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Décès de Theo Tobiasse

Theo Tobiasse, est né en Israël en 1927. Sa famille qui venait de Lituanie espérait y trouver la terre promise.
L’œuvre de cet artiste est imprégnée de l’exil, de la femme mère-amante, et de réminiscences de l’enfance en Lituanie lorsque ses parents durent y retourner. La datcha dans la verdoyante campagne de Kaletova, les lumières des bateaux à roue pavoisés sur le Niémen, les traîneaux dans les rues enneigées de Kovno, mais aussi les théières rondes et les samovars ventrus, symboles de la chaleur familiale…
Après avoir traversé l’Allemagne, Berlin, Tobiasse arrive à Paris en 1931 où une gare triste et grise l’accueille au petit matin. S’ensuivent les années obscures de l’Occupation nazie où la famille restée cachée pendant deux ans, est malgré tout décimée. A la libération, Tobiasse ne rêve plus que de lumière, de soleil et de ciel immense.

Il s’installe à Nice, puis à Saint Paul de Vence où il fait la découverte fascinante du paysage lunaire du plateau de Saint-Barnabé, au col de Vence. Ce sera sa première toile. Le Rijksmuseum d’Amsterdam lui procure une seconde révélation : la Fiancée Juive de Rembrandt lui fait découvrir le mystère de la matière et de la couleur. Il comprend alors tous des glacis, des jus et des clairs-obscurs…

Les souvenirs remontent alors comme des lambeaux de mémoire et se déroulent au bout de ses pinceaux : la Femme « mère amante », l’exil, l’exultation des sens, le dessin, la couleur triturée, la musique, les voyages se mélangent en un magma poétique sur fond de Venise, New York et Jerusalem, ses villes de prédilection . Les mots, les phrases chargées d’émotion viennent toujours ponctuer son oeuvre, non pour l’expliquer mais pour la prolonger..

La peinture, la sculpture, la gravure au carborundum, le pastel, le dessin, la poterie, les vitraux sont ses outils à exprimer les émotions englouties.

Theo Tobiasse vivait toujours à Saint Paul de Vence.

Source : www.tobiasse.fr

Theo Tobiasse au Cannet

Théo Tobiasse a choisi pour thème "La vie est une fête" pour décorer la chapelle Saint-Sauveur, au Cannet

La Chapelle Saint-Sauveur marque l’entrée du quartier des Ardissons, au Cannet. La date de construction de cet ancien clocher reste inconnue : au milieu du XVIIème siècle, cette chapelle ne figure pas sur les visites Pastorales. Depuis 1989, sauvée d’une ruine probable, elle a été restaurée. Il restait à lui trouver une destination digne de son passé historique et compatible avec sa vocation spirituelle. Rendre vie à cet édifice et lui écrire une histoire a été la préoccupation principale de Théo Tobiasse qui a ouvert ce lieu à l’œcuménisme et a choisi pour thème : « La vie est une fête » pour illustrer ce renouveau tout en respectant le passé. Dans l’authenticité de son geste créateur, Théo Tobiasse raconte avec vivacité et poésie une histoire universelle, pensée pour redonner à ce lieu une atmosphère propice au recueillement. L’artiste traduit ici la vie, la fête en fusion, la nostalgie profonde, la spiritualité de l’âme. La couleur entremêlée structure cette composition monumentale. Elle se réfère aux tons chauds de la terre et au bleu infini du ciel. Le trait triomphal et anxieux établit et sculpte des lignes de force où le plein et la brisure s’accouplent. La calligraphie évoque l’univers de l’artiste. Elle est utilisée comme une image poétique, elle complète les formes et suscite les pensées. L’édifice se trouve magnifié par une mosaïque qui en souligne l’entrée.
L’attention se concentre sur le chœur qui rayonne à partir d’une colombe, symbole de la paix.

Un monde protégé

L’œuvre se lit de droite à gauche : le panneau de droite exprime la joie, le chœur est imprégné de spiritualité et le panneau de gauche traduit la nostalgie. L’emploi des couleurs allant du rouge orangé au bleu en passant par le blanc, définit les dimensions matérielles et temporelles et la quête de la spiritualité. Le centre du panneau de droite est marqué par deux mains monumentales qui symbolisent la méditation. Autour d’elles s’organise un monde protégé où la vie est racontée par la famille groupée, serrée et unie ;
une coupe, image de la destinée humaine, s’élevant en signe d’amitié et de partage ; la présence de femmes opulentes, aux corps généreux, avec une allégorie de la nature. Elle prend les traits d’une bergère qui veille sur une colombe blottie et sur un univers pastoral.
Un village protégé et rassurant se trouve sur le chemin de la famille. Un couple danse. La femme dans son étreinte s’élève, leur communion exprime et appelle une sorte de fusion dans un même mouvement esthétique, émotif, érotique, religieux ou mystique. Comme un retour à l’Etre Unique où l’harmonie du ciel et de la terre est trouvée. Un élément de transport, des instruments de musique, une végétation abondante, rappellent le monde imaginaire et fantastique de Tobiasse.
Le chœur, foyer d’une intensité dynamique, est le lieu de l’énergie la plus concentrée où les bleus sont saturés. Il rayonne de l’intérieur vers l’extérieur. Il contient les références du bonheur de vivre chères à Tobiasse : la colombe porteuse du rameau d’olivier et de la lumière est entourée de deux anges. En vol, elle porte le message de la paix et de la spiritualité en mouvement. Elle est placée au point de la plus grande intensité, sur une ligne de partage, au centre du chœur. Un homme à gauche et une femme à droite volent l’un vers l’autre et sont tournés vers le centre du chœur. Sous l’oiseau, les vagues représentent le déluge qui purifie et régénère. Un instrument de musique évoque des modulations, supposant une harmonie de l’âme et du corps. Les rayons se projettent et vont éclairer deux pôles spirituels : Jérusalem - à droite- et Saint-Paul de Vence - à gauche.

Vers la transcendance

Le centre du panneau de gauche, décalé, est un rayonnement de lumière. Il répond à la méditation du panneau opposé. La nostalgie est ici partout présente. Après le déploiement, c’est le repli, le départ et le retour sur soi. La colombe du chœur poursuit sa route et on la retrouve, petit « oiseau de lumière » dans les rayons projetés qui éclairent une famille en partance. Son parcours est poussiéreux comme le sable du désert. La roue d’un véhicule rappelle l’exil vécu par Tobiasse et se rapporte au monde en devenir, à la création continue et donc au périssable. Les personnages se dirigent vers une femme accueillante aux bras levés. Elle semble les guider vers une transcendance et les attire vers le haut. Dans une fenêtre au dessus de sa main, on reconnaît Bethsabée, épouse de David et mère de Salomon. On retrouve ensuite des personnages d’une fête qui se termine. L’étreinte d’un couple blotti qui finit sa danse. Une femme portant nonchalamment la lumière.
Théo Tobiasse ne pouvait pas trouver meilleur support que la chapelle Saint-Sauveur pour donner libre cours à sa créativité et travailler sur ses deux thèmes de prédilection : les femmes et la Bible…

Par Faustine Sappa (février 2010)

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