Daphne CORREGAN
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Daphne Corregan Overlaps
Daphne Corregan, céramiste - poète
Née le 27 décembre 1954 à Pittsburgh (Pennsylvanie, États-Unis), Daphne Corregan arrive dans le Sud de la France dès 1970. Elle se forme successivement à l’école des Beaux-arts de Toulon, de Marseille, puis d’Aix-en-Provence où elle intègre l’atelier de Jean Biagini, « atelier-forum » dans lequel sont invités de nombreux artistes, qui fut, à bien des égards, un modèle dans l’enseignement de l’art et qui reste l’un des ateliers marquants de l’après-guerre pour l’enseignement de la céramique en France.
Après un voyage d’étude aux États-Unis en 1978, Daphne Corregan installe son atelier dans le Sud de la France. Depuis 1989, elle enseigne le design d’objet et de céramique à l’école supérieure d’Arts plastiques de Monaco.
Daphne Corregan réalise des oeuvres à la plaque ou au colombin, enfumées, engobées de blanc, le décor en scraffito ou cuites en raku (technique d’émaillage développée dans le Japon du XVIe siècle). Son style allie une recherche de formes sculpturales, de présence forte des objets dans l’espace et un usage savant du décor. Elle explore des moyens et des matériaux de disciplines très diverses, s’affranchissant du seul lexique des céramistes. Sa démarche impliquerait d’ailleurs que l’on révise pour elle les habituelles catégorisations potier/céramiste et peintre/sculpteur.
« Ma démarche oscille entre céramique, art populaire, art décoratif, dessin, auxquels je porte un intérêt profond, et des préoccupations personnelles plus intimes : une réflexion autour de la représentation du corps et de sa symbolique, de l’homme et de son quotidien. L’observation du monde, sublime et effrayant, nourrit constamment mon travail. Je crois beaucoup au pouvoir de l’objet, l’émotion qu’il dégage et les conséquences sur notre vie. J’essaie de me rapprocher de cette intimité, ni trop parfaite, ni trop décorative, ni trop riche, tendant plutôt vers une présence, une impression de déjà-vu ou d’une familiarité ambiguë. »
Daphne Corregan extrait l’objet de sa fonction originelle, créant ainsi un vocabulaire tout personnel et nous proposant une lecture nouvelle de formes familières, hors de leur contexte utilitaire. Les vases sont percés, les perles surdimensionnées. Les têtes accolées deviennent autre chose que des têtes ; les vases communiquent. L’artiste observe, emprunte et régénère l’existant dans une synthèse toujours personnelle, le spectateur passant ainsi d’une reconnaissance d’un objet familier à un étonnement devant cet objet.
« Coeurs, trous, rayures, gâteaux, pichets, creusets, maisons, pieds, têtes ou robes font partie de ce vocabulaire du quotidien que je manie et remanie, développant mon propre langage. »
Ces dernières années, elle s’éloigne toutefois des références utilitaires et des formes usuelles. Ses oeuvres sont davantage orientées vers une figuration anthropomorphe, la terre se faisant peau, ou vers une recherche de forme architecturale ou poétique. Ses créations de « souffles » et de « nuages » sont à considérer dans cette perspective, tendant davantage vers une recherche poétique universelle que vers un remodelage, une réécriture d’objets culturels.
Daphne Corregan ne s’exprime pas seulement dans le volume mais également dans le dessin. Elle travaille d’ailleurs la toile et le papier parallèlement à la céramique. Le décor, loin d’être pensé de façon périphérique, se trouve toujours en position centrale dans son travail et s’invente en même temps que la forme se façonne. Elle peint des lignes géométriques, des formes colorées, des motifs baroques ou floraux, pouvant évoquer les créations de la dynastie Song, les motifs indiens ou même les marqueteries des meubles français classiques. Elle est une des rares céramistes à réellement revendiquer ce travail d’ornement, le motif revêtant chez elle une fonction de masque :
« Je me cache derrière le beau. Il rend les choses difficiles moins effrayantes. »
Photo de Une - ( Détail ) Daphne Corregan dans sonatelier © Gilles Suffren