L’HISTOIRE
>>> Sur le campus universitaire de la Nouvelle Carthage, un samedi soir. Les enseignants et leurs épouses sont invités comme chaque semaine chez le président de l’Université, le père de Martha, pour y faire la connaissance des nouveaux venus. Quand Martha et son mari George rentrent chez eux à deux heures du matin, ils sont saouls et épuisés, mais Martha annonce à George qu’ils ont des invités, un jeune enseignant et sa femme, nouveaux sur le campus. Lorsque Nick et Honey arrivent, ils sont entraînés dans des jeux et des règlements de compte, dont ils ne se contentent pas d’être les arbitres, mais des joueurs à part entière, malgré eux, sans connaître les règles complexes et mouvantes fixées par George et Martha. C’est le début d’une guerre des mots où tout est permis.
CE QU’ILS EN DISENT
>>> La guerre ? Oui, on dirait la guerre, celle qui n’en finit pas de revenir, sous toutes ses formes : guerre des sexes, des générations, des clans, des savoirs ; guerre aussi entre soi et soi-même. Une guerre aux mille facettes, mille lignes de front qui s’enchevêtrent, mille stratégies mouvantes, mille et une ruses tactiques qui ne cessent de transformer l’aspect du terrain. Une question d’humanité.
A chacun de s’y reconnaître comme il pourra, d’être sensible à tel ou tel enjeu. L’essentiel, c’est que cette guerre soit ressentie comme étant la nôtre, et donc comme actuelle, encore et toujours. A sa création en 1962, Who’s Afraid of Virginia Woolf ? s’inscrivait dans l’époque, dans l’Amérique du début des sixties, sans distance aucune. Comment faire, donc, pour que le public d’aujourd’hui accède à la profonde actualité de l’oeuvre ?
En jouant le texte dans un décor qui se fasse oublier - lumière nocturne, grand canapé, bouteilles - et en le jouant dans tout son tranchant, dans une traduction nouvelle, scrupuleusement fidèle, de sa version la plus
récente. Et si je parvenais à faire éprouver l’espèce de paix désespérée qui demeure, par-delà le fracas de toutes les armes, comme l’ultime secret unissant George et Martha – si je parvenais à faire entendre comment ils parviennent à se tendre la main et à se toucher à travers toutes les ruines, j’aurais vraiment atteint mon but. > Dominique Pitoiset
CE QU’ILS EN PENSENT
>>> La scène ressemble à un ring. A peine plus grand que celui des pugilistes en short et gants de cuir : un ring immaculé, dépouillé à l’extrême, aux symétries kubrickiennes. Et dont le sol en verre reflète les âmes dans la crudité d’une lumière blanche qui surexpose les mots et les maux. Le titre
initial de cette monstrueuse fable moderne était L’Exorcisme. Et c’est à un graffiti lu sur les murs d’une fac que Albee a emprunté le titre définitif de cette pièce. Le loup rôde, bondit… et devient sa propre proie.
> Stéphane C. Jonathan, Sud Ouest Dimanche
Pour Pitoiset, ce drame “wasp” des sixties est à la fois universel et très contemporain : une sorte de Misanthrope moderne, un éternel bal des illusions perdues et de la vanité humaine, mais aussi un conflit de générations très actuel, entre bobos à bout de souffle et héritiers arrivistes, sur fond de crise morale et sociale.
> Serge Latapy, Sud Ouest
Edward Albee • Traduction Daniel Loayza • Mise en scène et scénographie Dominique Pitoiset avec Nadia Fabrizio, Dominique Pitoiset, Deborah Marique, Cyril Texier • Dramaturgie Mariette Navarro • Lumière Christophe Pitoiset • Costumes Odile Béranger • Accessoires Marc Valladon • Son Michel Maurer • Coiffures et maquillage Cécile Kretschmar • Assistant à la mise en scène Gilbert Tiberghien • Production Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine avec la participation du Jeune Théâtre National.