- Théorie des prodiges- Photo Karl Biscuit
La programmation est fort éclectique afin de correspondre à tous les goûts. De plus, la politique tarifaire manifeste d’un désir d’élargissement du public pour inciter les plus récalcitrants à prendre l’habitude de fréquenter le théâtre.
Exprimant encore davantage ce désir de renouvellement des spectateurs, plusieurs spectacles seront axés sur l’improvisation avec la participation active du public, comme cela se pratique dans de nombreux pays (Québec, Belgique, ....), alors que la France reste réticente. Pourtant l’humour est au rendez-vous avec « Slow » et « Déplacés » deux soirées sous la houlette de Matthieu Loos, un Canadien globe-trotter autodidacte.
En ces jours de marasme économique tristounet, outre quelques pièces de théâtre soigneusement choisies, la sélection insiste sur des spectacles de danse, de cirque et d’arts visuels, où l’humour et la comédie ont une place privilégiée. Ainsi, la Compagnie du Sixièmétage présente un nouveau spectacle « Toute petite déjà... » dont l’originalité est garantie. Cette jeune compagnie niçoise trouve toujours de nouvelles idées insolites qui laissent le public éberlué... et ravi ! Dans « Théorie des prodiges », la Compagnie Système Castafiore va jouer avec le merveilleux pour nous faire rêver grâce à des recettes toujours inventives. La Compagnie Arcosm propose une nouvelle création « Sublime » où corps et musique dialoguent dans une performance effrénée.
Avec leurs têtes en papier mâché, les « Têtes Raides » donneront un concert acoustique - le seul dans les Alpes-Maritimes – pour réjouir petits et grands. C’est au son de Vivaldi et de Ravel que les « Rois vagabonds » feront leurs irrésistibles clowneries et leurs folles acrobaties. Armstrong Jazz Dance Company offrira toute l’exaltation du modern jazz qu’elle défend avec conviction en conservant le rythme et l’inventivité des années 50. « Scarlett », d’Arthur Perole, raconte le rapport qui se crée entre l’artiste et sa muse. « Pierre et le loup » de Prokofiev sera repris en version Jazz avec les 18 musiciens du The Amazing Keystone Big Band. Pour nous faire voir la vie en rose, Richard Galliano revient avec un répertoire d’Edith Piaf pour lequel son accordéon sera accompagné de la guitare de Sylvain Luc. Du Hip Hop avec le « Oxmo Puccino Trio » où le rappeur surdoué sera soutenu par un violoncelle et une guitare.
Il y a plus de 10 ans Carolyn Carlson présentait « Writings on water » au TDG. Elle revient avec « Dialogue with Rothko » inspiré d’une toile du maître américain « Black, Red over Black on Red » lui procurant une profonde émotion que la chorégraphe traduit en gestes poétiques.
Un habitué du TDG, Fellag propose « Bled Runner » sur son Algérie d’origine où il rit de tout et nous aussi. Dans « 1 heure 23’ 14¨et 7 centièmes », Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre s’agitent dans un dialogue improbable autour du sport et du corps en mouvement. Ancienne danseuse, Nawell Madani passera au crible toutes ses galères durant près de deux heures avec son humour féroce et ... belge. Pour petits et grands de tous âges, « (En)quête de notre enfance » par le collectif « I am a bird » et la Compagnie d’ « A côté » propose une installation pour mettre en éveil nos cinq sens.
La beauté énigmatique de Carole Bouquet fera couple avec Gérard Desarthe, interprète et metteur en scène de « Dispersion », une courte pièce intimiste de Harold Pinter dans laquelle le poids du passé et les horreurs de la guerre hantent la mémoire. « L’histoire du radeau de la Méduse » raconte les étapes franchies par Géricault lors de la création de son célèbre tableau d’un naufrage qui pourrait bien être associé à d’autres dans l’actualité d’aujourd’hui. Une performance de Sergi Lopez dans une fable loufoque, « 30/40 Livingstone », qui sera mise en scène avec Jorge Pico. Après l’avoir écrite ensemble, tous deux sur scène s’annoncent époustouflants de drôlerie.
- Le fourberies de Scapin - Photo Alain Fonteray
Monté par l’inventive Compagnie des Géotrupes, « Les Fourberies de Scapin » un classique qu’il est bon de voir ou revoir puisque Molière a toujours pris le rire au sérieux.
« Le Porteur d’histoire », écrit et mis en scène par Alexis Michalik, questionne l’origine et l’identité de ses comédiens et ainsi de chacun d’entre nous. Mis en scène par Joëlle Cattino, « Les Filles aux mains jaunes », de Michel Bellier, réunit une brochette de poignantes comédiennes pour évoquer le rôle des femmes durant la Grande Guerre. Succès théâtral avec trois nominations aux Molière, « Le Système » raconte l’invention du billet de banque, avec Lorànt Deutsch et Dominique Pinon parmi les principaux interprètes. Après le succès du film de Polanski, l’adaptation théâtrale du célèbre livre de Sacher-Masoch, « La Vénus à la fourrure » verra s’affronter Nicolas Briançon et Marie Gillain dans un duel verbal insolent où chacun domine la partie à tour de rôle. « Face au mur » est la pièce centrale d’une trilogie écrite par Martin Crimp sur les tensions et la violence dans le monde en crise actuel.
Un menu copieux pour nos yeux et nos oreilles a donc été concocté à Grasse. Nous ne pouvons que nous en réjouir !