L’actrice, égérie de Maurice Pialat incarne avec force et conviction les 40 ans de la vie d’une immigrée algérienne qui après avoir connu la vie de banlieue parisienne devient comédienne.
Plus dure sera la chute puisque après avoir été applaudie dans de nombreux théâtres nationaux, le succès lui tourne le dos et elle en est réduite à devenir femme de ménage. Fragile et menue dans sa petite robe écossaise de Cendrillon, Sandrine Bonnaire raconte la vie de la romancière âgée de 44 ans. Elle revoit les moments de grâce où les applaudissements crépitaient, où elle saluait le public qui l’encensait. Elle se souvient avec émotion et tristesse de sa vie de banlieusarde avec ses parents. Un quotidien dont elle s’était momentanément échappé pour vivre dans la lumière des projecteurs puis retomber dans l’oubli et l’anonymat. Lui revient en mémoire le métier de son père O.S, ouvrier spécialisé, un qualificatif qui lui faisait entrevoir pour lui une profession privilégiée mais force est de constater « OS…Les Trente glorieuses, symbole du système productif ».
Comme à l’écran, Sandrine Bonnaire habite son personnage avec sobriété, modestie.
Sa présence et sa gestuelle occupent l’espace, tantôt gaie, exaltée, elle devient triste et résignée, lucide mais en gardant pourtant toujours au fond des yeux cette énergie qui la caractérise et on se souvient de ses prestations au cinéma, brillantissime chez Agnès Varda comme chez Pialat.