Cet ogre, séduisant homme de la cinquantaine, va dévorer sa jeunesse avec son consentement : elle est trop contente de combler les désirs de cet auteur, vedette des milieux littéraires. Mais, de plus, avec l’accord de sa mère qui, flattée du succès de sa fille, se rend complice avec une ambiguïté un rien perverse. Et un rien jalouse !
Quelle hypocrisie se cache derrière les mots d’admiration pour cet écrivain en bonne place sur la planète littéraire, reçu dans les salons ou dans les émissions culturelles telles « Apostrophes », où, un jour, il est « torpillé » par Denise Bombardier, écrivaine québécoise, qui lui dit ses quatre vérités. Et tout le public d’en rire ! Mais cela fera trace ...
Quand l’adolescente comprend qu’elle est loin d’être son « unique amour », il est trop tard !
Même en stoppant aussitôt cette relation, il lui faudra longtemps pour s’apaiser intérieurement. Et quand elle retrouve toute sa lucidité, le délai était dépassé pour porter plainte. Suivant l’écrivain sur son propre terrain, elle écrit alors un livre sur son comportement de prédateur. Son récit a aussitôt un énorme impact ! En fait, un procès n’aurait pas eut un tel retentissement.
Passionné à la lecture de ce témoignage, Sébastien Davis a dès lors pensé à l’adaptation théâtrale qui pouvait en être fait afin d’élargir, grâce à une incarnation sur scène, l’impact de ce livre essentiel. (Un film récent, réalisé par Vanessa Filho, a eu un écho retentissant en étant vu par un large public).
Sur scène, Ludivine Sagnier incarne son personnage avec un tel naturel, une telle imprégnation du livre, que chaque spectateur a l’impression que c’est elle qui a subi les agissements de cet homme pervers.
Parfaite comédienne, elle réussit magistralement à donner à son corps un look d’adolescente, non seulement par les vêtements, mais surtout par son comportement, son allure juvénile un rien maladroite à laquelle s’ajoute son débit verbal. Une véritable adolescente, en fait, alors qu’elle a interprété de multiples rôles de femme au cinéma.
Aucun décor. Seul, en fond de scène un écran blanc, légèrement transparent derrière lequel Ludivine Sagnier passe pour suggérer pudiquement sa nudité dans les rencontres sexuelles de la jeune ado avec son prédateur.
Dans un coin de la scène, le batteur Pierre Belleville joue très fort, comme pour appuyer en nous chaque mot prononcé, comme si ses notes devaient nous être assénées pour donner de la puissance aux mots.
On retrouve parfaitement le livre très justement adapté pour la scène par Sébastien Davis qui n’a changé aucun mot, se contentant de quelques coupes.
Cette pièce saisissante nous va droit au coeur et ne nous lâche pas !
Caroline Boudet-Lefort
Représentations
vendredi 17 novembre 2023 à 21h
samedi 18 novembre 2023 à 21h
Réservations sur le site du théâtre
