La mise en scène de l’une des dernières que Shakespeare a écrite, par Irina Brook est une pierre de plus jetée dans l’océan des innombrables interprétations qui en ont été faites. Ricochant avec celle de son père Peter il y a de ça 27 ans.
Ceux qui ont eu la chance d’assister aux deux avoueront que des deux approches de celle du père, et de celle de la fille, la deuxième est la plus aguicheuse.
Si un vent de fraîcheur souffle sur les deux, on peut comparer celui de cette nouvelle version à une brise printanière. L’esprit primesautier d’Irina, « son inventivité, et sa joie contagieuse », étant autant de symptômes d’une âme bienveillante, charmante et presque naïve.
Irina et les comédiens de la troupe des Eclaireurs espérant rajeunir le texte lui ont fait un lifting un peu sévère au point où on est soulagé à entendre les quelques vers authentiques qu’ils y ont laissé.
Autre infidélité, Irina aime la gastronomie à ce point qu’elle a transposé l’aristocratie Napolitaine de ce XVIIe en une aristocratie de cuisine du XXIe siècle qui proclame ses préférences bio en faisant valser tomates et poireaux avec effet décoratif : et Renato Guliani alias Prospero n’est autre qu’un chef de restaurant, et le fouet son sceptre. Audaces et procédés comiques qui soulèvent quelques rires.
Dans l’ensemble on ne peut pas nier qu’on ne passe pas un excellent moment. Ce qui appartient à Shakespeare : instants de poésie, (presque de philosophie), pauses musicales et accélérations, jolis tableaux composés avec peu de moyens, zeste brutalité, scènes burlesques et magie, lui est rendu. Avec en bonus un petit air fellinien pas désagréable.
Annick Chevalier
Les Nuits de la Villa
Amphithéâtre Barbary,
Musique, toutes les musiques, chanson, poésie, comédie, cirque jusqu’au 25 août.
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Tempête sera présentée du 7 au 25 juillet (jours impairs) au théâtre des Carmes en Avignon, relâche le 19 juillet.
Les Eclaireurs sont des jeunes comédiens choisis par Irina Brook, chargés d’aller vers d’autres publics, en d’autres lieux.