Philippe Hurst : un homme à l’affiche !
Couleur Tango a œuvré pour tant de villes de Nice à Monaco via Biot et Beaulieu sur Mer, fait connaitre tant d’événements, du festival MANCA aux « Violons de légende » via « Ruskoff » porté haut les couleurs de tant d’institutions des Musées Nationaux à l’Orchestre Philarmonique de Monte-Carlo qu’il arrive que l’on se dise en découvrant une nouvelle affiche dans la rue « Tiens, elle n’est pas signée Philippe Hurst, celle-là ! »
Mais qui est-il celui qui renouvelle le métier d’affichiste et s’est fait un nom en faisant descendre la culture dans la rue ?
Graphisme d’auteur
Formé à la communication visuelle à l’École des Beaux-arts de Mulhouse et à la conception chez RSCG à Strasbourg, Philippe Hurst s’installe à Nice en 1989. Pour cet alsacien qui exerce un temps ses talents de Directeur artistique chez Havas Méditerranée puis chez « Cryptone », le graphisme d’auteur est une affaire si sérieuse qu’il ne faut pas la laisser aux autres. Ainsi 10 ans plus tard crée-t-il sa propre agence Couleur Tango : « Une teinte chaude évoquant la passion, l’énergie » sous le signe de la création infographique et du conseil en communication. Une complémentarité qui lui permet de « concevoir des identités visuelles durables et déclinables sur tous supports ». Un an suffit à ce stratège dévoreur de culture(s) pour convaincre les acteurs régionaux du monde de l’art (Musée des Merveilles, Musée Fernand Léger, Musée Marc Chagall) de lui confier leur image. Rares sont ses campagnes qui passent inaperçues : « Seul interlocuteur, j’évite la déperdition d’informations et privilégie l’écoute ».
Cette valeur ajoutée augmentée d’un travail « à façon » attire des entreprises exerçant dans des domaines variés, mais c’est dans le domaine culturel que Couleur Tango imposera sa griffe.
Dès le nouveau millénaire Philippe décroche aux Palmes de la communication plusieurs récompenses pour ses interventions en faveur des Ballets de Monte-Carlo (dont il signera même le carnet de voyage de leur tournée en Chine) et du Festival MANCA, une campagne qui lui vaudra aussi en 2004 le Trophée « Créaffiche ». Puis suivra une longue série qui verra chaque année notre affichiste monter sur le podium de « Fenêtre sur com ». En 2009 il réalise le Grand schlem en raflant aux Palmes de la communication trois prix dont deux palmes d’or tandis qu’aux « Affichades » de Toulouse « un concours national où sont présentes les grandes agences (soit près de 3500 campagnes) il remporte trois affiches d’or pour le Philarmonique de Monte Carlo, Violons de légende (Beaulieu) et « les Paris de la musique » organisé par la Ville de Paris.
Le 16 septembre 2010 il récidive et rafle deux prix à nouveau dont la palme de la com’ pour l’affiche de l’Orchestre Philharmonique Monte Carlo 2009 et le 3ème prix pour l’affiche des Manca 2009.
Photo, surréalisme et cinéma
D’ou vient ce succès qui fait de Philippe Hurst l’un des graphistes indépendants les plus cotés du marché azuréen et comment décrire le style Couleur Tango ? Philippe avoue un faible pour tout ce qui est décalé, « légèrement surréaliste ». Un point noir ganté et vengeur (Clin d’œil aux Black Panthers ?) brandissant une clarinette, un éléphant en périlleux équilibre sur le bout d’une trompette, des instruments qui poussent comme des fleurs…ses affiches séduisent, intriguent, interpellent. D’ailleurs son auteur n’aurait-il pas un faux air de Salvador Dali même si sa moustache n’est pas en guidon de vélo (il pilote une moto BMW vintage) ? Mais Philippe lui ne peint pas, ni ne dessine, même s’il est féru de l’œuvre de Roland Topor. Il préfère un médium plus actuel, « La photo qui inscrit l’image dans l’immédiat, s’ancre plus fortement dans la réalité et jette un trouble : comment est-ce possible ? C’est le médium idéal pour détourner le réel et capter le regard des passants ». Et quand il ne prend pas lui même les photos il fait appel à des « artistes » comme Gabriel Martinez qui captura la noire sauvageonne des MANCA 2010.
« Pour cette nouvelle édition je me suis inspiré des trois singes de la sagesse, ne rien dire, ne rien voir, ne rien entendre. Evidemment c’est un contrepied car le festival de musique contemporaine MANCA propose exactement le contraire aux auditeurs ». Mais si le résultat s’impose souvent, le chemin qui y mène n’est pas toujours simple. « Sur la trentaine de maquettes, trois ou quatre sont finalisées pour choisir le visuel définitif ». Parfois c’est l’annonceur qui n’ose pas ou ne veut plus changer de visuel tant il est satisfait de sa dernière campagne. Mais Philippe parvient toujours à imposer ses créations. Les plus audacieuses prennent juste un peu plus de temps comme les chaussures instruments pour le Philharmonique de Monaco en 2009 ou celle que vous ne pourrez découvrir qu’en 2011… « Quoi qu’il en soit la communication culturelle est valorisante. Mes interlocuteurs ont une réelle réflexion artistique, une exigence qui m’oblige à aller toujours plus loin et à convaincre à chaque fois ».
Ceux qui ont pu voir l’exposition Musigraphique “affiches musicales” de 1999 à 2010 présentée jusqu’au 16 septembre à La Chapelle Sancta Maria de Olivo (Beaulieu Sur Mer) ont pu se rendre compte à quel point Philippe ne s’est jamais endormi sur ses lauriers. « Chaque commande est un défi où imagination pure et contraintes publicitaires doivent s’équilibrer. Pour les MANCA ou d’autres événements musicaux, l’enjeu est de toucher au-delà de l’audience acquise. Il faut inciter un autre public potentiel à franchir le pas ! ». Un défi qui l’oblige souvent à briser les carcans et les idées préconçues. Ce qui n’est pas pour lui déplaire et rapproche son travail de celui d’un artiste plasticien. D’ailleurs Philippe a commencé l’an dernier pour son propre plaisir une série de sculptures baptisées non sans humour « Les arts derniers ».
Des masques réalisés avec des objets de récupération qui deviennent de fausses répliques de quelques-uns des masques tribaux africains qu’il collectionne. Une autre façon de jouer avec les codes de la communication communautaire, mais cette fois à sa source !