27 juin 2014, Sarajevo, en pleine cérémonie de commémoration du déclenchement de la guerre de 14-18.
Un homme, sans doute un écrivain, est enfermé entre les quatre murs d’une chambre d’hôtel qu’il a connue vingt ans plus tôt et où il est censé préparer le discours qui lui a été commandé pour la circonstance et qui doit porter sur l’Europe, ses valeurs constitutives et l’état présent de son esprit. Il est seul. Le monde extérieur ne lui parvient qu’à travers l’indistincte clameur qui monte de la rue en fête. Défilent dans sa tête, pêle-mêle, la silhouette de la princesse Europe enlevée par Zeus déguisé en taureau ailé ; des textes de Husserl, Heidegger, Derrida, Platon ; les images d’une Bosnie que cette Europe qu’il doit célébrer a, deux décennies plus tôt, laissée mourir ; les noms de tels agitateurs néo-fascistes ou populistes qui ont déclaré la guerre aux valeurs de la culture et de l’éthique ; les fantômes, à l’inverse, de quelques grands morts, en cavale, et qui veillent ; et puis d’autres souvenirs plus intimes, et qui, comme il se doit dans le désordre d’un murmure intérieur, n’ont apparemment rien à voir... Minuit moins cinq dans le siècle européen ? Dernière alerte avant la nuit que lui promettent, de plus en plus nombreux, ses mauvais génies et ses ennemis ? C’est un constat sans concession sur l’état de la construction européenne et sur la montée du populisme, en Europe, qui vient menacer nos vieilles démocraties. >Bernard-Henri Levy
Le texte, monologue en cinq actes, interprété par Jacques Weber, chaotique et lyrique, tragique et souvent drôle, sera mis en scène par Dino Mustafic, l’un des grands dramaturges de Sarajevo et des Balkans.