Anne Vilsboll, son parcours, ses rencontres, son hommage pour Charles Trenet ...
Le parcours artistique
« Mes parents voulaient que je fasse des études, alors j’ai étudié le français et l’Histoire de l’Art à Copenhague et à Aix-en-Provence, puis j’ai fait des études d’art aux Etats-Unis.
Dès le début, j’ai toujours recherché un support autre que la traditionnelle toile, je voulais créer ma propre matière. Pour moi ce qui est important, ce n’est pas que le signe, mais sa base aussi. L’influence du support ou le signe et l’espace entre le signe et la surface : donc l’intervalle. Aux Etats-Unis, j’ai appris à faire le papier, puis j’ai voyagé pendant 20 ans, j’ai visité beaucoup de pays où j’ai observé beaucoup de cultures s’exprimer à travers cette matière. J’ai appris que l’on peut lire l’histoire d’un pays par l’étude du papier ou de la matière.
Depuis 14 ans, je suis rédactrice et présidente de l’association IAPMA (Association Internationale des artistes et du papier). J’écris des articles, prologues, livres sur le papier et sa matière et j’ai aussi enseigné dans les collèges d’art autour du sujet : le papier artisanal comme moyen d’expression artistique. Je recherchais comment exprimer l’âme du papier à travers mon propre travail.
J’aimerais réaliser des projets et mettre en scène les expositions, en exprimant l’âme des lieux et des personnages ».
Anne Vilsboll et l’Inde …
« Devenue conservatrice d’un Musée d’Art au Danemark, j’ai travaillé en Inde avec des artistes indiennes, qui travaillaient en miniature. Une expérience qui a été très différente et enrichissante. J’ai raconté des histoires sur l’eau et les artistes indiens les peignaient. J’ai trouvé cet échange tellement exceptionnel que j’ai décidé de revenir, d’acheter un hôtel et d’y créer une résidence d’artistes. Depuis 12 ans, je navigue donc entre l’Inde, le Danemark et la France. Mes voyages m’ont beaucoup appris, surtout que les mentalités ne sont pas les mêmes partout.
Depuis 5 ans, l’Inde progresse énormément, artistiquement parlant.
Quand j’étais à Delhi en 2000, on ne pouvait pas trouver une galerie, aujourd’hui on en trouve facilement, comme à New-York. Mais tous les endroits se ressemblent de plus en plus, c’est ça qui est dommage…
Je me dis que par le passé j’ai quand même réussi à voir quelque chose d’un peu original. Tout change mais tout devient ennuyeux, comme si tout était perturbé. Je compare le monde à une toupie… Tout s’uniformise… »
Georgia O’Keeffe : Une rencontre qui a changé sa vie
« J’ai connu cette femme par un article que j’avais lu chez ma tante.
J’ai lu le livre de cette peintre, qui était mariée avec le photographe Alfred Stieglitz. A la mort de son amour, elle a voulu partir vivre définitivement dans les montagnes du Nouveau-Mexique. Elle aimait être seule, c’était quelqu’un de très fort. Je me reconnaissais beaucoup en elle, à 31 ans, c’était comme une vision de moi-même. Du coup, j’ai ressenti le besoin de voir cette femme avant qu’elle ne meurt.
Je suis allée au Nouveau-Mexique, j’ai pris mon courage à deux mains, j’ai loué une voiture, j’ai conduit pendant 1 mois pour la chercher…
Un jour je suis montée sur sa montagne, je suis arrivée dans un très petit village, c’est ici qu’elle vivait… Je suis sortie de ma voiture, des chiens aboyaient, un jeune garçon est venu me voir, me disant qu’elle ne voulait voir personne, qu’elle était trop âgée, et lorsqu’il est parti j’ai eu les larmes aux yeux…
Je suis restée là-bas 2 mois de plus, j’ai rencontré des gens qui travaillaient pour elle, alors j’ai finalement écrit une carte postale, qu’elle a lu, et suite à ça, elle a enfin voulu me rencontrer.
On a parlé des amis, des voyages, en écoutant Bach, nous avons partagé une papaye. J’étais la femme la plus heureuse du monde. Ça a totalement changé ma vie. Je m’étais dit que si je ne réussissais pas à la rencontrer, j’arrêterai ma carrière d’artiste…
J’ai appris que lorsqu’on veut vraiment quelque chose, on l’obtient ! »
L’hommage au fou chantant !
« C’est un ami qui m’a fait connaître Charles Trenet. C’est devenu comme une évidence, je ne pouvais pas laisser passer ça, il fallait que je travaille sur cet artiste !
Je suis danoise, alors j’ai dû beaucoup me concentrer, lire et écouter les paroles de ses chansons. C’était assez dur pour moi de comprendre ses jeux de mots. Mais j’ai réussi à lire entre ce qu’il dit et la manière dont il le dit. Car c’est ça qu’il fallait savoir faire avec ce poète, il fallait lire entre les lignes…
C’était un homme qui vivait le moment présent. Il prenait du plaisir à tout. Ses chansons sont humaines et réfléchies, mais la manière dont il combine les mots est fantastique. J’aime la joie qu’il réussit à donner aux gens.
Alors j’ai traduit des chansons à lui en peinture, comme je le ressentais … J’ai peint ce que chaque texte m’inspirait… »
Et si Anne ne devait choisir qu’une chanson de Charles Trenet …
« Sans hésiter… Y a de la joie ! Parce que quand je l’écoute tout va bien ! »
Un prochain hommage à Jean Cocteau … ?
« C’est vrai que je me retrouve beaucoup aussi en ce poète, j’ai vraiment l’impression qu’il a la même âme que Charles Trenet. Alors oui, je suis très inspirée. Mais pour l’instant, ce n’est qu’un projet … »