| Retour

Fin de cet événement Janvier 2023 - Date du 6 janvier 2023 au 13 janvier 2023

TNN - Les Fourberies de Scapin, mise en scène Muriel Mayette-Holtz

En pénétrant dans la salle, le spectateur voit, sur l’espace scénique, un énergumène affalé dans un fauteuil déglingué, une pompe à essence et une 2 CV cabossée. Véritable élément de l’action et de cet audacieux décor (signé Rudy Saboungui), la voiture ne quittera pas la scène.

Arrive un autre zigoto en tenue de sport, tandis que Scapin, une houppette verte au-dessus de ses cheveux, sort de la vieille guimbarde tout en se brossant les dents, Nous semblons loin de l’univers de Molière, même si le texte est scrupuleusement respecté !
Pas de costumes d’époque, mais une réalité zonarde d’aujourd’hui. Loin des contraintes des comédies ballets codifiées par l’époque, Molière avait déjà pris, en 1671, quelques libertés pour imaginer « Les Fourberies de Scapin ». Dans sa mise en scène, Muriel Mayette-Holtz, directrice du TNN, s’est offert, à son tour, une grande liberté - et beaucoup d’imagination - en accentuant l’intemporalité de la pièce. Le texte n’est changé en rien et les fourberies farfelues d’hier pourraient tout autant être celles d’aujourd’hui.

Toutes les audaces sont prises  : elles pourraient sembler irrespectueuses, mais elles sont astucieuses. De toute façon, on est dans la farce et les inventions manipulatrices de Scapin sont oeuvre d’une fantaisie débridée. Nous sommes loin de toute réalité quand il s’agit de Turcs qui ont capturé sur une galère le fils de Géronte (même si l’action se passe alors dans le port de Naples) que ce soit au 17e siècle ou aujourd’hui. Le comique reste le même et nous rions toujours autant de la répétition de « Mais qu’allait-il faire dans cette galère ?  », devenue une expression banalisée.
Amoureux de jeunes filles qui n’ont pas l’agrément de leurs pères, Octave et Léandre font appel à l’aide du valet Scapin, un manipulateur astucieux. Dans un milieu très populaire et zonard, les fils ne sont pas aidés financièrement par leurs pères, même si ceux-ci ont pu amasser une pelote d’argent. Pas question de toucher les économies péniblement constituées pour les aider à se marier avec des filles qui se baladent en shorts si courts.

A l’époque, Molière a écrit « Les Fourberies de Scapin » non pas pour la Cour, mais pour le peuple, pour les « gens de peu ». Et, dès lors, qu’importe si tout est outrancier et grotesque pour montrer les fourberies ou comment jouer au plus malin, loin des « bonnes manières ». La manipulation a toujours existé. Et tous les ressorts comiques sont de la partie.
Evidemment il y aura quelques coups de théâtre qui feront que tout se termine bien dans « le meilleur des mondes ».

Dans ce spectacle jubilatoire, tous les comédiens sont formidables, mais la Palme revient à Jonathan Gensburger dans le rôle de sa vie : Scapin. Epoustouflant, vraiment époustouflant, il nous donne un personnage des plus burlesques en ajoutant de multiples mimiques loufoques, sans cependant dépasser la limite.
Les dialogues fusent, vont à toute allure et sont dits avec vivacité par tous les comédiens.
Bravo à Eve Pereur (alias Zerbinette) pour son magnifique et interminable éclat de rire et bravo à Félicien Juttner qui assume totalement – et comiquement - le personnage ingrat de Géronte. Tous sont épatants et le public, ravi de rire autant, les applaudit à tout rompre !
Caroline Boudet-Lefort

Représentations à venir
MAR 10 janvier 20H
MER 11 janvier 20H
JEU 12 janvier 20H
VEN 13 janvier 20H
La Cuisine salle près du Nikaia

Artiste(s)