Michel LOVERA
Après mes études aux Beaux-Arts, j’ai eu l’opportunité de suivre une formation qui me donnait le titre de formateur, je découvrais ainsi ce passionnant métier et comment transmettre un savoir, d’une manière à la fois attrayante et rigoureuse, l’essence de la pédagogie car la discipline est une des qualités essentielle d’un créateur.
On ne peut vraiment avoir envie de travailler que si on a une envie irrépressible d’accomplir quelque chose, c’est le désir qui est inhérent à la création.
La vie est une histoire de rencontres, et c’est ainsi que je fis la connaissance du peintre Patrick Boccarossa qui m’invita à exposer dans sa galerie à Vallauris. L’aventure commençait…Elle avait en fait commencé depuis l’enfance puisque j’ai toujours dessiné, c’est pour moi aussi vital que respirer.
Mais la pratique plastique n’est rien sans la culture, enfant je découvrais émerveillé la sculpture, la peinture, l’architecture.
Les œuvres que je pus admirer éveillèrent en moi une aspiration à quelque chose d’élevé.
C’est cette idée d’élévation que j’exprime dans les toiles (n° 13, 14, 15, 18), et de grandiose qui nous dépasse, et dont nous pouvons voir la manifestation dans la
nature qui nous entoure, “telle quelle devrait être et non telle quelle est’’, c’est ainsi qu’ Aristote définit la création dans sa “poétique“.
Ces toiles, les paysages, (n° 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18,) sont des décors ou le spectateur est libre de voyager à l’instar de Malevitch qui dans “ carré blanc sur fond blanc“ nous dit “ venez nager à mes côtés dans ce blanc infini “.
Le choix du format n’est pas le produit du hasard, il symbolise notre quotidien, les interdits, les obligations, notre société dans ce qu’elle a d’arbitraire et de coercitif.
Les couleurs vives, les contrastes sont l’expression d’une nature énergique, bouillonnante de vie.
Cette nature dont nous sommes issus et que nous avons tendance à négliger dans notre société surindustrialisée.
Les archétypes féminins :
Athéna : sortant ensanglantée du crâne de son père Jupiter,
Brunehilde : c’est une walkyrie, elle est reine d’Islande à été emprisonnée par Wotan (Odin) dans un enclos de flammes. Siegfried qui a vaincu Fafnir le dragon puis s’est baigné dans son sang, le rendant invincible (ou presque…) a pu traverser le rideau
de flammes et délivrer Brunehilde…
L’inéluctable : métaphore personnelle d’un événement auquel on ne peut se soustraire
Lilith : Le brouillon d’Eve, éternelle solitaire qui vient narguer les couples fidèles
et attire à elle les maris volages…
Psyché : L’âme insondable.
A propos des archétypes féminins quelques mots de François Cheng, académicien, que Jacques Lacan admirait :
« En peinture, on doit éviter le souci d’accomplir un travail trop appliqué et trop fini dans le dessin des formes et la notation des couleurs, comme de trop étaler sa technique, les privant ainsi de secret et d’aura.
C’est pourquoi il ne faut pas craindre l’inachevé mais bien plutôt le trop achevé, du moment que l’on sait qu’une chose est achevé, quel besoin y a-t-il de l’achever ?
Car l’achevé ne signifie pas forcément l’inaccompli. »
Dans les toiles abstraites j’ai cherché un équilibre chromatique, l’autonomie de la forme au détriment des aspects techniques et d’exécution de la peinture traditionnelle.
Une civilisation digne de ce nom ne se caractérise pas seulement par une économie florissante, mais aussi par la qualité, de ses penseurs, de ses artistes.
L’art avant goût d’absolu, n’est pas du sucre glace sur le gâteau d’une réalité socio-économique. L’art transcende l’être humain, lui donne cette dimension spirituelle sans laquelle la vie ne serait que la négation de notre existence. C’est une des rares occasion ou l’être humain se dépasse en exprimant ce qui est en lui.
Michel Lovera
Photo de Une : Sans titre