L’auteur croise donc deux histoires celle de cette pièce d’Euripide et l’histoire actuelle de Nadia, comédienne qui répète le rôle d’Hécube alors que, dans sa vie personnelle, elle lutte pour son fils.
Tiago Rodrigues (directeur actuel du Festival d’Avignon NDLR) a donc écrit et mis en scène cette pièce où la comédienne qui interprète ce personnage de l’Antiquité, ayant vécu un drame concernant ses enfants - elle en a perdu plusieurs durant la guerre de Troie et veut justice et vengeance - cette comédienne, donc, est elle-même face à une situation de maltraitance sur son enfant autiste dans une institution soi-disant irréprochable. Elle joue son rôle avec d’autant plus de passion quelle ressent aussi une souffrance de mère.
Avec des ruptures et des discontinuités permanentes, les deux drames seront menés en parallèle et il n’est d’ailleurs pas toujours facile pour le spectateur de s’y retrouver, quoiqu’il reste sans cesse passionné, et admiratif du talent des comédiens (une partie de la troupe de la Comédie-Française).
Mais voilà ! Tantôt on est dans l’Antiquité avec Hécube pour la pièce qui est répétée, et tantôt dans la situation procédurale que mène Nadia, elle-même l’interprète de Hécube. Celle-ci, Nadia, consulte un procureur (Denis Potalydès), car elle juge l’Etat responsable de ce qu’a subi son fils. Elle se bat pour que justice soit rendue.
L’histoire est forte, toujours d’actualité.
Les deux drames s’entrecroisent, quoique vingt-cinq siècles séparent les deux luttes. Tout au long de la pièce, on entend des miettes de chansons d’Otis Redding, la passion du fils de Nadia.
Dans cette superposition entre Euripide et le drame actuel, tous les acteurs de la Comédie–Française sont formidables, exceptionnels même, parfois jouant plusieurs rôles. Elsa Lepoivre - qui ne quitte pas le plateau - nous a particulièrement bluffés. Elle s’envole parfois dans des tirades débitées avec de fortes intonations poignantes. De même que Loïc Corbery, qui parfois pousse aussi des exclamations à toute volée ! Ils font alors preuve d’une énergie décuplée par leurs personnages passionnés.
Caroline Boudet-Lefort