Voyage initiatique avec la Cie Arketal de l’enfance à l’âge adulte…

« Debout » c’est avant tout un conte contemporain, un voyage initiatique de l’enfance à l’âge adulte… L’histoire de Debout, enfant battu, pour qui la vie est dure et commence mal. « Qui n’a jamais rêvé un jour de changer de mère ? » interroge le texte. A dix ans, Debout a envie de mourir. Alors qu’il réfléchit au bord d’une tombe, sa rencontre avec un fossoyeur rustre mais au grand cœur, amoureux de la vie, lui redonne un peu d’espoir. Il le mènera aux portes du Cimetière des Gitans, endroit où sommeillent 21 mères et autant de chance d’avoir enfin une vie heureuse de petit garçon. Il en ressortira son enfance derrière lui, grandi, debout.

Sylvie Osman est marionnettiste, interprète et également metteur en scène au sein de la compagnie Arketal (installée depuis 27 ans sur la Côte d’Azur, dont les comédiens ont été formés par des maîtres à l’Institut International de la Marionnette à Charleville-Mézières). C’est la première fois qu’une compagnie met en scène ce texte ! Sur scène : 21 mères, un enfant et un adulte et une véritable performance pour cette comédienne qui interprète tous les personnages. Un travail remarquable, intéressant et d’une rare intensité. Sylvie joue avec sa voix et nos émotions. « Les mots peuvent sembler durs, mais tous les contes sont des histoires tragiques finalement. Debout est un enfant battu qui part à la recherche d’une autre maman ».

De l’homme à la marionnette...

Diriger des personnages faits de bois, carton, papier journal et de chiffons est un travail différent, car ici les émotions doivent se transmettre aux marionnettes : « Il faut être bon interprète, j’utilise beaucoup ma voix, mes basses, mes hautes, mon medium, mais il y a aussi l’histoire de se mettre au service de l’objet. C’est assez particulier : je transmets de mon corps à l’objet-marionnette qui est devenu moi, mon corps est à disposition de ma respiration, le mouvement est aussi un langage ». Des personnages atypiques qui permettent d’aborder des sujets assez sombres devant un jeune parterre (le spectacle s’adresse aux enfants à partir de 8 ans) : « Il n’y a aucun conte facile ! Le Petit Poucet abandonné, Le Chaperon Rouge qui risque de se faire manger par un loup, nous les avons tellement intégrés, ils font partie de nous, « Debout » est un texte d’une auteur contemporaine, on ne le connait pas, mais il n’est pas plus difficile que les autres… » Et puis l’histoire se termine sur une note positive, le petit garçon devenu grand et prêt à affronter cette vie difficile, à enjamber les obstacles, à se construire malgré la violence ou la cruauté du monde qui finalement sont vécues et bousculent au quotidien. Une réalité brutale sublimée par cet imaginaire et portée par les notes mélancoliques des instruments d’Olivier Thomas. « Une maman plus forte en coups qu’en baisers », une Reine Verticale, une Mère Jardin, une Mère Papillon, une Mère Ogresse… Autant de personnages aux charmes atypiques. Les poupées de Mâkhi Xenakis nous subjuguent, nous entrainent dans leur univers onirique, mystique, digne d’un Tim Burton.

Si Sylvie Osman donne du sens à ce petit monde, elle nous rappelle aussi, à nous autres les grands, que la rêverie et la poésie se cachent même dans les destins tragiques et que les marionnettes ne parlent pas qu’aux plus jeunes !