Pour son père, c’était le Bac et ensuite des études pour être médecin ou avocat. « Donc je suis allée à la Fac de Droit, mais pas longtemps ! Aucun doute, j’avais une préférence pour le Conservatoire, même s’il fallait travailler dur pour y arriver », dit-elle.
Elle ne s’épargne aucun effort et se trouve reçue au concours de la « grande école de Paris ».
La voilà donc « Parisienne et comédienne », mais ce ne peut être qu’avec une farandole de déceptions qu’elle se plaît à narrer.
Tout y est grâce à sa vitalité réjouissante et à son autodérision. « Raconter des histoires est mon sport préféré ! » avoue-t-elle sans esbroufe. Ce n’est pas pour en mettre plein la vue qu’elle adopte la forme la plus sincère, en exaltant la vie. Elle partage volontiers ses bonheurs de même que ses inquiétudes, sur Nice en particulier où elle redoute, à son retour, de ne plus se sentir bienvenue. Et elle cite le proverbe : « Un pessimiste, c’est un optimiste bien informé ! »
Elle prend la scène avec rien, mais l’habite totalement et donne vie à une succession d’histoires invraisemblables et de personnages qu’elle incarne avec désinvolture et fougue.
Certains moments sont particulièrement savoureux, ainsi quand elle imite avec impertinence ses différents professeurs du Conservatoire parisien. Dans son irrésistible monologue, elle passa avec fluidité de personnage en personnage. Avec son regard ironique et tranchant, elle décape nos certitudes et utilise les codes du seule-en-scène pour interroger notre addiction aux histoires. Celles qu’on se raconte à soi-même ou aux autres.
Son texte est incisif et drôle, nourri d’une ironie bienveillante fondée sur le regard qu’elle porte sur son entourage et sur elle-même. Malgré son acharnement à devenir comédienne et à accéder à la « Grande Ecole », elle ne donne jamais l’impression de se prendre au sérieux, ne s’épargnant pourtant aucun effort. Avec ses souvenirs, elle tisse un patchwork délicatement doux amer, d’une densité bien équilibrée entre joies et doutes, entre rires et déceptions, avec une sincérité émouvante qui séduit le public.
La réussite de ce spectacle tient à l’humour du texte, bien sûr, mais aussi à l’interprétation et au talent décoiffant de cette jolie Niçoise, auteure et performeuse. Hilarante et bluffante !
Caroline Boudet-Lefort
À retrouver au théâtre Anthea
Salle Pierre Vaneck
jeudi 16 mai 2019 | 20h30
vendredi 17 mai 2019 | 21h00
