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« Oublie-moi » (Marie-Julie Baup et Thierry Lopez) : vive émotion pour la dernière à Anthéa

Quatre Molières, certes ! Fort mérités puisqu’ils récompensent les deux interprètes – excellents ! -, la mise en scène – épatante ! – et le « meilleur spectacle du théâtre privé » ! Cependant l’interminable « standing ovation » à la fin nous a quelque peu surpris ! C’était sans doute parce qu’après 3 ans de représentations entre Paris, province, Belgique, Suisse,… ce soir-là (le samedi 8 juin), à Anthéa, c’était la dernière représentation de cette pièce, ce qui provoquait une grande émotion, particulièrement pour les deux comédiens en l’annonçant au public.

Il s’agit donc d’un couple ! Tous deux se rencontrent dans une boîte de nuit où lui, maladroit, l’arrose elle de vin. Rien de grave et ils ne se quittent plus dans un joli décor où tout est rouge !
Au bout de quelque temps, devant aller acheter du lait et du pain, il est incapable de s’en souvenir. « C’est là que tout a commencé… » : c’est le premier indice de la maladie d’Alzheimer qui va se développer à toute allure. Elle l’accompagne amoureusement dans cette tragédie, entre visites médicales, affrontements, réconciliations, mais parfois elle est à bout et envoie tout valser : ça s’envenime dans des éclats et des insultes.

Adapté, mis en scène et interprété par Marie-Julie Baup et Thierry Lopez

« Oublie-moi » est interprété par Marie-Julie Baup et Thierry Lopez qui ont adapté eux-mêmes l’œuvre «  In the other words » de Matthew Seager. Ensuite, ils l’ont mise en scène de façon ingénieuse et très moderne.
Et même si le tragique du propos nous serre le cœur, la mise à distance, grâce à la permanence de l’humour, nous permet de nous réjouir de cette pièce qui aurait pu tourner au mélodrame.

Si le drame est là, la mise en scène et le jeu des deux comédiens donnent toujours une dimension tendre et même comique.

Le public peut rire malgré le cœur serré de chacun. Avec sa maladie, lui n’arrive plus à parler normalement, la démence se développe… Absent déconnecté, il redevient un enfant aux cris insupportables. Et elle l’aide, armée de tout son amour. Mais avec des moments de découragement.
Nombreuses sont les trouvailles de mise en scène que ce soit cette ouverture en rectangle allongé sur le mur qui permet de jouer avec l’espace. Ou bien, chacun qui parle dans un micro à droite ou à gauche du plateau.

Beaucoup d’émotion dans le public

S’il y a des rires, il y a aussi des larmes que les deux comédiens provoquent par leurs jeux subtilement dosés. Leur complicité est totale et on espère d’autres spectacles grâce à leur association. Anthéa sera certainement toujours prêt à les accueillir ! Bravo encore bravo !

Caroline Boudet-Lefort

Visuel de Une ©Anthéa

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