Sans en avoir la moindre connaissance antérieure, ce comédien interprète une pièce écrite par un jeune auteur iranien, Nassim Soleimanpour*. Coincé dans son pays, mais voulant communiquer avec le reste du monde, il a utilisé sa plume comme arme pour écrire ce spectacle qui fait un tabac dans tous les pays où il est présenté.
À Nice, Charles Berling est le premier acteur à s’être lancé dans l’aventure.
Plutôt inquiet de ce qui l’attendait, mais confiant, il a donc fait la découverte de la pièce au fur et à mesure qu’il la lisait au public, tentant, grâce à ses mimiques et à quelques apartés, d’en faire un spectacle à part entière. Ce fut une réussite !
Ce texte, bizarrement intitulé « Lapin blanc, lapin rouge », a comblé le public très intrigué, mais rapidement écroulé de rire ! Chacun a vite compris toute l’ironie qui se dissimulait dans cette histoire incongrue d’un lapin rouge face à des lapins blancs et à une carotte. Tout est métaphore dans cette histoire qui, sans avoir l’air d’y toucher, fait souffler un vent d’incompréhension, d’isolement, d’injustice....
Parfois les intentions de l’auteur sont explicites, directes. Il se décrit : sa taille, la couleur de ses yeux, de son teint.... Il cherche à communiquer, à partager ce moment avec nous, à élargir son horizon. « Je ne sais rien de vous qui regardez le spectacle, mais je sens la liberté, l’air de Paris, de New York ou de Tokyo.... » « Je » c’est l’auteur et la performance c’est l’acteur, qui en fait davantage que du théâtre.
Pas de décor, seulement une table avec deux verres qui auront leur importance.
Sans répétition ni mise en scène, Charles Berling s’est aisément approprié le texte et la situation l’obligeant à imiter aussi bien un guépard, qu’une autruche ou un corbeau, et même un lapin « qui s’enfuit en bondissant comme un lapin ». Il s’est adapté et, capable de jongler avec les mots, il s’est tiré avec humour de toute situation incongrue. Même en suivant scrupuleusement le texte, ses expressions et ses intonations en disaient long. Il n’y a pas de frontière entre la scène et la salle qui d’ailleurs reste éclairée tout au long du spectacle. Nous sommes loin d’un théâtre codifié.
Très interactive, la pièce invite certains spectateurs à monter sur scène pour rejoindre le comédien dans cette « improvisation » à laquelle il faut mettre des guillemets, car tout est indiqué par l’auteur, avec des instructions à suivre à la lettre.
Charles Berling clame les numéros de places désignées comme un commissaire-priseur lors d’enchères. L’acteur s’autorise à ironiser avec bienveillance sur les indications scéniques données pour les « spectateurs comédiens » montés sur le plateau.
Maintenant nous attendons les « volontaires » prêts à affronter cette expérience exaltante : François Cluzet le 10 décembre, Jacques Weber le 11 février, Lambert Wilson le 14 mars ...
Chacun s’appropriera le texte selon sa personnalité et son talent pour mettre le public dans sa poche et en faire un absolu et fascinant moment de théâtre !