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L’Espace de l’Art Concret, plus qu’un musée, un lieu de création ultra dynamique

Madame Fabienne Fulchéri, Directrice de l’Espace de l’Art Concret, nous a accordé une interview sur la riche année 2013 du Centre d’Art

John CORNU, Phénix, 2012, Niele TORONI, Empreintes de pinceau n°50 répétées à intervalles de 30 cm, 1975 ; John CORNU, Urbicande III, 2012
Courtesy des artistes, pour l’oeuvre de Niele Toroni, Dépôt du Centre national des arts plastiques, Espace de l’Art Concret, Donation Albers-Honegger © Isabelle Giovacchini

L’exposition "Filiations" est composée d’œuvres de la Donation Albers-Honegger, un des 2 collectionneurs à l’origine de la création du musée…

L’idée est de faire revivre la collection Albers-Honegger, qui couvre le XXe siècle et débute avec l’Art Concret dans les années 30, en faisant un lien avec la création contemporaine et notamment la galerie du Château de Mouans-Sartoux.
Nous sommes un Centre d’Art, c’est-à-dire plus qu’un musée, car nous créons des liens avec la création contemporaine. J’ai demandé à des artistes de choisir des œuvres qui signifient pour eux la descendance de l’art concret de nos jours. Chacun a choisi une ou plusieurs œuvres. Ce qui est intéressant à observer est que certains ont choisi la même œuvre ! Par exemple, l’œuvre de Joseph Kosuth, artiste conceptuel qui travaille sur le langage et le texte (écriture en néon), a été choisie par Adam Vackar (jeune artiste tchèque) et John Cornu. Nous avons donc présenté ces 3 œuvres dans la même pièce pour favoriser un dialogue à la fois intergénérationnel et entre artistes de la même époque.

Filiations, dans quel sens ?

Nous voulions mettre en avant l’idée de descendance : filiation de courant artistique, entre artistes, entre œuvres. C’est également une notion d’actualité avec les débats autour du mariage homosexuel, l’adoption, la filiation biologique ou non biologique. Je voulais également relever l’idée d’héritage : nous avons parfois des liens très forts avec le passé, tout en nous détachant. En effet, les artistes reprennent certains éléments du passé, se les réapproprient, voire les rejettent. C’est la même chose dans les filiations.

Adam VACKAR, Re-reading capital, 2012 ; Joseph KOSUTH, C.S. n°17, These are the facts of the case, 1989
Pour l’oeuvre d’Adam Vackar, Courtesy Gandy Gallery, Bratislava ; pour l’oeuvre de Joseph Kosuth, Dépôt du Centre national des arts plastiques, Espace de l’Art Concret, Donation Albers-Honegger © Isabelle Giovacchini

Yves Klein et Claude Parent : Quel couple ! Que nous préparez-vous ?

C’est la première fois qu’une exposition met en relation ces deux artistes, dont l’un travaille sur les arts plastiques et l’autre sur l’architecture. Yves Klein travaillant beaucoup sur l’immatérialité, il a travaillé avec Claude Parent sur certains projets, comme les Fontaines de Varsovie.
A la mort d’Yves Klein, sa mère et sa veuve ont demandé à Claude Parent de construire un mémorial pour l’artiste décédé. Le projet devait être réalisé à Saint-Paul de Vence, mais ça n’a jamais abouti. Notre exposition pourrait relancer ce projet avorté…

Claude Parent, Fragment 2 / La percée K horizon, 1964/2012
Collection Claude Parent © crédit photo : eac – estelle épinette

Samedi 26 janvier à 16h, une visite personnalisée est prévue. Que ferez-vous visiter ?

A chaque nouvelle exposition, nous organisons une visite plus détaillée. C’est moi qui la ferai le 26 janvier et ce sera une visite autour de l’exposition « Filiations ».

Samedi 19 janvier à 14h : « In situ Kowalski », 1993, film de Gisèle et Luc Meichler. Faites-nous saliver…

Comme la visite du 26 janvier, cela fait partie des « Rendez-vous Concrets ». C’est ici un rendez-vous vidéo dont il s’agit, lors duquel on essaie régulièrement de faire découvrir des films pour faire connaissance plus en détails avec la démarche de l’artiste : soit sur sa vie, soit sur son travail. Kowalski est présent dans la Collection permanente. C’est une façon de le faire découvrir autrement.

Capture d’écran du film « In situ Kowalski », 1993, film de Gisèle et Luc Meichler
© DR

Quelles sont les expositions qui vous tiennent particulièrement à cœur pour 2013 ?

J’avais très envie de mettre l’accent sur l’architecture avec notamment l’exposition « Yves Klein/Claude Parent », puis avec l’exposition « Rêve d’architecture » qui démarre le 11 mai. Pour cette dernière exposition, j’invite une dizaine de plasticiens qui vont emprunter différents codes d’architecture (plans, modélisation) et vont parfois être à la limite de la sculpture et de l’architecture (utilisation du béton, de la brique).
On a l’impression de voir le travail d’un architecte qui se développe, sauf que ce sont des artistes qui vont puiser dans le rêve, le fantasme de l’architecture ! Il n’est pas question de construire des habitats, mais plutôt des œuvres. Nous obtenons finalement un véritable écho entre un véritable architecte, comme Claude Parent, et des architectes fantasmés.

Vous avez eu récemment une réunion à la Villa Noailles. Quel en est le mystère ?

Les 6 directeurs de Centre d’Art de la région (Espace de l’Art Concret, Villa Arson, Villa Noailles, CAIRN, CIRVA, 3bisF) se rencontrent pour échanger sur leurs projets, environ tous les 2 mois.
Nous travaillons beaucoup sur un projet de DCA (Développement des Centres d’Art). Il s’agit d’une association qui réunit tous les Directeurs de Centres d’Art de la France pour établir des projets transversaux. Ce projet s’appelle « Un coup de dés », d’après un texte de Mallarmé « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard ». Chaque Centre d’Art a choisi un texte, une vidéo, un philosophe,… lié à l’une de leurs expositions pour fêter l’anniversaire des 10 ans de la décentralisation.
J’ai choisi 1 écrivain : Emmanuelle PAGANO, qui a écrit un texte fiction, à partir d’une collection de certaines œuvres du Centre d’Art. Mi-février, son texte sera mis en ligne sur le site de DCA (http://www.dca-art.com/ et sur notre site (http://www.espacedelartconcret.fr/). Toute l’année, une fois par semaine, un Centre d’Art sera mis à l’honneur.

"Après des études en esthétique du cinéma (thèse “le cinéma cicatriciel”) et une agrégation en arts plastiques, Emmanuelle Pagano publie son premier livre, Pour être chez moi, en 2002, sous le pseudonyme d’Emma Schaak, puis Pas devant les gens, en 2005, sous son vrai nom. Mais c’est cependant en 2005 qu’elle est révélée avec Le Tiroir à cheveux. Auteur chez P.O.L, EmmanuellePagano a été invitée par le centre culturel des Cèdres, en partenariat avec L’Espace de l’Art Concret (Mouans-Sartoux, 06 ) pour une résidence d’écrivain de 3 mois, au cours de laquelle, elle a pu réaliser différents ateliers d’écriture, ainsi qu’une lecture d’un texte écrit à partir des œuvres de la donation Albers-Honegger."

Expo « Filiations » jusqu’au 21 avril 2013
Les Rendez-vous Concrets :
 Samedi 26 janvier 2013 à 16h : visite personnalisée par Fabienne Fulchéri, Directrice de l’Espace de l’Art Concret et Commissaire de l’exposition « Filiations ». Sans réservation.
 Samedi 19 janvier 2013 à 14h : « In situ Kowalski », 1993, film de Gisèle et Luc Meichler. Sans réservation et gratuit
Expo « Yves Klein/Claude Parent » du 31 mars au 20 août 2013
http://www.espacedelartconcret.fr/
http://www.dca-art.com/

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