Winnie (Catherine Frot) pourtant dans la force de l’âge, se prépare déjà au lendemain, à la mort inexorable. Là est l’exploit par rapport à Madeleine Renaud, vieille dame à la scène et dans la vie. La Winnie, version 2012 de Beckett, respire la santé. Elle a l’art de se travailler l’esprit et de s’absorber dans le futile comme une fuite en avant. Son mari inexistant, Willy (Pierre Banderet) apparaît comme un crabe de terre rampant. L’écume des jours est pour l’héroïne matière à se distraire, à profiter de l’instant. Triche-t-elle avec elle-même lorsque qu’elle sourit, rit de tout, chante même L’Heure exquise qui résonne comme un Requiem ?
Samuel Beckett nous parle de l’absurdité de la vie, de son non-sens, de la perte de la mémoire quand « les mots vous lâchent » et Catherine Frot porte le personnage au sommet, la comédienne ne cesse de se renouveler depuis le film Un Air de famille de Cédric Klapisch où elle incarnait déjà avec maestria, ce rôle de ravissante idiote très habile dans l’art corrosif de sublimer le terrifiant. Elle démontre grâce au génie de Samuel Beckett, que l’on doit rire de tout et occulter la mort… Oh ! Les derniers jours !