Après dix ans à la direction du TNN et après avoir introduit, dès l’origine, une nouvelle attitude vis-à-vis des compagnies locales indépendantes, Daniel Benoin présente onze spectacles de compagnie, en accueil ou en production. Durant plus de trois mois, la salle Michel Simon les accueillera. Une nouvelle programmation à découvrir dans le Journal de la Saison !

Bientôt 10 ans
Voilà. C’est déjà la dixième saison que je propose au public du TNN. Les neuf précédentes ont vu se réaliser plus de 65 créations de notre théâtre, près de 350 accueils de spectacles extérieurs et 1.000.000 de spectateurs. Ce sont des chiffres très forts, très significatifs, très satisfaisants. Le TNN, on le sait, est devenu depuis 2005 le premier Centre Dramatique de France et cela aussi nous réjouit. Mais, depuis trois ans, quelques nuages sont apparus avec la crise et, de manière très contradictoire, les subventions ont commencé à baisser alors même que le TNN n’a jamais eu autant de public. Or, on sait que les subventions servent à combler l’écart entre le coût d’une place et son prix de vente. Une baisse de subvention signifie donc, à terme, une politique malthusienne qui tendrait à réduire le volume de la programmation. Nous avons tenu bon jusqu’à présent, demain des solutions devront être trouvées afin de rétablir un équilibre financier. En attendant, cette dixième saison sera, je le crois, brillante, forte et parfois joyeusement risquée !
Elle réunira des créations du TNN, dont deux grands classiques magnifiques et peu joués, L’Impromptu de Versailles de Molière et Médée de Corneille, respectivement mis en scène par Paul Chariéras et Paulo Correia. Deux visions radicalement différentes et modernes d’œuvres du XVIIe siècle.
Un grand printemps de l’émergence verra onze compagnies régionales occuper la salle Michel Simon et le Centre Culturel de La Providence pendant trois mois : une sorte de bilan dix ans après.
Nous aurons aussi une grande saison de reprises puisque pas moins de trois spectacles seront présentés en tournée : L’Île des esclaves et Antigone montés par Paulo Correia et Le Roman d’un trader. Ce dernier sera également donné à Paris, avant d’être présenté en direct sur FranceTélévisions.
Les accueils seront nombreux et vous les découvrirez dans ce journal, avec la présence pour la première fois de comédiens tels André Dussollier, Catherine Frot, Sophie Marceau, Marina Foïs, Romain Duris, Éric Cantona... Nous avons souhaité faire revenir les grands succès de la saison dernière comme Semianyki, Gaspard Proust, ou encore Michel Boujenah qui termine sa tournée de Enfin libre là où elle avait commencé il y a trois ans : au TNN.
Vers un nouveau cycle de créations
Quant à mon propre travail de création, il sera centré sur un nouveau projet développé d’aujourd’hui à 2013. Je voudrais, en effet, mettre en scène trois adaptations de films, trois comédies contemporaines qui remettent en cause la morale, les comportements et les règles sociales du monde d’aujourd’hui.
Il s’agit de Whatever Works de Woody Allen, que je réaliserai cette saison en coproduction avec le Théâtre Marigny et où je retrouverai avec bonheur Michel Boujenah, puis Joyeuses Funérailles de Frank Oz et, enfin, To Be or Not to Be de Ernst Lubitsch prévu avec Jean Dujardin et Alexandra Lamy. Cette trilogie sera interrompue en septembre 2012 par la suite de Festen (L’Enterrement - titre provisoire) que je créerai au TNN avant une reprise au Théâtre du Rond-Point à Paris. Ce programme marque, bien sûr, une nouvelle étape de mon travail à Nice et l’aboutissement d’une recherche sur le rapport cinéma-théâtre.

De grands disparus
Trois comédiens, qui ont marqué mes derniers spectacles, nous ont quittés. Pierre Vaneck, extraordinaire dans Rock’N’Roll et dans A.D.A. : L’Argent des autres, Bernard-Pierre Donnadieu inquiétant et magnifique dans la folie du Roman d’un trader, Marie-France Pisier, enfin, éblouissante dans Le Nouveau Testament et A.D.A. : L’Argent des autres. Quelle tristesse profonde est la mienne aujourd’hui encore lorsque j’évoque ces grands acteurs qui ont tellement enrichi l’histoire récente de mes spectacles et, plus largement, celle du TNN !
Le quatrième de ces disparus est sans aucun doute le plus important pour la mémoire de notre théâtre puisque c’est lui qui l’a fondé, je veux bien sûr parler de Gaby Monnet. J’ai fait sa connaissance en 1975 au moment même où il quittait la direction du CDN de Nice. Il arrivait à Grenoble, moi à Saint-Étienne. Nous avons très vite sympathisé, et mieux, j’ai appris de lui et de Jean Dasté quelle devait être l’éthique qui deviendrait celle de ma vie de directeur de théâtre public.
Daniel Benoin