L’Annexe de la grâce et de l’humanité
L’année 2010 arrive presque à sa fin, pouvez-vous nous rappeler les temps forts qui ont marqué la vie de la Cie Humaine cette année ?
– Eric Oberdorff : Cette année a été l’une des plus folles depuis la création de la compagnie.
Nous avons donné des représentations dans toute la France, dans des lieux allant de la scène au musée, comme par exemple le Musée D’Art Contemporain du Val de Marne, nous avons tourné au Portugal et en Allemagne (à la prestigieuse Internationale Tanzmesse de Düsseldorf) ; nous avons mené de front énormément d’actions culturelles envers des publics très divers, de nos partenariats avec l’Education Nationale à l’entraînement régulier du danseur en passant par la projection de notre documentaire "Sur la route de Petrouchka" ; enfin, en terme de création, j’ai créé une pièce pour les étudiants du Pôle Danse du Conservatoire de Nice dans le cadre de notre partenariat de résidence, et je viens de commencer le travail en studio sur notre prochaine création "Léviathan".
A tout cela sont venues s’ajouter deux collaborations majeures, sur lesquelles j’emmène bien entendu une partie de mon équipe (assistante, créateur costume, scénographe, créateur lumières), une création pour le Ballet du Grand-Théâtre de Genève, et une autre création pour le Ballet National de Marseille. Ce qui qui fait qu’en 2010, on pouvait voir mon travail chorégraphique présenté simultanément dans plusieurs pays européens par trois compagnies auxquelles il faut rajouter le Ballett Theater Hagen (Allemagne) qui donnait des représentations de deux de mes pièces, "Libre" et "Absence".
Née en 2003 à Nice, votre troupe est restée depuis "sans domicile fixe" allant de résidences en ateliers de Nice à Cannes ; passant parfois par d’autres Villes françaises pour produire et créer. Vous avez su nourrir vos créations de cette situation intranquille et capter des énergies de passage qui les ont inspirées et portées vers des horizons divers. Il semblerait qu’enfin une "invitation" à poser vos bagages vous ait été offerte à Nice... Pouvez-vous nous en dire davantage ?
– Eric Oberdorff : L’intranquillité est mon quotidien. C’est l’état "normal" d’un artiste à l’écoute du monde qui l’entoure mais aussi de ses propres émotions. Il n’en demeure pas moins que pour la compagnie, en terme de structure, on ne peut envisager un développement et une pérennisation des activités en terme de structure sans un minimum de stabilité et de visibilité sur son futur à moyen terme. La situation s’était un peu stabilisée en ce qui concerne un lieu de répétition depuis l’automne 2008, grâce à la mise en place avec la Ville de Nice d’une convention de résidence au sein du Pôle Danse du Conservatoire de Nice, qui nous donne accès à des créneaux horaires quotidiens dans un studio de danse. Ce qui donne lieu à des échanges enrichissants avec les étudiants, dans une chaleureuse collaboration avec Jérôme Bénézech, Directeur du Pôle Danse, avec qui nous partageons les mêmes valeurs d’exigence.
Et en septembre dernier, une bonne nouvelle est arrivée. La Ville de Nice et sa Direction Centrale a décidé de mettre à notre disposition l’ancienne Galerie du Château, inoccupée depuis longtemps. Nous voici donc après sept années d’errance avec un toit sur la tête, une maison en deux parties, l’une à Cimiez, et l’autre dans le Vieux-Nice. C’est une grande joie.
Qu’est ce que cet "espace à soi" dans le Vieux-Nice va apporter à la Compagnie immédiatement ?
– Eric Oberdorff : Il s’agit d’utiliser cet espace comme une vitrine montrant l’identité artistique de la Compagnie Humaine. En organisant des expositions, nous pourrons ainsi présenter nos projets, nos activités et notre actualité. Nous pourrons y organiser des rencontres avec les professionnels et nos partenaires : présentations de maquettes, lectures, présentations vidéos, etc...
Ce lieu sera également un lieu de production : montage vidéo, montage son, travail de l’équipe artistique autour de la lumière, des costumes, des décors... Nous allons pouvoir centraliser toutes les archives et permettre à l’équipe administrative composée de trois personnes (administration/diffusion, production, communication) de travailler dans un même espace. Jusqu’à présent, chacun travaillait de chez soi. Ce système dématérialisé nous a permis de fonctionner jusqu’à présent mais devenait vraiment problématique depuis une année à cause du fort développement de nos activités.
Nous avons décidé de nommer le lieu "L’Annexe", mettant ainsi en avant son rôle essentiel dans l’accompagnement des projets de la compagnie du studio à la scène.
Votre Compagnie est une plate-forme ouverte où se tissent des projets rassemblant des artistes free-lances issus de diverses disciplines (danse, composition, vidéo, théâtre, écriture, photographie...) : ce lieu sera-t-il lui aussi pluridisciplinaire ouvert aux artistes et ouvert aux publics ?
– Eric Oberdorff : Bien entendu, nous allons pouvoir avec l’Annexe poursuivre et approfondir le principe servant de fil conducteur aux projets de la Compagnie : l’ouverture.
Les expositions concerneront en priorité les artistes collaborant aux projets de la compagnie, chacun dans leur discipline, afin de présenter la richesse des différents univers mais aussi les différentes étapes de travail : nous commençons par une exposition photographique, puis suivra une exposition de croquis de costumes.
Concrètement il y aura une nouvelle exposition tous les trois mois, avec également des événements ponctuels : lectures, mini-concert, débats/discussions, etc... Ces événements pourront aussi être aussi organisés pour et/ou par d’autres compagnies et artistes en relation avec le spectacle vivant. En dehors des vernissages et des ces événements, l’Annexe sera ouverte au public deux fois par semaine (selon des horaires qui restent à définir) ainsi que sur rendez-vous.
Quels événements préparent la Compagnie d’ici la fin de l’année ?
– Eric Oberdorff : Nous allons continuer sur notre lancée de 2010 : un programme très riche.
Tout d’abord, en priorité, nous avons des périodes de travail création pour notre prochaine création, "Léviathan". Le 19 novembre a lieu l’inauguration de l’Annexe, avec le vernissage de la photographe Marie-Laure Briane.
La semaine suivante, nous projetons les 24 et 25 novembre le documentaire "Sur la route de Petrouchka" suivi d’une rencontre/discussion sur le thème de "la parole par le corps" dans le cadre de la "Semaine des droits de l’enfant 2010" organisée par la Ville de Nice. Sinon, dès la semaine prochaine, nous reprenons l’entraînement régulier du danseur qui consiste en l’ouverture des cours de la compagnie deux fois par mois aux artistes professionnels, qu’ils soient établis dans la région ou de passage.
Dans le même temps, nous poursuivons nos partenariats dans l’Education Nationale : à Nice avec les classes à option danse du Lycée Apollinaire de Nice (en partenariat avec le Théâtre de Grasse et le Système Castafiore) et un projet de création avec le Lycée Beau-Site, et à Cannes avec le Collège Capron et le Lycée Hutinel en partenariat avec la Direction des affaires culturelles. Nous avons également le 11 décembre une journée de présentation et d’ateliers autour des métiers du spectacle vivant et du processus de création de "Léviathan" avec les étudiants du Pôle Danse du Conservatoire de Nice et ceux de L’ESDC Rosella Hightower.
En plus de tout cela, vous pouvez également voir "Les vertiges de l’immobilité", ma création pour le Ballet National de Marseille à Bruxelles du 9 au 11 décembre ainsi qu’à Marseille du 15 au 18 décembre.
Vous pouvez retrouver tous ces événements et plus d’information sur le site de la compagnie : www.compagniehumaine.com