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Anthéa - Le secret des secrets, de Benoît Solès

Fasciné par les mystères non élucidés, Benoît Solès s’est penché sur l’intrigante pierre philosophale qui, de loin en loin, captive les spécialistes de sciences occultes.

On aime énormément le théâtre de Benoît Solès, mais cette pièce est un comble d’opacité avec deux histoires qui se déroulent en parallèle tout en ayant, plus ou moins, 400 ans d’écart. Dans les deux, des personnages sont à la recherche de la pierre philosophale.

Dans la première histoire, un jeune homme est sur scène en fauteuil roulant et cherche la pierre philosophale pour guérir. Dans la seconde histoire, qui se déroule donc dans un très long temps antérieur, un médecin exilé en Russie est accusé de sorcellerie pour avoir tenter de trouver la pierre philosophale afin de guérir sa femme atteinte d’une tumeur maligne au cerveau (elle a un caillot qui grandit dans sa tête). Il réussit à trouver la fameuse pierre philosophale, mais trop tard, sa femme est morte avant. Et le Tsar fait brûler son laboratoire (sa femme l’avait trahi auprès du Tsar avant de mourir).
Au présent, le personnage en fauteuil roulant est un acteur qui vise un rôle important, ce qui lui est impossible vu son infirmité. Chacun de nous a la possibilité d’être la pierre philosophale pour l’autre, ainsi le garçon-au-fauteuil-roulant obtient le rôle qu’il souhaitait grâce à l’amitié.
En parallèle, dans les deux histoires, on trouve le deuil du père et les rapports entre père et fils. Le médecin est en deuil de son père et le personnage principal masculin du présent est aussi en deuil de son père (400 ans plus tard, donc !). Les deux pères étaient l’un et l’autre à la recherche de textes alchimiques sur la pierre philosophale, ce qui donne un parallèle de rapports père-fils.
À tout cela se mêle des références à Shakespeare, au risque de faire souffrir la pièce de « too much ».
Si le but est de percer le secret de la pierre philosophale qui est peut-être dans ces rapports père-fils et dans l’amitié qui sont décrits, cette quête reste opaque, mystérieuse.
Certes, il est difficile de s’attaquer à parler avec clarté de la pierre philosophale, et c’est, sans doute, ce qui fait la difficulté à entrer dans cette nouvelle pièce de Benoît Solès qui n’a pas l’attrait de ses oeuvres précédentes.
La toute première représentation a eu lieu à Anthéa, avant de partir au Festival d’Avignon, puis Paris et enfin une tournée dans toute la France. Peut-être que, trouvant son rythme, la pièce gagnera en clarté.

Caroline Boudet-Lefort

Visuel de Une : ©ANTHEA

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