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Gustav KLIMT

Evénements liés à l'artiste

"Klimt et Vienne, un siècle d’or et (…)

Fin : Janvier 2015 Voir l'événement

En 1880, il crée un atelier de décoration avec son frère Ernst et un ami Frantz Matsch. Son habileté et la finesse de ses travaux sont rapidement reconnus et il se voit confier de nombreuses décoration de murs et de plafonds de villas, mais aussi de théâtres et édifices publics. C’est ainsi qu’il décore la salle de réunion du Palais Sturany à Vienne, puis une salle du Château Royal de Palesch en Roumanie, ainsi que la Villa Hermès de Lainz ou encore les escaliers du Burgtheatrer de Vienne.
L’évènement le plus important dans ces années là est l’achèvement de la décoration de l’escalier du Kunshistorisches Museum qu’il mène à bien, malgré le décés du maître d’oeuvre de ce travail conduit par le peintre Hans Mackart, lequel travail consolide encore sa réputation.
Ainsi jusqu’en 1890, Gustav Klimt aura eu un début de carrière fait d’une solide réputation de peintre décorateur répondant à des demandes officielles de peintures architecturales, mais sans réelle originalité, car éloignée au fond de lui de ses goûts personnels pour un art moderne dans lequel il a envie de s’exprimer totalement.

Il prend pour compagne Emilie Flöge qui tient une maison de couture, et se rapproche en ces débuts des années 1890 des écrivains Arthur Schniltzer, Hofmaansthal et Hermann Bahr tout en s’interessant au symbolisme et à l’impressionnisme français. En 1895, lors d’une exposition à Vienne, il découvre les oeuvres de Liebermann, de Félicien Rops, mais aussi de Klinger, Böcklin et Rodin.

Avec certains de ses amis dont Moser, Joseph M.Olbrich et Carl Moll, il crée en 1897 un journal intitulé "Ver Sacrum" (Printemps Sacré), avec l’ambition de créer un édifice consacré aux arts. Il participe la même année à la fondation de l’Union des Artistes Figuratifs, appelée aussi la " Sécession", avec dix neufs autres artistes de la Küntlerhaus de Vienne. Il devient le président de cette association, dont l’objectif est de réformer la vie artistique de l’époque et de réaliser des oeuvres d’art qui élèvent " l’art autrichien à une reconnaissance internationale à laquelle il aspire". Il s’agit aussi pour ces artistes de combler le fossé existant entre l’art et les arts dits mineurs, de rapprocher les objets utilitaires et les objets d’arts, de transformer le monde au moyen des arts. Les arts doivent éveiller les consciences et s’éloigner de toute compromission avec l’art et l’académisme établis.
Cette fondation est en quelque sorte la réponse au mouvement "Art Nouveau " en France et au "Jugendstil" qui se développe en Allemagne. Le magazine "Ver Sacrum" devient le moyen d’expression de la "Sécession", et le porte parole de cette volonté de changer le monde, tandis que Joseph M. Olbrich parvient à réaliser cet édifice dédié aux arts et souhaité par Klimt, pour donner aux jeunes artistes figuratifs un lieu permanent d’exposition pour leurs oeuvres.

Il peint en 1898 le célèbre tableau "Pallas Athénée" qui marque en quelquesorte cette émancipation de Gustav Klimt par rapport à l’art officiel.
Sous un mode ironique, il détourne la représentation traditionnelle du sujet en montrant sous le visage de la déesse aux traits d’une femme fatale, une gorgone qui tire la langue.Cette toile fût l’objet de l’affiche de la première exposition de la "Sécession" en 1898.

Au cours de l’année 1900, lors de la septieme exposition de la "Sécession", Klimt présente sa toile intitulée " La Philosophie", qui est la première des trois toiles préparatoires avec "La Médecine " et "La Jurisprudence " qui lui avaient été commandées en 1896 pour illustrer les voûtes du plafond de l’Aula Magna, le hall d’accueil de l’Université de Vienne. Il choisit de représenter la philosophie sous la forme d’une sphinge aux contours flous, la tête perdue dans les étoiles, tandis qu’autour d’elle se déroule tous les cycles de la vie, de la naissance à la vieillesse, en passant par les étreintes de l’amour. A gauche, à l’avant plan, la "connaissance" revêt les traits d’une femme fatale fixant de ses yeux froids et sombres le spectateur. Cette toile fait l’objet d’une critique sévère des autorités universitaires qui s’attendaient à une représentation classique du sujet et qui considèrent alors cette allégorie comme une provocation au libertinage et une atteinte aux bonnes moeurs. La critique violente de la presse accuse Klimt d’outrager l’enseignement et de vouloir pervertir la jeunesse . On lui reproche ses peintures trop érotiques, et on s’interroge sur sa santé mentale et sur ses crises de dépression. " Il est trapu, écrit-on,un peu lourd, athlétique... pour allonger son visage sans doute, il porte les cheveux en arrière et rejetés très haut au dessus des tempes. C’est le seul signe qui pourrait faire penser que cet homme est un artiste".

Les compositions qui suivent, "La Médecine" et "La Jurisprudence" déchaînent et amplifient les critiques. La médecine est représentée par une femme qui ’offre son corps, au côté des représentations de la souffrance et de la mort. La jurisprudence quant à elle est représentée par un criminel en proie à ses instincts, tandis que la justice reste figée et impassible enchassée dans une mosaïque d’inspiration byzantine.
Klimt doit renoncer à voir ses peintures décorer l’Aula Magna, sans pourtant renoncer à son invention esthétique.

Lors de la quatorzième exposition de la "Sécession " en 1902, consacrée à la musique de Beethoven, Klimt présente une fresque en sept panneaux représentant la Neuvième Symphonie, destinée à illustrer un décor pour l’architecte Josef Hoffmann chargé de réaliser un monument en mémoire du musicien. Cette oeuvre d’art est encouragée par Gustav Mahler lui même, qui représente une aspiration au bonheur de la part de l’humanité souffrant en cherchant son apaisement dans les arts. Cette oeuvre et une nouvelle fois l’objet de critiques violentes au nom de la morale.

Ces années 1902-1903 constituent un tournant dans l’oeuvre de Klimt, et une période d’intense créativité . Il entame la réalisation de son "Cycle d’Or" avec les "Serpents d’Eau", le "Portrait d’Adèle Bloch-Bauer", et "Danaé".

En 1904, un riche banquier Belge Adolphe Stoclet lui commande la réalisation des mosaïques murales de la salle à manger d’un luxueux palais qu’il construit à Bruxelles sur les plans de l’architecte Hoffmann.
La richesse décorative de Gustav Klimt éclate dans "L’Attente "et dans " L’Accomplissement " qu’il réalise pour Adolphe Stoclet.

Le tableau "Le Baiser" qui est le tableau le plus représentatif du génie de Gustav Klimt et qu’il peint en 1905 sera reproduit dans le thème de "L’Accomplissement" pour la fresque d’Adolphe Stoclet.

A partir de 1908, il quitte avec plusieurs de ses amis la "Sécession" qui selon lui tend à se scléroser, et il se consacre à la peinture de paysages ou de scènes allégoriques très ornementées, de plus en plus stylisées et aux couleurs vives qui le rapproche du pointillisme de Seurat, mais aussi de Van Gogh et de Bonnard.

Mais il s’intéresse aussi davantage à la peinture intimiste et aux portraits. Il réalise des portraits de femmes de grandes dimensions avec des compositions richement décorées pour flatter une clientèle riche et bourgeoise qui lui fait des commandes, et il réalise aussi de nombreux scènes de femmes nues ou aux poses langoureuses et érotiques, en tenues extravagantes dans des compositions asymétriques, sans relief et sans perspective, riches d’une ornementation chatoyante, envahissante et sensuelle.
En 1910, Klimt participe à la Biennale de Venise où il retrouve le succès et la notoriété d’avant l’Aula Magna. Il reprend le titre qu’on lui avait attribué de "décorateur fin de siècle", de peintre de l’intelligentsia autrichienne, et d’inventeur de l’art décoratif
Il meurt en 1918 d’une attaque d’apoplexie en laissant inachevées de nombreuses toiles.

Peintre dénigré pendant plus d’une dizaine d’années de sa vie, l’oeuvre de Klimt aura été en permanence l’expression d’une référence à l’histoire de la peinture, à Moreau, Klinger, Hodler, Böcklin, Monet, Seurat, Matisse, ou Rodin, dans ses compositions extrêmement personnelles et originales faites de théatralité, d’antinomies, d’hétérogénéité, tant du point de vue pictural et décoratif, que du point de vue des couleurs. Son oeuvre faite d’oppositions entre la figuration et l’abstraction, entre allégories et paysages, entre, stylisation et naturalisme, entre hédonisme et scepticisme, entre impressionisme et symbolisme, lui confère une place très particulière dans l’ histoire de l’art. Il semble avoir été le génial et prémonitoire précurseur de la crise générale des principes, des valeurs, des idées et du langage artistique qui fût caractéristique du XXème siècle.Peintre dénigré pendant plus d’une dizaine d’années de sa vie, l’oeuvre de Klimt aura été en permanence l’expression d’une référence à l’histoire de la peinture, à Moreau, Klinger, Hodler, Böcklin, Monet, Seurat, Matisse, ou Rodin, dans ses compositions extrêmement personnelles et originales faites de théatralité, d’antinomies, d’hétérogénéité, tant du point de vue pictural et décoratif, que du point de vue des couleurs. Son oeuvre faite d’oppositions entre la figuration et l’abstraction, entre allégories et paysages, entre, stylisation et naturalisme, entre hédonisme et scepticisme, entre impressionisme et symbolisme, lui confère une place très particulière dans l’ histoire de l’art. Il semble avoir été le génial et prémonitoire précurseur de la crise générale des principes, des valeurs, des idées et du langage artistique qui fût caractéristique du XXème siècle.

Source : Le Monde des Arts

Photo de Une : Gustav Klimt © Coll. Part.

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