Les danseurs – uniquement des hommes – parodient les ballets classiques en soulignant allègrement et comiquement les techniques de la danse classique, sans résister à montrer le ridicule de codes, bien souvent incongrus, de cette discipline généralement rigidifiée.
Cette fois, ils s’en prennent au fameux « Lac des cygnes » où danseurs et danseuses sont donc interprétés par des hommes. La chorégraphie retient l’essentiel pour en donner une gestuelle burlesque avec sa mobilité dynamique. Chacun, par sa présence, introduit toujours une touche étonnante d’hétérogénéité.
Dans ce concentré d’ironie et de comique, on glane sans cesse des détails burlesques qui irriguent chaque morceau de cette chorégraphie !
Ainsi au début, on voit un cygne tenu en laisse. Plus tard une « danseuse » fait des faux pas volontaires, une autre se casse la figure, une autre encore fait des grimaces de lassitude à la place du sourire de rigueur, …
Leur technique est parfaite lorsqu’ils virevoltent en multipliant pirouettes et grands jetés avec des pointes.
Après l’entracte, le programme se complète avec « Le grand pas de quatre », « La mort du cygne » et enfin « Valpurgeyeva noch » que certains dansent avec des robes en voile transparent pour vêtir leur corps masculins. Tandis que sans cesse ils continuent de se moquer des codes de la danse classique… Chaque danse est un concentré d’ironie.
Et tout passe impeccablement tandis que le public rit aux éclats !
Pour tous, ces rôles tenus par des hommes dont on ne peut qu’admirer les talents à singer les danseuses sur des pointes, ou des mimiques féminines pour interpréter les cygnes romantiques.
Ils incorporent des faiblesses, des incidents, des incongruités dans ces chorégraphies archi connues et respectables.
En reprenant leurs rôles, ces danseurs tentent de faire croire qu’ils sont des femmes, sans jamais les ridiculiser. Leurs pointes et leurs entrechats sont parfaits, en suivant impeccablement la musique ! Les maquillages, perruques et costumes adéquats sont tout autant extras pour donner l’illusion qu’ils sont des femmes ! Même leurs jambes semblent parfaitement galbées …
Ainsi, les femmes ne sont jamais ridiculisées. S’il est satirique, le regard sur elles reste affectueux. Et l’illusion de cette féminité est parfaite ! C’est sans doute pour cela que ce spectacle est aussi amusant !
Caroline Boudet-Lefort