importante rétrospective de son oeuvre. Fautrier, gravement malade est menacé d’expulsion ; il travaille de son lit à sa préparation. Atteint d’un cancer et alité, il ne pourra participer à ce dernier projet.
Le 21 juillet, Jean Fautrier meurt à Châtenay-Malabry, alors qu’il devait épouser, quelques jours plus tard, Jacqueline Cousin sa dernière compagne. Le peintre est inhumé au cimetière de la commune de Châtenay-Malabry.

Photo de Une : Photo Pierre Arguillet, Jean Fautrier, vers 1963 -1964. Dédicace du photographe à Castor Seibel.

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