Chris Tiboise : L’ « Urban Design » à Drouot
Comment vous est venue l’idée d’une telle participation ?
Cela fait longtemps que je pense faire de l’humanitaire ! L’idée de vendre une de mes œuvres m’est venue en regardant un reportage à la télévision. Dans l’heure qui a suivie, j’étais chez Guillaume Aral (Directeur de la Galerie Ferrero et Marchand d’Art niçois ) pour lui exposer mon projet. On se connaissait depuis déjà deux ans (j’expose mes œuvres à la Galerie Ferrero) et on a discuté de la possibilité d’organiser des enchères à l’Hôtel Drouot (Paris). Suite à cela, Sacha Sosno et Jean-Antoine Hierro ont également accepté de mettre en vente une de leurs œuvres. Ce qu’on ne savait pas encore, c’est qu’il existait déjà un projet pour des enchères à Drouot qui devait se faire au profit des sinistrés d’Haïti ! La coïncidence a fait que cela se raccordait à notre projet. Donc, lorsque l’on a su que d’autres artistes s’étaient proposés pour cet événement, on les a rejoints. Mais c’est un projet qui, chez nous, s’était déjà mis en place quatre ou cinq semaines avant que cela se fasse à l’Hôtel Drouot. On était les premiers ! (sourire)
Pourquoi faire une vente caritative ?
Parce que c’est vraiment une chose terrible que ce séisme et nous, en tant qu’artiste, on a la possibilité d’apporter un peu d’aide financière…et même beaucoup si les enchères se passent bien ! Et puis la vente permettra notamment de reconstruire un orphelinat, ce qui est vital encore aujourd’hui pour les enfants haïtiens.
Quand l’enchère se déroulera t-elle ?
Du 14 au 15 Juin, durant « 24 heures d’enchères pour les enfants d’Haïti ». Plus de 2000 œuvres d’art seront mises en ventes, et nous serons de la partie. Les enchères seront menées par plusieurs commissaires-priseurs dont Marc Ottavi, expert et spécialiste de l’École de Nice. Il nous a d’ailleurs servi de relais, de la prise en charge des œuvres à Nice à leur réception à Paris.
Quelles œuvres avez-vous sélectionnées ?
Pour ma part j’ai choisi « Be the more black », une œuvre que j’ai réalisée en 2009. Elle est axée sur mon travail autour des « blessures », dans une continuité où l’on retrouve certains thèmes qui pourraient très bien s’apparenter à l’effroi du séisme. Sacha Sosno a choisi « On préfère le permanent au transitoire » (1987) et Jean-Antoine Hierro « École Primaire » (2009). Ces deux artistes connaissent bien Guillaume Aral, et nous nous sommes retrouvés autour de ce projet.
Pourquoi cette œuvre en particulier ?
« Be the more black » est une œuvre différente de mes travaux habituels. Normalement je soude, mais ici, je n’ai touché à rien. Il y a simplement le titre et les figures de chaque côté de l’œuvre, en blanc, rouge et noir. D’ailleurs ces silhouettes me font penser à l’art primitif, mais attention ! pas du tout dans un sens péjoratif. Ce serait plutôt quelque chose se rapprochant d’un art local. Ces figures que j’ai peintes (sans avoir conscience de quoi que ce soit, le séisme ne s’était pas encore produit !) m’ont tout de suite fait penser à cela, voilà tout. Je voulais évoquer l’esprit d’Haïti. Sur le haut du fût on peut voir inscrit « STREET ART INC ». C’est quelque chose de récurrent dans mon œuvre, ce lien au street art. Comme un orphelinat va être construit, cela évoque l’ambiance de rue qui se dégage de celles d’Haïti en ce moment : sombres, violentes...En participant à ces enchères, on peut peut-être y remédier, ou tout du moins apporter notre aide, et ça c’est le plus important.
Source Photo : http://www.urbangarbagedesign.com ©Chris Tiboise