Jean-Claude Rossel, une conquête de la forme
Suite des haï-kaï dédiés à Jean-Claude Rossel
L’ombre lente passe
l’ombre gagne et l’ombre perd
fascination double
lumière ombre ombre lumière
janus double face et sphinx
Ombres découpées
vois sur le champ des lumières
l’homme ravivé
Il lui fallait l’ombre
cette ombre pour la lumière
cette ombre pour l’ombre
Tunnels de lumière
tubulures acier néon
la ville ciblée
Ah ! toute lumière
dans l’engrenage des luttes
ah ! toute ténèbre
L’aurore toujours
ce tourbillon de lumière
fête sur les murs
Ténèbres et lumière
aux confins de toutes choses
l’être-là du monde
Lumières clignotent
palmiers ombres découpées
sombre éclat la mer
Une vieille histoire
de l’obscur à la lumière
on y gagne on perd
Dans le catalogue de l’exposition de 1989, quelques notes de Jean-Claude Rossel venaient expliciter sa démarche, dont quelques phrases viennent rejoindre l’observation étrange de « ce qui est » qui traverse de fulgurances l’artiste, haï-kaïste ou peintre, fulgurances… fruit d’une longue méditation, et de la conscience d’avoir à travailler l’outil, mais… lâcher-prise à un moment, et irruption de « quelque chose » du monde… On entend cela, semble-t-il, chez Jean-Claude Rossel :
… maîtrise et ingénuité…
… ce qu’il faut, simulta¬nément, de maîtrise et d’ingénuité pour passer de la sensation à l’œuvre….
… face à la mer et au ciel je n’ai eu de cesse, en la géométrique ordonnance d’un minimum de formes et de couleurs…
… maîtriser ce qui m’échappe sans couleur ni forme…
… je traque des lumières au retrait d’ombre d’une sorte de moucharabieh, réminiscence d’une vieille passion pour l’Alhambra de Grenade…
… plus d’idée, pas même de dessein, les couleurs, seulement les couleurs, richesse enfin conquise de leur seule musique…
En voici la version « biographique » :
1940 : Originaire de Montbéliard.
« C’est face au paysage franc comtois que j’appris ce qu’il faut, simultanément, de maîtrise et d’ingénuité pour passer de la sensation à l’œuvre ».
1958-1965 : Etudes artistiques à Paris, Atelier Charpentier, Grande Chaumière, Beaux Arts 1960/65.
1967 : « Poursuivant, après le service militaire, des études de 64/ 65, je m’atta¬chai principalement à la figure humaine : rigoureuses compositions, le plus souvent de personnages féminins, en quelques raccourcis et aplats de tons sobres et unis ».
1970-1975 : Expositions, Galerie Volmar, Paris, Vence, La Colle sur Loup, Monaco.
Expositions collectives, Salon de l’Art Sacré et Salon de l’Art Libre, Paris, Vénaco, Roquebrune Cap Martin, Monaco, Cannes, Rome (Grand Prix de la Sonda de Rome).
1971 : Quitte Paris et s’installe à Roquebrune Cap Martin.
1972-75 : « J’aspire alors à me libérer du modèle. Face à la mer et au ciel Je n’ai eu de cesse, en la géométrique ordonnance d’un minimum de formes et de couleurs, de fouiller cet espace, d’y ouvrir un passage à ces lumi¬neuses opacités par où l’on rejoint, au plus profond de soi, ce que l’on fixe infiniment ailleurs ». Installation d’un atelier de gravure.
1976-84 : Expositions, I.A.V., Paris, Galerie 93, Besançon, Palais de l’Europe, Menton, Galerie 17, Nice, Maison des Arts et Loisirs, Sochaux Mont¬béliard.
Expositions collectives : Maison de la Culture, Grenoble, Menton, La Turbie. Velje (Danemark), Montreux (Suisse).
1978 : « Maîtriser ce qui m’échappe sans couleur ni forme, voilà mon problème ».
1979-80 : Début des monotypes. Il ouvre son atelier à des élèves.
1982 : Après la longue ascèse de sa période géométrique en bleu, noir et blanc, à travers le même « passage » il atteint à la libre et heureuse maîtrise des formes et des couleurs : « Avec toutes les couleurs de ma palette je traque des lumières au retrait d’ombre d’une sorte de moucharabieh, réminiscence d’une vieille passion pour l’Alhambra de Grenade ».
1983-84 : Il regroupe en un polycopié un choix de ses notes d’atelier.
« Enfin peintre : Plus d’idée. Pas même de dessein. Les couleurs, seulement les couleurs. Richesse enfin conquise de leur seule musique ».
1985 : Exposition Espace Delpha, Paris.
Expositions collectives : Galerie Alexandre de la Salle, Saint Paul de Vence, « Art Thème », Tourettes sur Loup.
1986 : Exposition Galerie A. de La Salle, Saint Paul de Vence.
Expositions collectives Menton, Baden Baden, Salon Comparaisons, Salon Grands et Jeunes d’Aujourd’hui, Salon des Réalités Nouvelles, Paris.
Evidemment la liste continue jusqu’à aujourd’hui, ce sera pour une autre fois
(A SUIVRE)