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Le mécénat n’est pas un vain mot pour le Théâtre de Grasse !

Nous avons eu la chance de rencontrer le Directeur du Théâtre de Grasse, Jean Florès, qui nous éclaire sur son « Club des Mécènes », ses projets de mécénat et sa programmation, toujours aussi hétéroclite…

Comment arrivez-vous à amener des mécènes à financer des actions du Théâtre de Grasse (TDG) ? Comment leur présentez-vous les choses ?

Cela a démarré y a 5 ans à partir d’un important mécénat avec Suez. Nous avons donc commencé très haut !
Nous avons bien sûr aussi d’autres mécènes, avec parfois un niveau financier moins important, avec lesquels nous menons un travail proactif, des actions concrètes.
Notre travail consiste à prendre en considération le monde de l’entreprise et de l’amener vers le monde de la culture, alors qu’a priori, tout oppose ces deux mondes. Nous cherchons une relation gagnant gagnant et ne formatons pas le projet volontairement. Ce dernier est le résultat d’échanges que nous mettons en place, entre l’entreprise et le théâtre. A chaque fois, nous inventons une solution adaptée à la fois au monde de l’entreprise et à la contrepartie concrète organisée par le théâtre.
Nous prenons en considération la réalité économique d’une entreprise à l’instant T, nous recherchons si l’entreprise a déjà investi auparavant dans d’autres secteurs d’activité comme le sport.
Et à la fin, le contenu de chaque partenariat est différent. A titre d’exemple, un partenariat avec Fragonard sera différent d’un partenariat avec Suez, mais de notre part, ce sera toujours un vrai engagement. C’est également un apprentissage pour nous de communiquer avec des entreprises, car nous n’avons pas forcément le même langage.
Très concrètement, nous travaillons au sein d’un pôle spécial mécénat, au sein du TDG, qui travaille toute l’année et c’est moi qui, la plupart du temps, vais voir les Directeurs Généraux pour les convaincre.

Les partenaires du Théâtre de Grasse © Théâtre de Grasse

Vous avez un partenariat bien établi avec Suez Environnement. Pourriez-vous nous décrire le projet de théâtre d’improvisation (« Babel Impro Méditerranée ») auquel cette entreprise mécène participe ?

Suez a été notre premier partenaire. Nous en sommes déjà au troisième projet avec eux (chaque projet a une durée de deux ans).
Le projet « Babel Impro Méditerranée » a démarré en septembre 2014. Pour l’année 2016, un certain nombre d’événements de théâtre d’improvisation seront ouverts au grand public et d’autres événements chez l’entreprise Suez. Pour ce qui est de la programmation grand public, il y aura des stages, des spectacles professionnels de théâtre d’improvisation en juin 2016. Nous allons également mettre à disposition le TDG pour des regroupements de compagnies de théâtre d’amateurs. Enfin, un « week-end de théâtre d’improvisation » sera organisé en octobre 2016 et sera dédié en grande partie au théâtre d’amateur des Alpes-Maritimes.

Vous participez au projet « WELL BEING » (La performance par le bien-être au travail), pourriez-vous nous en dire plus ?

Le TDG participe à ce beau projet en coproduisant, avec les neuf entreprises partenaires (Skema Executive, Allianz, La Poste, Hôpital Arnaud Tzanck Mougins, Amadeus, ATOS, ETOP, IBM, Robertet, Ignilife), une pièce de théâtre sur le thème du « well being », c’est-à-dire la performance par le bien-être au travail.
Pour la création de cette pièce de théâtre, Matthieu Loos, de la compagnie lyonnaise professionnelle d’improvisation « Combats Absurdes », va se rendre dans ces entreprises partenaires pour s’imprégner de la question du bien-être au travail et va s’inspirer de ce qu’il va observer pour faire la trame du spectacle ! Les entreprises concernées seront donc à la fois « acteurs » et financeurs du projet…
Le spectacle, qui aura lieu en juin 2016, accueillera les entreprises coproductrices et le grand public.

Votre programmation est hétéroclite : entre danse, théâtre, cirque, humour. Quelle a été votre ligne de conduite cette année pour décider de votre programmation ?

Ma stratégie se développe en deux points : rajeunir le public du TDG avec une stratégie marketing de ciblage et développer le concept du « Grasse Comedy club », qui nous permet de mettre en avant neuf spectacles de la saison, qui sont de la comédie, de l’humour et de l’improvisation.
Nous visons un public ciblé plus jeune, avec des spectacles d’une grande qualité artistique, qui peuvent tout à fait intégrer la programmation globale. Le théâtre d’improvisation s’inscrit d’ailleurs très bien dans cette stratégie.
Dans cette programmation tout-à-fait hétéroclite, comme tous les ans, nous recherchons, peut-être plus encore cette année, plus de légèreté, un nouveau souffle.

Spectacle Bled Runner, de et avec Fellag, les 23 et 24 mars 2016 © Denis Rouvre

Quels sont vos projets pour la rentrée de septembre 2016 ?

L’un de nos projets est de constituer un réseau de salles moyennes et petites dans les Alpes-Maritimes. Certaines salles sont déjà ouvertes, d’autres sont en cours de création. Ce réseau pourrait regrouper la salle de la Roquette sur Siagne (300 places), la salle de Saint-Vallier-de-Thiey (350 places), la salle du Rouret qui va s’ouvrir (200 à 300 places), la salle à Mougins qui vient d’être inaugurée (600 places), la salle de Vallauris (Espace Grandjean, qui va se relancer) et la bien établie salle Juliette Greco de Carros.
L’idée de ce réseau, dont le TDG ferait partie, serait notamment de mutualiser les budgets, en coproduisant des spectacles, ou bien encore de réaliser des économies d’échelle dans l’organisation des tournées de compagnies de Lyon ou de Paris, qu’on ferait venir dans plusieurs théâtres de ce réseau.

Photo de Une : Franc succès pour le spectacle « La troupe du Jamel Comedy Club », le 21 novembre dernier © DR

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