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Merci Gaspard Proust pour ce "Nouveau spectacle" virtuel à l’Anthéa !!

Gaspard Proust n’aime pas les captations de spectacles pour être retransmis sur les écrans de télévision. Il a cependant accepté que son spectacle soit enregistré pour que les abonnés d’Anthéa, qui avaient réservé leurs places pour un soir précis, puissent le voir sur leurs écrans ... Aucune autre possibilité en cette « période de chacun chez soi » ! Et on a adoré !

Les lumières s’éteignent. Sur scène, c’est le noir total. On entend une voix, celle de Gaspard Proust qui fait attendre le public quelques minutes avant d’apparaître enfin avec la jeunesse d’un vieil adolescent ! Sa silhouette reste alerte, sa façon de parler aussi et il débite ses vannes avec vivacité. Le voilà dans son « Nouveau spectacle » et on adore !

A 44 ans, cet humoriste d’origine slovène a déjà beaucoup roulé sa bosse dans une enfance entre divers pays de l’Algérie à la Suisse et a tenté plusieurs professions dont la finance (en Suisse, of course !) jusqu’à ce qu’il comprenne que ce n’était pas pour lui et que faire rire c’était là son domaine.

Son verbe cru excelle dans l’humour féroce, à l’instar de Pierre Desproges à qui il est souvent comparé.

Le même ton pince-sans-rire, la même distance pour aborder toutes les questions d’actualité : régler le problème des retraites avec un virus qui élimine tous les vieux et fait de la place dans les EHPAD. Il jongle avec les mots et apprécie que, toujours grâce à la pandémie, il n’y ait plus de tourisme de masse.

Son nom Püst, il l’a transformé en Proust, forcément plus connu grâce à un célèbre écrivain de ce nom.... Dès qu’il est monté sur scène, il a tutoyé le succès en cultivant le comique agressif dans lequel ne se manifeste aucune tendresse, faisant rire aux dépens des autres. Mais s’il dérange, c’est avec doigté, sans jamais aller trop loin, sans aucun mauvais goût. Il se moque des nazis, des camps de concentration... et explore les limites, jusqu’où on peut aller et rien ne lui résiste ! Il parle des problèmes du « spectacle vivant »... pour le moment, ajoute-t-il !

Avec un regard, à la fois tragique et hilarant, sur la vie et l’actualité, il ne semble pas chercher à faire mal, mais y parvient au-delà de toute espérance et le public sourit de ces joyeuses irrévérences, de ses irrésistibles traits d’esprit, des digressions, des apartés... Il a la dent dure, mais joliment acérée !

En distribuant des claques cinglantes et méritées, tout passe à la moulinette : le sexe, la religion, la politique... Doué d’une diction impeccable, il envoie des pointes à qui mieux mieux, sans nul effet théâtral, se suffisant de jongler avec des mots grâce à son aisance naturelle.

Gaspard Proust a trouvé sa place - sa place juste - pour observer les événements et les raconter à sa façon mordante, précise, malgré des embardées dans l’imaginaire le plus halluciné. Les coups visent juste, sans s’attarder ensuite, ils s’enchaînent avec un humour fin, nullement sentencieux.

Bref, le public a aimé au maximum ! En cette période, rire est ce qu’il y a de plus précieux !

Caroline Boudet-Lefort

Photo de Une DR ALAIN LEROY ANTHEA

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