Le film commençait par une très spectaculaire avalanche dans une station de ski, tandis qu’un jeune couple branché déjeunait, avec ses deux enfants, sur la terrasse d’un restaurant d’altitude.
C’est après l’avalanche que la pièce débute, dans un très lumineux décor d’éléments mobiles en polystyrène – on reste donc dans le blanc scintillant de la neige - posés devant une grande baie vitrée donnant sur un paysage de montagnes enneigées. Cette belle scénographie est signée Natacha Markoff.
Eva (Julie Depardieu) et Thomas (Alex Lutz) évoquent cette avalanche qu’ils ont subie avec un regard fort différent sur l’événement. Ils reviennent tout particulièrement sur l’attitude de Thomas qui a fui après avoir emporté son portable, alors qu’Eva s’est jetée sur leurs enfants pour les protéger.
Elle voudrait qu’ils aient une vision commune, mais lui se contente de dire « On a été choqués. T’as eu peur... C’est fini ! ». Non, ce n’est pas fini, un autre drame commence : l’attitude de chacun face au danger, avec l’impossibilité de Thomas à reconnaître son égoïsme, aussi va-t-il dérouler un argumentaire implacable. Si la catastrophe s’est arrêtée sans aucun dommage apparent, elle laisse cependant une fissure dans le couple où chacun se pose des questions. Et en pose à l’autre, sans être une thérapie comme l’annonce le titre.
L’univers familial se trouve ébranlé par la réaction inattendue de Thomas. Chacun d’eux est amené à réévaluer son rôle et ses certitudes. Le malaise se creuse, d’autant plus que le père, par orgueil ou déni, refuse d’admettre qu’il a agi lâchement.
Une amie (Ludivine Chastenet) arrive avec son amant du moment, un boulanger (David Talbot), ce qui provoque un ricanement de la part de Thomas. Tous deux sont pris à partie, tandis que chacun justifie son fonctionnement dans la vie.
D’une honte sociale à la souffrance intime, le parcours de Thomas trouve une résonance impressionnante dans l’interprétation d’Alex Lutz.
C’est donc son identité masculine qui est questionnée de façon très vivante face à sa femme, magnifiquement incarnée par Julie Depardieu.
Le terme de cette pièce grinçante n’aboutit pas à une réelle reconsidération des inévitables places de chacun, mais plutôt à une sorte de match nul, comme il s’en joue tant dans un couple lors de « scènes de ménage ». Cela n’aura été qu’une crise de plus dans un lancinant jeu de dénis et de prises à témoin du couple d’amis pour faire tomber les masques symboliques.
Dans cette situation, qui n’est pas à la gloire du père d’une famille qui se fendille, les quatre interprètes sont épatants et très bien accordés entre eux pour faire comme si...
Tout est raconté dans un style aussi glaçant que la neige !
Caroline Boudet-Lefort