Au début, un homme à poil cache son sexe avec des panneaux successifs où s’inscrit pour prévenir les spectateurs : « Au théâtre, ce soir, je vous propose une production alléchante et dynamique ! Merci... ». Rires !
Puis noir total, avant l’éclairage sur un trio de musiciens : Romain Boutin à la batterie, Arthur Satàn à la guitare électrique et Louise Decouflé à la basse. Ils se lancent dans un rock effervescent avant que n’arrivent les danseurs-circassiens ! Dès lors, le plateau devient lieu de délire ! Chacun montre ses exploits grâce à son corps désarticulé, en tournant ses bras ou en lançant ses jambes dans mille sens, tandis qu’il chante en même temps... Avec exubérance, l’un danse tout en jouant de la contrebasse : du jamais vu ! S’ajoutent, pour danser aussi, les langues et les yeux qui virevoltent !
Tout saute et gigote entre danse haletante et ludique exploit de cirque, prêt à tourner en farce, car l’humour est sans cesse présent.
Pluridisciplinaires, tous les artistes ont des talents inénarrables pour s’exprimer de diverses façons, mais toujours dans un registre comique.
Et, lorsqu’une femme chante seule, sans musique, c’est un envoûtant moment d’émotion que le public respecte en écoutant silencieusement cette voix limpide qui s’élève, solitaire, dans l’immense amphithéâtre. Tandis que le reste n’est qu’éclats de rire et fantaisie foutraque !
Avec de fortes personnalités singulières, les artistes, polyvalents, passent du cirque au théâtre, de la musique à l’humour, prouvant toujours la même vitalité, la même étonnante énergie, et une drôlerie sans limites. Les danses sont très physiques, parfois figuratives, mais toujours relevant d’une imagination débridée, par exemple avec d’énormes costumes invraisemblables ou classiquement sur les pointes sans que cela puisse être pris au sérieux. Quel que soit l’exploit, le délire est complet !
Se rapprochant de l’onirisme, on voit ensuite de véritables diables maléfiques qui hanteraient un enfer apocalyptique, avec des arrêts soudains, comme les « arrêts sur images » au cinéma.
Très sonore, la musique rock amplifie les mouvements des « performeurs » lancés sur scène à toute berzingue, avec une ardeur explosive.
Leur exubérance n’a pu qu’entraîner de furieuses compositions musicales.
Les décors de Jean Rabasse ajoutent des formes géométriques colorées et les costumes futuristes de Philippe Guillotel semblent alimenter davantage les fantasmes de ce spectacle indéfinissable, mais passionnant.
On a d’ailleurs davantage l’impression d’attractions de cirque que de show de danse, provoquant un certain regret à quelques spectateurs pourtant admiratifs des performances. D’autres se réjouissent de cet étonnant vertige où nous entraîne Philippe Decouflé qui ne semble pas près d’être à court d’imagination !
Caroline Boudet-Lefort