Attablé pour écrire quelques lignes d’un message avant de mettre une corde autour de son cou pour se balancer dans le vide, Julien jette papier sur papier : il ne réussit pas à condenser dans une courte note, ce qu’il voudrait écrire à sa femme, Maud. Et voilà qu’au moment du saut fatal, elle arrive, plus tôt que prévu, rentrant d’une tournée à l’étranger en tant que célèbre pianiste.
Elle est donc là pour éviter le passage à l’acte de son mari et s’affole de voir la « mise en scène » de cette corde avec son nœud coulant. Mais pourquoi ? A cette question, il répondra finalement « Je ne me supporte plus ! »
Elle est furieuse qu’il ait tenté de « partir » sans aucune explication, même pas une petite note. Plus tard, il lui dira en la rendant responsable de son « ratage de suicide » : « C’est à cause de toi que je vais continuer à vivre, donc à toi de prendre ma vie en charge ! »
En fait, en tant que psychanalyste, il n’en peut plus de la demande excessive de ses patients et de porter (supporter !) tous leurs problèmes.
Cependant, et surtout, la pièce aborde de multiples et passionnantes questions sur la relation d’un couple, en tournant autour de leur vie qu’ils ne réussissent pas à vivre pleinement.
Après toutes ces explications, ces mises au point, y réussiront-ils dès lors ?
Ecrite et mise en scène par Audrey Schebat, la pièce, tout en abordant de multiples problèmes, est avant tout très amusante, pleine d’humour, et le public ne se prive pas de rire aux éclats, Sophie Marceau et François Berléand interprètent ce couple et ils sont vraiment sensationnels, chacun dans leur registre, tout en s’accordant parfaitement. Sophie Marceau n’était pas montée sur scène depuis un certain temps : elle est magnifique en endossant superbement ce personnage de femme blessée qu’elle aborde avec justesse. François Berléand est très crédible en psychanalyste renommé qui raconte avoir fait un rêve d’un déjeuner au restaurant avec Freud et Lacan (ah ! ah !).
À la fin, les applaudissements ont fusé et duré longuement. Gros succès assuré !
Caroline Boudet-Lefort
