?Ce qui aurait pu être une difficulté a donné un petit coup de fouet pour la contourner.
Ce sera sans douleur pour le public. Le directeur Jean Flores a bâti sa programmation dans un contexte inhabituel, elle en porte forcément la trace, demeurant ferme dans sa position stratégique qui consiste à dispenser les valeurs de l’amour, du civisme de la solidarité, de la fraternité, du vivre ensemble et les rapports entre le sacré et le profane, par le moyen de l’humour, bien sûr !
Une programmation foisonnante, culottée, où se télescopent le théâtre, la danse, la musique dans ses formes les plus variées, les grands auteurs classiques, le cirque, des œuvres hybrides où tout se mélange, des productions étrangères, des contes de fées, des vedettes populaires, ou des génies de la génération montante.
Une addition de magie, d’émotions et de rires mélangés d’une larme où deux. En fait rien ne change sauf les lieux, il faudra s’y habituer les spectacles ne se déroulent presque jamais lieu au même endroit !
D’abord des nouveautés, les spectacles offerts !
Un spectacle d’été et un début de saison gratuit : Scaramuccia de Avaristo Gherardi par la troupe de Carlo Boso, c’est la commedia dell’arte dans sa délicieuse extravagance les 10, 11 et 12 août, à Andon, à Saint-Auban et à Saint-Vallier de Thiey.
La saison reprendra à partir d’octobre avec Les Trois Mousquetaires. Le roman a été adapté par Matthieu Béguelin et « mis en rue » par Manu Moser. Il s’agit d’une randonnée théâtre au cœur de Grasse. Avec la troupe de cirque les Farfadais, ils composent une fable aérienne au château de Mouans-Sartoux le 8 octobre.
Les grands classiques souvent réinventés
Richard III de William Shakespeare est présenté dans une version circassienne et Carmina Burana dans une version dansée par Claude Brumachon (quand même !). Mais aussi un grandiose concert de Noël donné par Café Zimmermann, la sublime Messe de Minuit de Marc Antoine Charpentier, puis une version ébouriffée de La cantatrice Chauve, un petit bijou Le Portrait de Dorian Gray par Thomas le Douarec, une Carmen revisitée par un théâtre d’objets. Le retour en fin de saison de Carolyn Carlson. John et Joe d’Agota Kristof en théâtre de bar.
Des noms qui s’éclairent sous les feux de la rampe ou qui brillent depuis un certain temps
Samia Orosemane l’impertinente s’adresse aux djihadistes. Foudil Kaibou sait faire rire de tout et fait surtout réfléchir. Catherine Arditi dans une pièce écrite et mise en scène de Fabio Marra sur la situation du handicap. Eric Emmanuel-Schmitt sur scène en personne interprète son personnage dans « Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran ». Kery James et Yannik Landrein manifestent tout ce en quoi on veut croire. Le retour de l’enfant chéri Fabrice Murgia, le jeune génie du théâtre, Mourad Merzouki revient à chaque fois pour nous épater avec sa troupe de danseurs virtuoses. Christophe Alévêque qu’on n’ose pas présenter et qui fait le tour de la dette en 80 minutes.
De la musique, de l’impro, du cirque, de la danse, et même du boulevard
Au passage admirons ce télescopage des genres. Cette façon de présenter ces spectacles qui ont pourtant en commun leur faculté à rejeter tout académisme pour le spectacle !
« Ciel mon Placard » bouscule tous les codes du théâtre. Le Cirque Bouffon invente le concept de nostalgie joyeuse. Didier Landucci un bonimenteurs fait son numéro « Là Maintenant Tout de Suite ». Le collectif franco-belge les Malunés allie humour et férocité.
Pour la musique, ne ratez pas Kintsugi, car le spectacle est décrit comme une collision entre musiciens qui se sont rencontrés par le plus grand des hasards, et qui réinventent puissamment l’épopée de Yoshitsune, à faire pâlir un punk ! Les mondialement célèbres du chant polyphonique corse, Barbara Furtuna. Le roman chanté et dansé de Yves Montand Ivo Livi. Les Wackids dans le domaine du rock de famille, ils déménagent. Charlie Chaplin avec le saxophoniste Paul Mancini.
Et puis, il faut absolument voir les Floating Flowers, une troupe de danse venant se poser en douceur de Taïwan sur le plateau du théâtre de Grasse, rénové.
Annick Chevalier