Arnaud Duterque - Un dernier Haïku pour la route

Mais la comparaison avec le Japon s’arrête là.

En effet, si le style est résolument bref, les règles des Haïkus ne sont respectées strictement qu’en première partie (règle du 5/7/5, toujours un mot de saison...).

Tout au long du recueil de Haïkus, l’humour apparaît comme une pièce maîtresse. Un humour tantôt fin, tantôt gras, avec l’absurdité comme option ponctuelle.

Il y a un côté franchement dépressif avec un humour noir qui sent le soufre, mais aussi l’humain.
Car Arnaud Duterque laisse transparaître dans ses situations glauques un aspect complètement humain. Souvent désemparé, il s’en sort toujours avec humour.

Nous pouvons alors allégrement nous moquer de ces moments de solitude, comme si ça ne nous était jamais arrivé...

Extraits de "Un dernier Haïku pour la route" :

Cerné par les flics -

Il lève les mains

Du volant

Roadtrip sans fin

Rouler toujours plus loin

Sur le ruban noir

Départementale fleurie -

Aucun parfum ne monte

Des champs environnants

Dans la fraîcheur des chênes-lièges

Les carrosseries

S’évaporent peu à peu

Airbags déployés

La tête coincée

Mort d’un prisonnier

Un péage de plus

Et je finirai à poil

Dans la rue

Carcasses de pneus

Asphalte en fusion

Je roule à fond

Les circonvolutions

Sont toutes éphémères

Et les gaz toxiques !

Sandwichs en triangle

Eau naturelle en plastique -

Les zombies de l’autoroute

Sur un parking

Les camions font halte -

On enterre le jour

Aux poignées gluantes de WC

Des enfants s’accrochent -

Aire de repos

Quarante tonnes d’acier

Me frôlent à fond -

Sueur dans le dos

Le chauffard s’éloigne

Sirènes hurlantes

Le drôle de rodéo

Murmures du vent -

La mort mord à pleines dents

Dans mon volant noir

Voix du GPS

Je me suis encore planté -

Envie de crier

Liquide de refroidissement

Reflète

Tous les nuages du ciel

Il a grandi à Brive-la-Gaillarde. Celui qui connaît cette ville sait d’où vient l’humour légèrement désespéré d’Arnaud Duterque !

Trêve de galéjades, à 24 ans, il commence à travailler aux Studios de la Victorine dans la communication. Il grimpe les échelons très rapidement jusqu’à devenir régisseur.

En parallèle, il se passionne pour l’écriture en tout genre : poésie, nouvelle, scénario, dialogue, roman.

Il attendra 1999 pour sortir son premier recueil de nouvelles intitulé Vue sur l’amer, 6 tranches de vies racontées avec cynisme et humour noir. Blues Stop, une des nouvelles du recueil a notamment fait l’objet d’un court métrage dont il fut le scénariste et dialoguiste. Il obtiendra la 2ème place du concours « Ecrivains de demain » du Panorama du livre en Octobre 2000.

Il se lance ainsi dans l’écriture de son premier roman "Du blues dans la pelouse", sorti en décembre 2006, à la FNAC de Nice et librairie Masséna de Nice.

Il enchaîne, deux ans après avec un recueil de textes Doggy style sorti en novembre 2008.
Ce qui lui a permis de participer au salon du Polar à Drap, la même année, aux côtés de Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal.

Passionné par les « petits-poèmes-extrêmement-brefs-visant-à-dire-l’évanescence-des-choses », plus communément appelés Haïkus, il sort Un dernier Haïku pour la route aux éditions de l’Antre en décembre 2011.

Depuis, il assouvit aussi sa soif en écrivant des scénarios pour le cinéma ; projets qui se concrétiseront s’ils trouvent « producteur à leur pied » d’ici 2013.