Au cours d’un bref retour dans la petite ville de son enfance, Barbezieux, il croit retrouver un ami de son passé et ne peut s’empêcher de crier « Thomas ! » lorsqu’il voit circuler ce jeune homme. Mais ce n’est pas lui, c’est son fils. Véritable sosie de son père au même âge, il n’est d’ailleurs pas étonné de la confusion faite, car il sait cette ressemblance.
La situation trouble l’écrivain toujours attaché à cet étrange ado qui ne voyait sa vie à venir qu’en mettant ses pas dans ceux de ses parents agriculteurs : il se faisait un devoir d’entretenir à jamais la ferme familiale.
D’une famille de la bourgeoisie aisée, le romancier, lui, a parcouru le globe et s’est complètement détaché de cette région où il n’est revenu que pour une « conférence et rencontre avec le public ». Après avoir croisé ce jeune homme, tout le passé de son adolescence lui revient alors en mémoire...
Sur scène, le public voit alors les rencontres sexualisées des deux ados qui ont à jamais défini l’homosexualité de l’auteur.
Cela a commencé, au temps du lycée, où, des messages étaient anonymement laissés dans un vestiaire, suivis de rencontres sexuelles dans un lieu caché. Tout a été bien prévu par Thomas, et le « futur écrivain » n’a qu’à suivre les consignes. Ce qu’il fait plus que volontiers...
Aussi, quand il suppose revoir son ami de jeunesse – celui des débuts de sa vie sexuelle et amoureuse –, il est non seulement fort étonné, mais aussi très ému.
Des années après, il reçoit une lettre de Lucas lui fixant rendez-vous dans un café du Marais. Comprenant que c’est grave, il demande aussitôt « C’est arrivé quand ? » supposant déjà la disparition de Thomas.
Lucas comprend enfin la froideur et la dureté de son père, gâchant sa vie, car tenu à toujours dissimuler, toujours dans le semblant, sans cesse en contradiction avec lui-même. La censure autour de l’homosexualité en milieu rural est ainsi abordée, cause peut-être de bien des suicides de paysans.
Adaptée du très émouvant livre - pour la première fois autobiographique - de Philippe Besson, la pièce est tout autant captivante, avec deux jeunes comédiens pour interpréter la fougue des adolescents.
Malgré les retours sur le passé, les deux adaptateurs et metteurs en scènes, Angélique Clairand et Eric Massé, ont choisi de privilégier le présent de la rencontre entre l’écrivain et le fils de Thomas, Lucas (superbement joué par Etienne Galharague). Les scènes entre lui et Raphaël Defour (Philippe Besson adulte) sont particulièrement poignantes.
Une musique, également très émouvante, vient s’ajouter pour davantage bouleverser chaque spectateur, et particulièrement des chansons en anglais avec une merveilleuse voix féminine.
Un spectacle vraiment réussi et très attachant !
Caroline Boudet-Lefort