Le Muséeav explore l’autre côté du miroir
Dès aujourd’hui et jusqu’au 30 Aout, le Muséeav et l’association Playtime s’unissent pour mettre en lumière le travail d’une petite dizaine d’artistes. Neuf artistes pour une thématique « De l’autre côté du miroir » en référence à la célèbre Alice du pays des Merveilles de Lewis Carroll . Une invitation au voyage chromatique, à travers vidéo, sonore, sculpture, bricolage et peinture. Neuf personnalités, neuf projets, neuf dimensions artistiques, pour plonger au pays de l’insouciance. Suivez le lapin blanc…
Ils sont peintres, plasticiens, bricoleurs, bidouilleurs, allumés, habités… Mais ils sont surtout brillants ! Une poignée de regards croisés pour une ballade initiatique au pays de l’enfance. Un point de vue sur le monde, ou plus exactement « l’autre monde », à la fois, plus ludique, plus poétique, plus rassurant mais aussi plus dramatique et plus grave.
Playtime Project késaco ?
Menée par Julie Mège et Hélène Girault entre autres, cette association a pour ambition « de diffuser et promouvoir toutes formes d’expressions artistiques et culturelles », dixit les intéressées. Du concert de musique actuelle à l’exposition tout terrain, Playtime explore tous les domaines. Le peché mignon des membres de l’association ? Dégoter des endroits à la fois modernes et hors du commun pour exposer et ‘déposer’ l’Art dans tous les recoins.
Qui es-tu artiste ?
– Atomart
L’artiste joue avec la vidéo, la peinture, l’installation et au final, l’observateur se retrouve observé. Ce qui est montré du doigt ici : l’émergence de la vidéo dans notre quotidien. Une surveillance, un œil braqué sur nous, qui influe qu’on le veuille ou non sur les comportements. L’artiste redéfini avec son installation ce rapport à l’image, à l’instar d’une certaine Alice ( de Lewis Carroll) : nous traversons sans arrêt des écrans, cousins germains du miroir qu’Alice franchit dans son pays des Merveilles.
– Gaelle Darchy
Gaëlle Darchy transforme, déforme et sublime des scènes de notre quotidien. Trois tableaux, trois attitudes qui nous sont familières, trois scènes « anodines ». Et pourtant, ici encore, se cache derrière la normalité et la tranquillité, l’intime. Ce que l’on ignore : les émotions, que ce soit l’absence, la solitude, la mélancolie ou même le bonheur… Un travail en profondeur qui une fois encore nous fait basculer de « l’autre côté du miroir ».
– Roxane Daumas
Telle une araignée, l’artiste a tissé sa toile au Muséeav pour cette exposition. Une installation qui a pour but de nous faire réfléchir sur les rapports, qu’ils soient identitaires, géographiques ou intimes. Des fils, des photographies suspendues dans les airs, un labyrinthe à faire rougir Lewis Carroll ! Une façon de symboliser les réseaux tentaculaires qui ne cessent de se multiplier à l’heure actuelle. Le monde est réseau… Roxane Daumas joue avec les négatifs, le noir et blanc, les contrastes, les couleurs pour mêler réalité et fiction et faire de nous, visiteur-spectateur, un voyeur.
– Fondation de l’Ordre Surveritiste
Les surveritistes sont bien difficiles à définir. Pour comprendre, mieux vaut en référer à leur œuvre.
Ici les FOS ont travaillé sur une machine à remonter le temps, un bricolage qui relève plus de l’approximation que de la machine à proprement parler. Et pour cause, ici l’œuvre suscite chez ceux qui la croisent, à la fois mélancolie et rire : un concept « déceptif ». C’est dans ce mot que réside toute la dimension du travail artistique de ce mouvement : une déception, entre mise en œuvre et échec de la démarche. Certes la machine ne vous fera pas bouger d’un poil mais elle vous fera voyager quand même, il suffit simplement de faire travailler son imagination d’enfant…
– Freddish Papritz
Un artiste présenté par la galerie J&T Montes de Paris. A la fois peintre et sculpteur, Freddish Papritz joue avec les rêves et les fantasmes, frôle la science-fiction et frise avec l’érotisme. Ses œuvres sont une véritable invitation au voyage. Un voyage spécial s’il en est puisque celui s’effectue entre conscient et inconscient. Ouvrez votre esprit et laissez vous transportez par ses peintures flashy de « Women’s fashion » et portez par ses « Robots de métal » à taille humaine, qui imposent tout à la fois respect et frissons. Quittons l’enfance pour passer à la troisième dimension, à moins que ce ne soit le contraire.
– Pep Karsten
L’artiste a choisi de baser son travail essentiellement sur la vidéo. Sur la toile, s’enchaine donc cinq images d’une jeune femme. Tout est très clair, sobre, fluide, limpide, blanc et… dérangeant. Par cette série, Pep Karsten symbolise la naissance d’un être étrange, le montre ainsi à la fois vulnérable et menaçant. Cette jeune fille sur l’écran renvoie toujours à Alice, cette petite fille qui évolue et « grandit » en explorant le monde parallèle qu’elle a choisi. Dans son travail, l’artiste crée des univers imaginaires, à la fois pures et dramatiques. Une œuvre à la fois bouleversante, intrigante et qui dépayse.
– Maxime Leclair
Maxime Leclair a choisi de donner un nom « qui parle » au visiteur. Son œuvre : l’homme-arbre. Sur le mur, face à un miroir, un homme taille réelle… Et vert ! Dans son reflet, il se voit tel qu’il pense être : « normal », mais en s’approchant on s’aperçoit que de face cet « homme » a plus de liens de parenté avec un diablotin qu’avec un être humain. L’homme-arbre en regardant dans ce miroir voit donc quelqu’un qu’il ne reconnaît pas. Amnésie ou volonté ? L’artiste défend son projet de « construction en construction, voire de construction de mémoire en reconstructions ».
– Kevan Lemire
Une installation au sol : vieux transistors empilés par dizaines, antennes déployées dans tous les sens. Cette œuvre a une fois encore un côté fascinant et angoissant, tel un monstre de l’information, du « contact ». Le but de Kevan Lemire ? Nous faire passer de l’autre côté du miroir de l’information : « dans le temps de la démocratie d’opinion, où la politique a tendance à se prendre pour un média » selon l’artiste. L’auditeur est le fin témoin d’une actualité, de toutes les actualités et le visiteur est ici un pion dans ces ondes radiophoniques… Ondes qui règnent et régissent notre quotidien.
– Justina Ptak
Et la dernière mais non des moindres… Justina Ptak et son installation sans titre. Face à nous, deux photographies géantes, d’un côté une enfant, de l’autre une adulte. Entre elles, une flaque d’eau et une sorte de couloir que les visiteurs franchiront. Un passage de l’enfance vers le monde des grandes personnes ? Une porte entre réalité et fiction ? Une fois de plus les interprétations sont subjectives, donnant libre court aux vagabondages de l’esprit. Les images se reflètent au sol dans l’eau que nous traversons. Des reflets qui semblent s’interroger : qui suis-je ? Qui j’étais ? Qui je serai ? Et si la vérité était de l’autre côté du miroir ?
Et cerise sur le gâteau lors du vernissage : la performance « Checkmate ». Avec échiquier interactif sur fond de penderies remplies des dernières créations de la collection 2009 des « Royal Garçonnes ».
En bref, l’art était dans tous ses états hier soir au Muséeav. Et comme ça continue jusqu’à la fin de l’été (30 Août), on court faire un détour par cette usine d’art moderne pour une promenade entre réalité et fiction.
Aurélie Mignone, EDJ