Stéphane Cipre : Collection Haute Soudure
Evénements liés à l'artiste
Cipre et ses amis font leur cinéma
« Adolescent je n’aurais jamais imaginé être artiste, j’ai embrassé sur le tard la carrière ! »
confie Stéphane Cipre qui, à 40 ans, vient de faire la une du New York Times avec une chaise qui a servi d’affiche à la foire Art & Design Fair et dont les œuvres présentes dans les musées privés et à la Fondation Daurel à Barcelone sont exposées à Paris, Monaco, Genève, New York.
Et s’il a décroché à Nice, l’an dernier le prix de l’UMAM*, cette reconnaissance le place pourtant toujours en marge de la famille de l’art contemporain : « Je ne suis pas formaté, je viens du commerce, je marche plutôt bien, bref cela ne plaît pas trop aux institutions ». Mais ça c’est une histoire qui ne date pas d’hier…
Du stylisme à la sculpture
Tout commence dans la boutique de fourreur que sa famille ouvrit dans les années 70 à Nice Rue Georges Clemenceau. Après une formation de modéliste styliste il y travaillera, dessinera même des modèles pour Chacock ou Yves Saint Laurent ! Reprendre l’entreprise familiale ? Ce n’est pas vraiment inscrit à son menu. Surtout que sa mère, il s’en souvient, qui avait une petite collection d’œuvres, d’art fréquentait assidûment la Galerie Ferrero. « C’est quand j’ai eu mon CAP et que j’ai commencé à travailler de mes mains que je suis entré dans mon univers : la matière ». Alors, sans vraiment savoir pourquoi, une force étrange le pousse à suivre des cours à l’Ecole des Beaux Arts de la Villa Thiole. A la suite d’un choc émotionnel il façonne des petits objets avec du carton puis des chandeliers qui se vendent bien sur les marchés. En commençant à vivre de son travail, il se penche sur son processus créatif, c’est l’engrenage. Sa rencontre avec des artistes confirmés, comme Roland Coquerille qui a suivi lui un cursus classique et qui s’intéresse aux réactions de la peinture et des pigments au travers la toile, lui ouvre la voie : « Tout en m’imprégnant de sa culture, je commençais à cerner la différence profonde qui existait entre l’artisanat et l’art ». Une révélation pour celui dont le père est Président des Meilleurs Ouvriers de France PACA, et qui a baigné dans « le culte du travail bien fait ».
Mais une autre porte vient s’ouvrir pour Stéphane Cipre : la sculpture !
Des mots en lettres de feux
La pièce « Calligraphie » déclenche tout, elle repose aujourd’hui dans une villa de « Super Cannes ». Dès ses premiers travaux, Cipre s’est attaqué à l’écriture. Une sorte de revanche pour celui qui a quitté l’école à la 4ème et avoue avoir été un cancre : « L’orthographe c’était mon talon d’Achille je m’en suis servi pour me rééquilibrer. Et ça a plutôt fonctionné, aujourd’hui l’Académie de Poitiers a présenté mon travail à un sujet Bac Arts appliqués ! ». Puisant dans le langage, il isole les mots, les mêlent intimement à la forme, à la matière. Un moyen d’échapper au diktat scolaire ? En tout cas une façon pertinente de détourner le sens familier, de lui trouver une autre aire de jeu : « J’ai été amené à me demander si dans notre écriture occidentale il n’y aurait pas moyen de retrouver également une certaine représentation des objets qu’elle signifie. Et contrairement à l’abstraction plus j’intègre un maximum d’informations concrètes dans mon œuvre plus les gens y voient leur propre imaginaire ! ». Puis, toujours avec les noms qu’on leur donne, il représente les animaux - Dog, Fish, Autruche – prend à partie le mobilier : « Les chaises volumes dont les lettres servent à accueillir les corps sont en graphite pour rappeler la matière de la mine de crayon ». Avec le transat « RELAX » il résume son propre parcours.
Les lettres articulent le support, la fourrure habille le siège : « le travail de l’acier et de la couture sont très similaires. Mais au lieu d’avoir une machine à coudre j’ai un poste à souder ». Cipre déshabille le monde pour mieux l’habiller de métal et lui redonner un autre signifiant ? L ’artiste poussera plus loin, il rajoutera aux mots des photos et ces sculptures deviendront des trompe-l’œil où l’on découvre à travers le rythme de la découpe des lettres, les visages de Gandhi, d’Elvis ou du Che. Mais où est Dieu dans tout ça ? La sculpture installation « Look for God », sous-titrée « God not found » y répond en 2007 comme une erreur sur un serveur de recherche web.
Et si le monde n’avait pas dit son dernier mot ?
En s’attelant au projet « Cipre & Co » qui sera représenté en juin à la Galerie Ferrero transformée en entrepôt, puis au nouvel espace culturel de Cap d’Ail et partira cet automne à la foire « Art Basel » de Miami, le sculpteur franchit une nouvelle étape. Il explore cette fois les limites de l’industrialisation, la surconsommation, la mondialisation. Tout un rituel qu’il met en scène à sa façon, entre gravité et légèreté. Le Mot « ART » ou l’estampille « MADE IN CHINA » (sur laquelle est étiquetée en plus petit « Fabrication Nissarda ») sont sanglés et transportés sur des palettes, comme du vulgaire fret. Des containers côtoient des rayonnages où sont stockés des objets lettres ; GOD, SEX, DEATH : « Tout ce qui est immatériel mais qui se vend aujourd’hui ».
Après avoir sondé le passé, Cipre se tournerait-il vers le futur ? Les choses ne sont pas si simples quand on sait que l’artiste est né en 1968 en même temps que le Pop Art et le Ready Made !
* Biennale de l’Union Méditerranéenne pour l’Art créée en 1946 par Pierre Bonnard, Henri Matisse et le docteur Thomas,
Exposition Cipre&Co à la Galerie FERRERO à Nice du 19 juin au 31 juillet 2008 : http://cipre.fr
Voir les photos de Stéphane Cipre réalisées par le photographe Guillaume Barclay : www.barclay-photo.com
L’actualité de Stéphane Cipre : vente privée de 2 de ses oeuvres d’art sur www.vitrinesparisiennes.fr !!