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Fin de cet événement Mai 2023 - Date du 10 mai 2023 au 16 mai 2023

« Baudelaire, Prince des huées », de et avec Clément Althaus à Anthéa

Clément Althaus donne sa vision de Baudelaire, poète maudit parmi les plus maudits et condamné pour ses « poèmes trop sulfureux, trop lubriques ».

Auteur et interprète de « Baudelaire, Prince des huées », Clément Althaus installe le célèbre poète dans un univers de mannequins de cire, nus, éparpillés sur le plateau, placés comme décor pour créer l’atmosphère insolite d’un rêve à l’infini, où les personnages fictifs semblent s’animer par les ombres vacillantes des éclairages. Ce superbe univers d’un rêve – invraisemblable, comme il se doit ! -, Gaële Boghossian l’a souligné en signant la mise en scène et la magnifique scénographie de ce spectacle.

Clément Althaus revient sur la scène d’Anthéa, après « Jean de la Fontaine  », un portrait slamé du fabuliste dont il avait également composé la musique. Cette fois, il signe une musique rock qui vient compléter le tout avec guitare électrique et pulsations électro.

C’est avant son procès et sa condamnation pour «  lubricité magistrale » que Baudelaire est présenté, un Baudelaire adolescent, un Baudelaire qui refuse de grandir de devenir un adulte responsable. Et un Baudelaire double, ils sont d’ailleurs deux sur scène : à Clément Althaus s’associe Jérémie Boumendil, interprète et musicien également.

La pièce souligne l’audace et l’hallucination sombre de l’oeuvre de Baudelaire qui est au centre de ce spectacle.

Outre l’affectation de détachement qu’exige le dandysme, la publication de ses poèmes provocants mettra les gens en fureur et il le sait : la rébellion de l’adolescence est montrée par une musique tonitruante.
Amateur de drogues, le poète a souvent vanté « les paradis artificiels » présentés comme des rêves où il se rencontre lui-même. C’est l’onirisme qui lui donne l’accès à ses poèmes. « La tricherie est un devoir pour qui ne veut pas être esclave de la réalité », dit-il.
Il veut rester un éternel rebelle à la jeunesse prolongée à l’infini, sans se soumettre aux règles de cette bourgeoisie à laquelle il aurait appartenu s’il était resté dans le rang et s’il n’en avait rejeté les règles avec ses audacieux poèmes.

Son oeuvre sera mutilée, puisque la direction de la Sûreté Publique a tronqué « Les fleurs du mal » de six poèmes jugés pornographiques.

Ce qui n’enlève rien à la valeur de l’oeuvre telle qu’on peut la lire aujourd’hui.
« Baudelaire, prince des huées » montre fort bien combien le poète est la proie constante d’une angoisse envahissante et qu’il lutte contre un cauchemar permanent. Il n’a aucune prise sur la réalité et le spectacle nous entraîne dans ce décalage permanent entre la vie quotidienne du poète et l’univers de sa libre imagination.

Caroline Boudet-Lefort

Représentations

vendredi 12 mai 2023 à 21h00
samedi 13 mai 2023 à 21h00
mardi 16 mai 2023 à 20h30
Réservations sur le site d’Anthéa

Photo de Une : DR et courtesy ANTHEA

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