Arrivant sur scène en pantalon noir et tee-shirt blanc, ce n’était donc pas une conférence que l’écrivain et essayiste Raphaël Enthoven venait faire sur Albert Camus. Il se la jouait comédien et il était excellent, captivant la salle archi pleine d’Anthéa. Le public était comblé par les paroles intéressantes, intelligentes, qu’on lui offrait en s’attardant sur le mythe de Sisyphe que Camus dénonce comme le comble de l’absurdité inhérente à la condition humaine.
Il prouve que « Sisyphe est l’enfant chéri de l’éternel retour » et il prend pour exemple un passage - qu’il lit - des « Frères Karamazov » de DostoÏevski.
Camus n’a jamais été un révolutionnaire, mais la révolte l’intéressait.
On ne sort pas de l’absurde quand on entre dans la révolte. Comment regarder en face l’absurde ? Le système Camus, c’est l’amour au cœur de sa révolte. Il en donne la preuve avec Scarface, homme violent par excellence, qui refuse de tirer en risquant de tuer un enfant, ce dont il se montre incapable.
« Le monde n’est pas là pour nous faire plaisir », dit-il. Sisyphe n’avait que faire de la mansuétude des dieux. Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là : son destin lui appartient. L’homme absurde est celui qui transcende sa déception. Enthoven lit un passage de « La chute » sur celui qui crie dans le désert.
Le spectacle est complété avec des images vidéos qui montrent, par exemple, des poissons à têtes humaines nageant dans un aquarium en tournant en rond et en se saluant « Bonjour… bonjour… ». Les paroles du philosophe précisent que comme les poissons nous sommes libres, mais nous restons dans des limites sociales et aussi dans l’espace.
Ce spectacle très intéressant a captivé le public
Dans son tête-à-tête avec Camus, Enthoven est rejoint par le comédien Bernard Gabay qu’il était venu chercher dans le public et avec lequel il interprète la fin du spectacle, mêlant toutes les disciplines à l’absurdité de la vie et à l’actualité permanente de l’œuvre de Camus.
Caroline Boudet-Lefort