Voici l’histoire d’un berger, Giovanni Pastore, descendu de ses montagnes du Frioul, pour chercher du travail en Europe et pour chercher « le paradis » sur terre. Il a pris le chemin de l’émigration, comme des millions d’italiens l’ont fait avant et après lui. Il a marché avec d’autres sur les routes de l’Europe, essayé de devenir français ou allemand, mais en vain. Et puis le 10 avril 1912, rêvant toujours de l’Amérique, il s’est embarqué à Cherbourg sur le Titanic. Il est engagé, clandestinement, dans l’un des restaurants du paquebot, pour nettoyer les 3177 cuillères à dessert destinées aux passagers de première classe.
Passager clandestin sur le Titanic, Giovanni Pastore ne montera pas dans les canots de sauvetage, ne sera pas comptabilisé parmi les disparus.
Par sa voix, Patrick Kermann dresse un panorama de l’Europe du XXe siècle.
« Les références historiques sont précises et documentées, ce qui constitue un point de départ commun aux spectateurs : le naufrage du Titanic, le jour et l’heure du naufrage, les articles de presse qui relatent l’événement… Mais il ne se bride pas à la vraisemblance de l’histoire, à l’ordre chronologique des faits. Il donne à entendre ceux qui l’ont vécue. Il mêle les petites histoires à la grande Histoire ».
Patrick Kermann raconte le naufrage du Titanic, métaphore du naufrage d’un monde. Quel monde ? Celui du progrès de l’industrie : Le Titanic, gigantesque machine autoproclamée insubmersible, sombre à son premier voyage.
Celui des inégalités sociales, de la guerre, des camps de concentration, de l’immigration, de la recherche du bonheur vers les United States of America. « Face à l’accélération de l’Histoire et de l’information, les événements du monde n’ont presque plus de réalité, de durée, de mémoire. Ils se succèdent si vite qu’ils n’ont même plus le temps nécessaire pour s’inscrire en profondeur dans notre conscience et, plus grave encore, dans notre inconscient. »
La mémoire rejoint le présent.
Giovanni Pastore est la figure qui symbolise les laissés-pour-compte. Ceux d’hier et ceux qui, aujourd’hui, traversent tous les dangers pour fuir la guerre ou la misère.
La Compagnie ARKETAL
En 1984, Greta Bruggeman et Sylvie Osman, toutes deux formées à l’Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézières, par Margareta Niculescu, Michael Meschke, Henry Jurkowsky et Jan Dvorak, fondent la compagnie ARKETAL. En 1990, ARKETAL s’installe à Cannes.
La compagnie a réalisé 28 créations pour adultes ou enfants, qui associent marionnettistes, acteurs, auteurs, musiciens, scénographes, peintres ou plasticiens. Chaque création est « un voyage qui nous rend plus lucide vis à vis du monde dans lequel on vit ». Les thèmes choisis parlent de l’identité, de la mémoire, de l’exil, de la famille, de la place de l’homme dans le monde.
ARKETAL a créé pour le jeune public : Le conte Chaud et doux des Chaudoudoux de Claude Steiner, L’oeil du loup de Daniel Pennac, Debout de Nathalie Papin, L’homme qui plantait des arbres de Jean Giono ; pour adultes : Antigone de Sophocle, Pygmalion de Bernard Shaw, Fernand Léger : Le monde en vaut la peine, Les gens légers de Jean Cagnard, Le Conte d’hiver de Shakespeare, etc. Et participe à des collaborations : Ramayana, mis en scène par Michael Meschke créé en Thaïlande, en tournée au Japon, Suède, Allemagne, Grèce, Paris ; Pourquoi j’ai mangé mon père de Roy Lewis, mis en scène par Yves Borrini, créé au Cameroun et en tournée en Centre Afrique, au Tchad et en France. Les spectacles tournent dans la France entière et dans des théâtres et des festivals à l’étranger : Espagne, Suède, Danemark, Norvège, Grèce, Suisse, Slovaquie, Japon, Thaïlande, Tchad, Cameroun, Israël, Turquie, Tunisie, Liban… Autour des créations, la compagnie met toute son énergie pour partager avec le public les formes imaginaires de son langage esthétique par de nombreuses actions culturelles, expositions, Puppet café,…
GRETA BRUGGEMAN : Scénographe et factrice de marionnettes.
C’est dans un esprit à la fois artistique et artisan qu’elle étudie, depuis trente ans, l’objet-marionnette, cette « matière à vivre » fascinante dont la fabrication ne s’improvise pas. Pour elle, la construction est une aventure, un voyage, à travers la matière. La matière parle d’elle-même et impose ses défis techniques. Elle a constamment à l’esprit la préoccupation suivante : comment donner vie à la figure ?
Ses personnages sont le plus souvent conçus à partir d’un dessin, d’une peinture. Les arts plastiques n’ont, depuis les débuts, cessé de nourrir ses recherches. De nombreux artistes – peintres, dessinateurs ou sculpteurs – lui ont ainsi apporté un précieux appui esthétique : Théo Tobiasse, Fernand Léger, Marius Rech, Rolf Ball, Martin Jarrie, Mâkhi Xenakis, Wozniak, Frédéric Lanovsky, etc.
Le papier occupe une place privilégiée dans ses recherches. En s’installant sur la Côte d’Azur, d’autres matières vont l’attirer : les bois flottés, le sable, les pierres, le bambou. En 2002, elle crée le centre de formation dédié aux arts de la marionnette, « L’Atelier d’Arketal » et donne depuis des formations en France et à l’étranger (Espagne, Finlande, Grèce, Danemark, Belgique, Haïti, Liban, Turquie…).
SYLVIE OSMAN : Marionnettiste et metteur en scène.
Au départ de son théâtre, il y a la nécessité de donner voix et corps aux figures silencieuses. « Debout les morts ! ». Elle est sensible à la langue, à l’écriture révélée par la représentation et l’interprétation des marionnettes et des acteurs. En 1999, elle participe à la première rencontre entre auteurs contemporains et compagnies de marionnettistes au CNES, à La Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon. Elle y rencontre Jean Cagnard, Patrick Kermann. C’est le début d’un partenariat des auteurs contemporains avec ARKETAL.
Les acteurs prêtent leur souffle et leur voix aux figures inventées. Elle aime la présence partagée de l’acteur et de la marionnette, du vivant et de la matière pour interpréter à la fois le langage écrit et le réinventer en mouvement dans l’espace. Sa recherche artistique s’engage chaque jour un peu plus en ce sens.
Depuis 2002, elle poursuit ses recherches dans les ateliers qu’elle anime au sein du centre de formation L’Atelier d’Arketal et, depuis 2003, à l’Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes (ERAC).
D’après The Great Disaster de Patrick Kermann - Mise en scène Sylvie Osman - Dramaturgie Didier Plassard - Scénographie fabrication des marionnettes, Greta Bruggeman - Artiste peintre Olivia Paroldi - Décors Damien Vissochi- Interprétation 4 acteurs formés à l’École régionale d’Acteurs de Cannes Fanny Fezans, Laurent Robert, Thibault Pasquier, Jean-Baptiste Saunier - Création lumières Pierre Olivier.
Coproduction Théâtre National de Nice, Théâtre Joliette-Minoterie - Scène conventionnée pour les expressions contemporaines, Marseille - Résidences de création La Louhenrie, Pouillé, L’Apostrophe Scène Nationale de Cergy-Pontoise, Théâtre de la Licorne Cannes.
La compagnie Arketal est conventionnée avec la DRAC PACA et la Mairie de Cannes. Elle est subventionnée par le conseil régional PACA et le Conseil Départemental des Alpes- Maritimes.