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On a aimé : "Jean Moulin, évangile" de Jean-Marie Besset à Anthéa

Le théâtre Anthéa a proposé le 13 octobre "Jean Moulin, évangile" de Jean-Marie Besset, deux heures de réprésentation passionnantes pour voir un Jean Moulin enflammé, obstiné, même si parfois il doute, il ne lâche rien, fidèle à ses idées face à toutes formes d’oppression.

En Juin 1940, tandis que l’armée allemande envahit la France, poussant la population à fuir vers le sud, le jeune préfet Jean Moulin reste en poste et décide de résister. La cohérence de sa pensée lui dicte sa ligne de conduite : il sait que la libération du pays ne pourra venir que du Général De Gaulle et des Français de Londres, il ira les rencontrer.

Pour signifier que la scène se passe à Londres, le plateau est envahi d’une fumée suggérant le « fog ».

Dans cette pièce historique d’une période assez récente, l’auteur imagine la rencontre entre De Gaulle et Jean Moulin dont personne ne sait rien.

Le Général et Jean Moulin sont totalement différents, l’un à droite, l’autre à gauche, l’un conservateur, l’autre engagé à gauche, mais les deux ont un même amour pour la France les unissant dans un idéal commun. De Gaulle a vite compris que Moulin était l’homme indispensable pour le représenter en zone libre et sauver l’honneur de leur pays. L’action du résistant prend alors tout son relief.

En s’attachant à l’engagement viscéral et sans concession de ce résistant, Jean-Marie Besset déroule sa vie en quatre actes, quatre étapes essentielles : « 1940, Invasion », « 1941, Résistance », « 1942, Organisation » et « 1943, Passion » .

Il en fait ainsi un héros christique et montre sa lutte au service de la Résistance de la France et sa défense de valeurs humanistes. Ce célèbre martyr de l’armée des ombres a fait un patient travail d’unificateur des différents réseaux clandestins.
Très documentée et d’une force incroyable, la pièce exprime ses raisons profondes de son engagement et le présente aussi dans sa vie intime, particulièrement dans la relation avec sa soeur Laure qui le voyait en homme que rien ne prédisposait à un tel destin. Alors qu’il restera un homme écrasé par sa légende.

Plus de deux heures passionnantes pour voir un Jean Moulin enflammé, obstiné, même si parfois il doute, il ne lâche rien, fidèle à ses idées face à toutes formes d’oppression.

L’auteur ne cherche pas à dénouer l’imbroglio de l’arrestation de ce héros de la Résistance, le plus important et le plus emblématique, même s’il en montre certaines circonstances et quelques agents, dont Klaus Barbie, chef de la Gestapo, qui l’exécute sans être parvenu à le briser.
Tout est sombre. La salle est sombre, la scène est sombre, le texte est sombre. La suspicion s’infiltre de tous côtés et on entend les cris de ceux qui hurlent sous la torture dans les locaux des SS. Vraiment une page sombre de notre Histoire., puisque que les Nazis veulent « faire de la France une colonie allemande ».

D’excellents comédiens s’approprient parfaitement leurs personnages, héros ou tortionnaires. Mention particulière à Stéphane Dausse qui interprète le Général De Gaulle. Il en a, non seulement la stature, mais aussi les gestes et retrouve juste ce qu’il faut d’intonations dans la voix pour évoquer le personnage que chacun connaît, sans pour autant le singer par une imitation.
Caroline Boudet-Lefort

Photo de Une et de l’article DR et courtesy ©2018 anthéa

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