
Dans la pénombre d’un cabaret marocain, Naïma, Fatima et Hliouti ont la voix éraillée et le corps écorché. Ce sont des Aïtas, ces femmes dont les incantations et la danse troublent tous ceux qui les regardent et les écoutent. Elles sont devenues des artistes du peuple, aussi adulées que méprisées, quand leur voix accompagne depuis la nuit des temps beuveries et mariages… Dans une œuvre tout à fait contemporaine, Bouchra Ouizguen, assise à leurs côtés sur les sofas, danse et chante avec elles sur le même tempo, la même cadence : un effleurement de la main, un déhanchement, un rire violent, un silence éternel, un coup de bassin, un sourire fugace. C’est lourd et léger à la fois, envoûtant, toujours tendu. Car le lien indicible qui les relie et les rassemble palpite au plus près de nous. À portée de main d’un coussin.