La saison commence en beauté puisque c’est la très belle Golshifteh Farahani qui ouvre le bal dans son interprétation d’« Anna Karénine » de Tolstoï, adapté et mis en scène par Gaëtan Vassart.
En parallèle (dans la salle Michel Simon), Irina Brook a monté « Point d’interrogation », une oeuvre coup de poing de Stefano Massini qui pose des questions pertinentes sur le monde de demain. De Stefano Massini également « Je crois en un seul Dieu » où Rachida Brakni interprétera trois femmes aux destins contradictoires au cours d’un attentat terroriste. Du même auteur, décidément très apprécié au TNN, reprise de « Terre noire », déjà programmé l’an dernier, avec Hippolyte Girardot et Romane Bohringer. Celle-ci interprète aussi « Les événements » de David Gray qui tente de comprendre les actes terroristes et elle reprend « Lampedusa Beach », toujours de brûlante actualité. De la même dramaturge italienne, Lina Prosa, « Eclats d’ombre » sur une figure emblématique de femme engagée, Pinar Selek, exilée turque.
Plusieurs immenses comédiens - Charles Berling, Gad Elmaleh, Lambert Wilson, Jacques Weber...- se succéderont tout au long de l’année pour interpréter « Lapin blanc, lapin rouge » où l’Iranien Nassim Soleimanpour a choisi la dérision pour raconter sa perte de liberté de voyager.
Avec « L’envol des cigognes » et « Le dernier jour du jeune », Simon Abkarian présente les deux derniers volets de sa trilogie sur les femmes, incarnées, entre autres, par Ariane Ascaride et Judith Magre. Yasmina Reza a écrit et mis en scène « Bella figura », l’histoire de la faillite d’un couple qu’interprètent magistralement Emmanuelle Devos et Louis-Do de Lencquesang. Ayant volontiers recours au conte afin d’évoquer la société actuelle, Maelle Poesy, la jeune metteuse en scène qui monte, a choisi « Candide » de Voltaire pour parler d’une innocence décalée dans son rapport au réel.
Entouré de sa troupe de comédiens-musiciens-chanteurs, Jean Bellorini a créé « Karamazov », grande fresque lyrique d’après le roman de Dostoïevski, le colosse de la littérature russe. Dans un conte métaphysique, Renato Giuliani s’identifie à « Dante » pour une traversée de l’enfer vers le paradis. Autre habitué de la scène du TNN, Hovnatan Avédikian reprend « Esperanza » un drame engagé, mais drôle, sur des migrants embarquant à Lampedusa.
Pour un miracle de sagesse et de poésie, Peter Brook bouleverse avec son ultime création « Battlefield » d’après le Mahabahrata, épopée millénaire indienne adaptée par Jean-Claude Carrière.
Mêlant rêve et réalité, Irina Brook a métamorphosé le TNN en lieu de vie et de pensée en créant des passerelles avec les acteurs culturels locaux.
Par la Compagnie des Arts Légers, « Bulle, une odyssée », une création de Thierry Vincent sur le rapport des hommes à la nature. Adapté très librement par Félicien Chauveau pour le Collectif La Machine, « Don QuiXote, l’invincible » réunit Cervantès et Tex Avery, dans une mini-odyssée en compagnie d’hurluberlus irrésistibles. Dans « Don Juan ... et les clowns », la Compagnie Miranda imagine la rencontre inattendue entre le personnage mythique et la commedia dell’arte. Mis en scène par Pierre Blain , « Eat Parade » sur les produits culinaires traditionnels pour nous mettre en appétit et nous entraîner vers « Sacré, sucré, salé » où Stéphanie Schwartzbrod célèbre les religions à travers leurs diverses cuisines. Avec le sujet fort et dérangeant de l’eugénisme sous l’Allemagne nazie, Antonio Vigano met en scène « Les empreintes de l’âme » : un bouleversant moment de théâtre.
Dans une Amérique kitch, « Clytemnestr@pocalypse » où David Turkel se revendique - avec liberté et féroce humour noir - d’Euripide et d’Eschyle. Préparons-nous à rire aux larmes avec « Fugue », mis en scène de Samuel Achache, une mémorable exploration à la fois polaire et intérieure. Dans l’esprit d’une BD humoristique sur notre rapport à l’argent, qu’on soit avare ou prodigue, « Mon fric » de David Lescot. Le huis clos poétique d’un couple rêveur dans « La Soucoupe et le perroquet », écrit, mis en scène et interprété par Paul Pascot. Seule en scène, Noëlle Ginefri déclame un monologue émouvant sur la quête du père dans « Les murs murmurent ». A la fois théâtre, musique et danse, « Le voyage de Miriam Frisch » par Linda Blanchet sur l’arrivée dans un kibboutz d’une jeune fille allemande.
Encore de la musique avec un hommage à Duke Ellington par le Conservatoire National de Nice.
Dans « Elisse totale » les musiciens déjantés du quatuor Leonis s’en donnent à coeur joie. L’inoubliable « Hair », la dynamique comédie musicale de l’après-68, revient dans un concert théâtralisé.
La danse flirte avec le cirque dans « Pinocchio », d’après Carlo Collodi, un spectacle enchanté et enchanteur concocté par Thomas Bellorini. Hervé Koubi présente dans « Les Nuits barbares » une création autour de la culture méditerranéenne. Sur une musique électrisante, Eric Oberdorff crée « Monde imagination », une chorégraphie située dans l’univers carcéral.