« J’ai refusé un grand théâtre à Paris pour rester à Nice », sourit Daniel Benoin. Le directeur du Théâtre National de Nice se dit engagé dans une lutte contre l’ostracisme « Une bataille permanente » ! Le TNN est une maison de créations, il y en aura encore beaucoup au programme pour la saison prochaine, 11 au total…
« Reprendre Festen dix ans après… », Une véritable concentration de symboles ! Il y a tout juste une décennie, en juin 2002, la pièce était jouée à Nice, dans la pièce comme dans la vie, dix années ont passé. Nouvelle décennie, nouveau cycle. Paulo Correia avec « Double assassinant dans la rue Morgue » ou comment transposer Poe à la sauce Sherlock Holmes, « Enfance algériennes » un texte puissant qui associe les mots de Camus à ceux d’un des plus grands auteurs algériens, Mouloud Feraoun et met en scène le directeur du Théâtre National d’Alger, Sid Ahmed Agoumi, mais aussi un devoir de mémoire pour les 50 ans du rapatriement d’Algérie et les 100 ans de la naissance d’Albert Camus. Clovis Cornillac reprend le rôle de Jacques Villeret dans « La contrebasse » de Süskind, « Remonter une pièce : un fait rare, mais la création se fera à Nice pour une tournée dans toute la France et Paris pour la rentrée 2014 », précise Daniel Benoin. La Cie Arketal et ses marionnettes revisitent Shakespeare et son « Conte d’hiver », Le Groupe revisite quant à eux la psychanalyse dans « Dissonances Freud »…. Tout ceci pour la fin d’année 2012, tout début 2013, entre autres…
Le TNN nous gâte, une cinquantaine de spectacles (hors créations), avec la (re)venue de Charles Berling dans un spectacle musical, Zabou Breitman jouera avec les spectres du passé, François Morel sera le Bourgeois gentilhomme, Edouard Bear sera beau, grand, généreux comme cette France qu’il satyre, et puis le retour d’Harold Pinter, Feydeau, Molière, Labiche… Des spectacles distillés aux quatre coins de la Côte, au nouveau Théâtre Communautaire d’Antibes, au Lavoir Théâtre, du côté de Francis Gag, pour les MANCA, le ballet Nice Méditerrannée, ceux de Monte-Carlo… De la musique avec Vincent Delerm, Stéphane Eicher, Pink Martini, Stomp… Du mouvement et de la danse avec Hervé Koubi et Sidi Larbi Cherkaoui…
Daniel Benoin a accepté de répondre à nos questions.
10 ans, l’année du bilan ou l’année de toutes les créations ?
Du bilan non, je dirai que se sont plutôt l’année et la saison qui viennent de s’achever : on a fait un bilan des compagnies, un bilan de ce qu’on a fait etc… Là c’est le début d’un nouveau cycle, d’une nouvelle période. Une nouvelle période où on essaie de proposer de nouvelles choses, d’inventer, de donner plus d’ampleur à ce théâtre tant au niveau national qu’international.
Le TNN va-t-il prendre une nouvelle direction pour la rentrée ?
J’essaie surtout d’avoir une image pour ce théâtre… Une image à la fois populaire, tout le monde peut y aller, mais aussi un théâtre de recherche, qui travaille beaucoup sur le contemporain tout en reprenant aussi beaucoup de classiques. Quand on est aussi important, que l’on a autant de public, il faut bien évidemment montrer à tout le monde ce qu’on l’on a à proposer et qui va être dans le fond, le théâtre de demain.
La part belle est faite aux compagnies locales, on pense notamment à la Cie Arketal et ses marionnettistes cannois… Il y a vraiment une volonté de croiser les productions nationales aux troupes de la région ?
Absolument ! Depuis dix ans maintenant, je produis chaque année trois compagnies de la région, parce que c’est aussi mon rôle. Je dois leur permettre de s’exprimer et leur ouvrir ce grand espace qu’est le TNN, pour leur offrir de bonnes conditions…
Et des émotions fortes ! Bientôt le TNN aura un petit frère si l’on peut dire, à Antibes, une nouvelle salle (le Théâtre Communautaire d’Antibes) qui ouvrira ses portes en avril 2013 et dont vous serez également le directeur Daniel Benoin…
Un petit frère aussi grand que le TNN, il s’agit du plus grand théâtre sûrement depuis la construction de celui-ci. Par souci de synergie, de complémentarité, de dynamique, on m’a demandé d’en prendre la direction. Je reste bien entendu également au Théâtre National de Nice, mais l’objectif est d’augmenter le public dans la région en incitant de plus en plus les gens à aller au théâtre.
Ce genre de salle manquait sur le territoire finalement, entre le Théâtre de Nice et le Théâtre de Grasse…
Complètement, et nous sommes seulement à 30 minutes de Nice ! Peut-être aussi, que dans l’autre sens, les spectateurs seront plus nombreux à franchir le Var. Du moins on se donne du mal pour cela.
Directeur de deux des plus gros théâtres de la région, un métier enrichissant, porteur certes, mais aussi angoissant ?
C’est enthousiasmant… C’est prenant… Et il faut faire très attention… (rires).