C’est une programmation fort diversifiée entre théâtre populaire et théâtre de recherche, entre valeurs sûres et découvertes, entre stars renommées et révélations, entre danseurs et chanteurs, entre étoiles montantes et humoristes coutumiers (on pense à Christophe Alévêque avec sa « Revue de presse » annuelle qui nous fait chaque fois mourir de rire !)....
Des spectacles pour tous les goûts, tous les âges, tous les désirs avec de nombreuses créations et coproductions réalisées par Anthéa (une douzaine environ).
Des spectacles programmés avec une exigence que le public a su apprécier : les spectateurs sont de plus en plus nombreux !
Aussi, avant même de fêter ses 10 ans en avril dernier, Anthéa était-il devenu le 2e théâtre de France - après la Comédie Française à Paris - en nombre de spectacles et de spectateurs. Dans leurs souhaits les plus optimistes, Daniel Benoin et Jean Leonetti, Maire d’Antibes à l’origine du projet, n’auraient jamais imaginé atteindre aujourd’hui un million de spectateurs !
Comme chaque année, une très belle saison théâtrale s’annonce avec de nombreuses pièces adaptées de livres à succès
Ainsi, « Arrête avec tes mensonges » d’après le roman de Philippe Besson, « Impossible » (d’Erri De Luca, auteur italien renommé) où deux hommes s’affrontent, mais ici interprété par Fanny Ardant et Carlo Brandt ! « Un président ne devrait pas dire ça » de Gérard Davet et Fabrice Lhomme où Mitterand (Scaly Delpeyrat) est « cuisiné » par les deux journalistes représentés par Thibault de Montalembert.
Ludivine Sagnier interprète « Le Consentement », l’émouvant témoignage de Vanessa Springora sur sa relation d’ado abusée par l’écrivain Gabriel Matzneff. ! « Tout le monde savait » sur les violences conjugales qu’interprète seule Sylvie Testud, d’après l’oeuvre de Valérie Bacot et Clémence Blasi. Sur ce thème également, « Après Barbe-Bleue », concocté par Clément Althaus un conte documentaire sur un maître de longue date en la matière. Le Collectif 8 présente « Le meilleur des mondes » d’après Aldous Huxley, génialement mis en scène par Gaële Boghossian. Quant à Zabou Breitman, elle s’est lancée dans l’adaptation et la mise en scène de « Zazie dans le métro », le bouquin incongru de Raymond Queneau où fourmille une multitude d’idées loufoques à jamais inoubliables !
Seul en scène, André Dussollier partage avec le public son goût des mots en circulant d’un auteur à l’autre : les associations d’idées s’enchaînent en laissant libre cours à sa rêverie dans « Sens dessus dessous » et c’est toujours un moment magique !
Quelques grands classiques :
« Tartuffe » de Molière avec la Troupe de la Comédie-Française dans une audacieuse mise en scène d’Ivo Van Hove. Egalement de Molière, « Don Juan ou le festin de pierre » adapté et mis en scène par David Bobée dans une lecture politique. Après Avignon en 2022, « Richard II » de Shakespeare avec Micha Lescot que met en scène Christophe Rauck en prouvant que le théâtre d’alors parle de notre temps. « Phèdre » de Sénèque dans une mise en scène de Georges Lavaudant, avec Astrid Bas en Phèdre et Aurélien Recoing en Thésée. « Iphigénie » dans un texte de Tiago Rodrigues, avec les mêmes personnages que chez Racine, mais dans un autre temps et un autre espace : un hors monde presque fantastique.
Quelques pièces soit de Boulevard, soit fantaisistes !
« Lorsque l’enfant paraît » d’André Roussin que met en scène Michel Fau et qu’il interprète avec Catherine Frot, Agathe Bonitzer,... « Kiki » est une vieille télé à laquelle parle Guillaume Geoffroy, au comble de la solitude. Gaspard Proust, Jean-Luc Moreau, Brigitte Catillon interprètent « Demain la revanche » de Sébastien Thierry où un fils vient « vider son sac ».
Fausto Paravidino a écrit « Deux frères » : ils sont amoureux de la même nana, donc problème ! « Un léger doute » est un ovni théâtral sur les rapports entre personnages et spectateurs, signé et interprété par Stéphane De Groodt. Dans « Maddie », Paul Chariéras met en scène Andréa Ferréol en grand-mère résistante à l’aliénation aux réseaux sociaux.
« Le jour du kiwi » est une comédie loufoque de Laetitia Colombani, interprétée par Gérard Jugnot et Arthur Jugnot.... Jean-Michel Ribes tient toujours le cap de ses délires dans « Carnet de la dernière pluie ». Adapté, mis en scène et interprété par Marie-Julie Baup et Thierry Lopez, « Oublie-moi » montre le tragique de la maladie d’Alzheimer. Salomé Lelouch parle de la fidélité dans le couple dans « Sur la tête des enfants », avec Marie Gillain et Pascal Elbé. Benoît Solès (La machine de Turing) farfouille sur la recherche de la pierre philosophale dans « Le secret des secrets ».
Certaines pièces de grande importance sont inclassables
Ainsi « a. d. a. : l’argent des autres » que Daniel Benoin avait déjà mis en scène il y a quelques années et qu’il reprend, en mai et juin, en l’interprétant lui-même avec Alex Vizorek : le monde des affaires et de l’argent est toujours d’actualité ! Un texte de Christophe Honoré « Le ciel de Nantes » où il parle de son enfance et de sa famille qu’il met en scène avec une distribution de choix dont Chiara Mastroiani. Un spectacle de Raphaëlle Rousseau souhaitant une identification à la merveilleuse Delphine Seyrig dans « Discussion avec DS », Quant à Ivan Calbérac, c’est à Glenn Gould qu’il s’intéresse dans « Glenn, naissance d’un prodige » en racontant la jeunesse de ce pianiste génial, mais homme tourmenté. Seul en scène, Pierre Richard, l’éternel distrait du cinéma français, dans « Je suis là, mais je ne suis pas là », ce qui dit tout ! « Kvetch » de Steven Berkoff, un jeune rebelle de 85 ans, sur les pensées intérieures qui se superposent aux paroles énoncées !
De l’humour à gogo avec des humoristes en tout genre
Fary, Laura Felpin, Maxime Gasteuil, Sandrine Sarroche, Max Boublil, Jarry, et Stéphane Guillon qui commente l’actualité en remettant les pendules à l’heure ! Mais aussi, « Le Journal d’Antibes » que nous livre Edouard Baer : c’est son idée, paraît-il, avec le désir de nous amuser, nous n’en doutons pas !
De la musique et des chansons : à commencer par Renaud dès septembre, Maxime Le Forestier, Izïa Higelin, Bernard Lavilliers, Louise attaque : des vedettes qu’on ne présente plus ! S’ajoutent quelques concerts de musique classique.
De grands chorégraphes viennent avec de superbes spectacles de danse
Hofesh Shechter propose « Double murder » pour une soirée en deux parties, l’une concernant l’indifférence vis-à-vis de la violence, l’autre a une énergie plus tendre dans ce « double assassinat ». Pour Jean-Claude Gallotta, le noir domine dans « Pénélope » qu’il démultiplie en un éventail de danseuses dans l’épopée d’Homère. Avec 40 danseurs et danseuses amateurs antibois et 4 professionnels, Eugénie Andrin reprend dans « On achève bien ... » le thème du film « On achève bien les chevaux » sur les marathons dégradants. Dans « Car/men », il y a « men » (c à d des hommes) c’est donc par eux que l’oeuvre de Bizet est revisitée dans la création de Maxime Doucet et Michel Cavalca chorégraphiée par Philippe Lafeuille : danse, théâtre, humour et arts plastiques se mêlent. La Trisha Brown Dance Company rend un vibrant hommage à la grande chorégraphe disparue en 2017 avec une sélection de son répertoire dans « Trisha Brown » : un must ! Le Ballet du grand théâtre de Genève offre une oeuvre combinée pleine de contrastes et d’innovation, dirigée par Sidi Larbi Cherkaoui. Dans « Hôtel Bellevue » chorégraphié par Thomas Guerry, le cinéma se mêle à la danse.
Le retour d’un opéra parmi les plus belles oeuvres de Puccini « Madame Butterfly » dont Daniel Benoin reprend la mise en scène en situant toujours l’action à Nagasaki en août 1945.
Une soirée sur « Les prières dans l’opéra » par des élèves artistes lyriques promet des merveilles de Verdi, Gounod, Puccini, et d’autres. Du théâtre musical d’après Carlo Goldoni dont « L’impresario de Smyrne » est mis en scène par Laurent Pelly et la diva Nathalie Dessay chante dans Venise au lendemain du carnaval.
Enfin, Ibrahim Maalouf revient avec neuf instrumentistes pour « Les trompettes de Michel-Ange » et sous sommes déjà impatients !
En attendant admirons la diversité de tous ces spectacles à venir à Anthéa !
Caroline Boudet-Lefort