Sandra Mathieu
Née à Paris en 1971, Sandra Mathieu grandit à Boulogne-Billancourt, non loin de la Seine, du parc de Saint-Cloud et du jardin Albert-Kahn qui sont pour elle des oasis au milieu d’une ambiance urbaine. Régulièrement, sa grand-mère l’emmène sillonner Paris, si bien que, petite, elle s’imagine un jour pouvoir connaître la ville comme sa poche. L’été, elle passe parfois ses vacances en Auvergne chez son arrière-grand-mère avec laquelle elle partage une vie plus simple et rude. Dès qu’elle le peut, elle échappe à sa surveillance, prenant goût à la solitude, au calme et à la liberté de mouvement.
Les parents de Sandra Mathieu déménagent finalement à Nancy pour des raisons professionnelles. L’adaptation est longue et difficile. Il faut conquérir de nouveaux espaces. Le mercredi, elle quitte la maison en douce pour se réfugier à la bibliothèque et lire jusqu’à la fermeture. Dans le même temps, elle poursuit la pratique de sports comme la course à pied, la natation ou la boxe française, qui sont des compléments nécessaires à ces heures riches mais statiques. Les fins de semaine sont souvent consacrées à des escapades familiales dans le massif des Vosges, qu’elle se met à chérir, développant un goût pour la marche et une passion pour le ski. Ces montagnes lui semblent un repaire idéal par leurs proportions et leur déclivité modérée.
Après le baccalauréat, Sandra Mathieu s’inscrit en hypokhâgne puis en khâgne. Une fois son DEA de philosophie politique obtenu à Strasbourg, elle est enfin certaine de ne plus vouloir être professeur de philosophie ! Elle accepte alors différents petits boulots qui lui dévoilent un pan plus âpre et précaire de la vie. Elle fait aussi l’expérience du travail en entreprise. Ces emplois ne lui laissent pas un souvenir impérissable. Elle décide de devenir enseignante et s’oriente vers l’aide d’enfants en difficulté. Avec son premier salaire, elle part cinq semaines au Portugal : elle se déplace en stop, dort parfois dehors, et doit vivre avec le peu qu’elle a en poche. Ce périple lui laisse un vif souvenir, sorte d’Éden à retrouver. En déménageant en lisière des Vosges, elle se rapproche de la pratique des activités sportives liées à la montagne. Elle part pour des voyages plus lointains mais préfère explorer une zone limitée, Buenos Aires en Argentine, le Sertão au Brésil, en renonçant à l’illusion de « faire » un pays. Elle se débarrasse aussi des guides pour se fier à son intuition et se laisser plutôt guider par le hasard et les rencontres.
En 2005, au cours d’un séjour dans les Alpes-Maritimes, Sandra Mathieu décide de s’y installer. C’est à Grasse, ville où le relief est présent une fois de plus, qu’elle a choisi de vivre. La « capitale internationale du parfum » possède bien d’autres attraits comme la beauté de ses panoramas et la proximité directe des Préalpes, joliment dites d’Azur. Amoureuse de sa ville, elle participe à son animation par l’organisation d’événements culturels. Tout en continuant à visiter l’Europe et le Maghreb, elle part dès que possible dans l’arrière-pays grassois pour marcher et se ressourcer. À l’époque où les distances semblent abolies, il lui paraît plus attrayant de s’approprier un territoire, de le connaître jusqu’à s’y fondre. Bien qu’elle soit récemment devenue animatrice de randonnée, elle préfère encore s’offrir le luxe de marcher seule.
Sandra Mathieu écrit depuis longtemps des recueils de poésie, des paroles de chanson, des chroniques sur son métier, des contes, des nouvelles, mais n’a cherché que récemment un éditeur. En 2012 paraît l’album jeunesse Otton emporte le vent, en collaboration avec l’artiste Annick Samaurow. Elle anime depuis lors un atelier d’écriture pour les enfants et prépare un livre sur Grasse.
Photo de Une : L’auteure (détail) à Grasse – Alpes-Maritimes (France) Année 2016 © Isabelle Grigne