Nice : Le Volume
La bataille fut rude pour l’équipe de la Source qui accoucha du bébé en 2004. Car si le Volume est devenu la scène musicale régionale à plus haut débit, c’est que l’équipe de La Source a essuyé les plâtres…
C’est grâce à son engagement relayé par plus de soixante-dix autres associations que le Volume (8000 adhérents) qui s’autofinance à 90% est devenu l’ambassade live des musiques actuelles. Un projet porté par Yann Le Clanche désireux de créer une scène locale alternative accessible à tous (Entrée 5 euros, adhésion 2 euros/an). En s’inspirant du Festival « Musique dans l’air » qu’il initia en 2000, ce passionné réussit à fédérer tous les publics autour d’affiches mixant rock, garage, pop, blues, new punk, électro, groove et même jazz, certains soirs de jam cession. Le Volume chaque week-end (de 21h à 01h30) propose ainsi un groupe amateur régional en première partie de soirée (Les Quadricolor y firent leur début) et des formations confirmées venues de France et d’ailleurs. S’y sont déjà produites des figures emblématiques : les punks parisiens de « Métal Urbain », les australiens de « The Saints » ou les non moins remarquables « Fleshtones » venus des States jamer avec nos incontournables « Play boys ». Au menu de fin d’année : Tav Falco et les Magnetix, un duo de Pau à la façon des « White stripe ». Une programmation « taillée en pointe » grâce aux offres faites par les collectifs, labels ou les tourneurs sensibilisés par ce spot niçois dont la réputation dépasse les frontières régionales.
L’équipe, une douzaine de permanents entre l’association Source et le Volume peut se réjouir. L’arbre n’a pas plié et commence à porter ses fruits. « Après une longue traversée du tunnel nous pouvons nous structurer et planifier », commente Yann. 2010 fut une année charnière, de stabilisation qui vit entre autre le Volume recevoir (enfin) une subvention de la Ville de Nice à la hauteur de son engagement, tandis que depuis 5 ans l’association est soutenue par la Région qui investit à hauteur de 150 000 euros et le Département (15 000 euros). Une embellie qui permet au Volume de développer d’autres activités prévues dès l’origine. Elsa Comiot, chargée de développement confirme : « Frédéric Luzignant, professeur diplômé de musiques actuelles avait donné ses premiers cours ici avant de rejoindre le C.R.R. Nos efforts portent aujourd’hui sur ces ateliers musicaux destinés à tous ceux qui souhaitent se perfectionner à l’instrument et à la scène avec des intervenants professionnels comme Cédric Lauer, musicien et directeur artistique du projet. Les résidences de différents types (enregistrement, répétitions etc.) restent ouvertes à tous les artistes qui font intervenir la musique ».
Ainsi « Mademoiselle A » qui mêle la mode au Rock bénéficie actuellement d’un accompagnement (juridique, administratif, logistique), afin de créer cet été un festival au Maroc (Mademoiselle A in Fez). Le Volume soutient également le film « Rock ‘n roll of Corse » présenté en sélection officielle à Cannes en 2010. Un documentaire de 90 minutes sur Henri Padovani, musicien fondateur de « Police ». « Le niçois Stéphane Bébert, Lionel Guedj et leur production basé à Nice (Mister Trouble) ont tourné dans l’urgence avec peu de moyens. Ils ont besoin aujourd’hui de nos compétences notamment pour les droits de diffusion, leur film n’étant pas encore distribué en salles », explique Yann qui a ouvert le Volume également au septième art et aux plasticiens via son café culturel. Et pour faire connaître toutes ces activités une newsletter est envoyée chaque mois aux 8000 adhérents. Dans quelques mois ils pourront y découvrir une bonne nouvelle. Après 6 ans d’existence - soit 2200 concerts (1100 groupes reçus) ! - le Volume va se produire hors les murs. « Nous venons d’avoir l’aval de la Ville afin d’organiser trois soirées de concerts les 26, 27 et 28 mai 2011 au Théâtre de Verdure. L’opportunité de donner une grande scène à tous ces jeunes talents qui ont joué chez nous » !
Carros : Le Forum Jacques Prévert
La programmation du Forum Jacques Prévert est née sous le signe d’un grand poète populaire en 1985, en invitant Mouloudji et toute une famille de chanteurs à textes de Léo Ferret à Cora Vaucaire via Dick Annegarn.
La deuxième vague, vers 1995, vit cette même scène carrosoise s’ouvrir à la nouvelle génération autour du chanteur Thomas Fersen : « Des artistes que l’on ne voit pas trop à la télé même s’ils ont leur fans. Notre public est très friand de cette frange d’artistes comme des spectacles de rue. Les « Siacreries » qui fêteront leurs 15 ans en juin sous un nouveau nom l’ont démontré avec 3000 spectateurs en 2009. Il se passe quelque chose avec cette culture proche du public », commente Sylvie Guigo Directrice programmatrice du Forum depuis 15 ans. Puis avec le temps ce dernier a élargi son champ d’action à tous les arts vivants. « Notre objectif étant d’ouvrir la culture au plus grand nombre, nous n’avons cessé de tisser un lien entre la pratique amateur et celle professionnelle. Le Forum Prévert est un centre culturel très actif drainant 700 personnes dans ses ateliers dont près de 400 pour la danse. L’idée n’est pas forcément de faire de tous des professionnels mais au moins des spectateurs avertis. Un travail de sensibilisation qui passe par des rencontres avec les artistes, des répétitions ouvertes, des ateliers encadrés. Dans une ville où plus de la moitié de la population a moins de 25 ans, le jeune public en profite largement ! Un spectacle par mois leur est proposé avec des interventions scolaires. La salle Juliette Gréco accueille des visites accompagnées par des techniciens car, explique Sylvie, « seul 15 % de français vont régulièrement voir un spectacle vivant. La pratique n’est pas ouverte à toutes les populations. Apprendre à écouter, comprendre les codes d’un théâtre, c’est mieux pour apprécier à sa juste valeur le spectacle vivant ». Pour autant c’est un public intergénérationnel qui fréquente assidûment le lieu. L’an dernier 4 000 personnes (taux de remplissage à 80%) venues de Carros, des vallées mais aussi de tout le littoral investirent la salle Juliette Gréco (300 places) qui déroule une programmation éclectique alternant Musique, Théâtre et Danse. « Nous essayons de programmer chaque saison des compagnies de la région ». Ainsi en novembre la Cie Arketal y travailla en résidence intervenant sur le terrain afin d’enseigner l’art et la manipulation des marionnettes. La Cie Hervé Koubi prendra la suite avec le renfort de danseurs africains qui se produiront sur scène le 18 mars (Un rendez-vous en Afrique) et animeront la cité sur le principe « les artistes dans la ville ». Le mois de mars sera celui de la danse avec deux autres compagnies dont celle de Ben Mahi mêlant danse africaine, contemporaine, classique et danse jazz Hip hop (Beautiful Djazaïr). Le 25 mars ce sera au tour de Pierre Blain et sa Cie la Berlue. « Ce n’est pas une résidence mais leur pièce « Anatole F » avec son approche moderne du clown nous a séduit ».
Côté musique, c’est le changement dans la continuité autour de la poésie du texte avec le 10 décembre l’inénarrable Brigitte Fontaine et le 4 février Arnaud Fleurent Didier qui représente la jeune relève de cette chanson française qui défriche de nouvelles pistes via l’électro à la suite de pionniers tel Bertrand Burgalat. Autre coup de cœur le duo « Le Cirque des Mirages » dans la filiation de Barbara avec ses chansons réalistes nimbées de fantastique. La salle accueille également toute l’année des associations comme CinéAlma qui travaille autour du septième art en méditerranée. Grace au travail de l’équipe du Forum Jacques Prévert et la politique de la Ville (le ticket spectacle est à 15 euros en moyenne) la culture a changé l’image d’une ville qui fut à l’origine une cité dortoir coupée du monde !
Grasse : Altitude 500
Plus jeune dans la carrière, l’espace culturel Altitude 500 est né de la volonté de la municipalité grassoise d’offrir à tous ses publics, un lieu pluridisciplinaire ouvert aux arts vivants.
« Notre première mission est la diffusion de musiques autour de talents confirmés internationaux, de groupes régionaux et d’offrir un outil à tous, qu’ils soient artistes amateurs ou en voie de professionnalisation. La Ville a ainsi mis à disposition deux studios d’enregistrement labellisés Espaces Régionaux de Répétition du Conseil Régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Deux salles ultramodernes, très accessibles financièrement (entre 4 et 9 € / heure). Cette prestation s’intègre à notre deuxième objectif : favoriser la pratique amateur dans différentes disciplines, musique, danse, théâtre… », explique Katy Ferrand, Directrice du lieu.
Une offre manquante comblée depuis 2002, pour le bonheur des grassois qui disposent désormais grâce à la rénovation d’une ancienne MJC d’une salle de spectacle à géométrie variable abritant 200 places assises (ou en configuration Hall, 350 personnes). À raison de deux ou trois soirées par semaine, l’espace Altitude 500 accueille une vingtaine de concerts par an et des compagnies de danse parfois en matinée le dimanche.
Rock, pop, chanson française, musique world, etc., la programmation brasse large à l’image de la population du bassin grassois. L’accueil de vedettes confirmées attire également une clientèle venue du littoral et du moyen pays. Sont déjà passés par ici Raoul Paz, Daniel Lavoie, Raoul Petite, Axel Bauer, Yves Duteuil, Pauline Croze et plus récemment le chanteur Nilda Fernandez. Le 11 décembre Jean-Philippe Nataf dévoilera son dernier album pop teinté de folk après avoir occupé le devant de la scène pop française des années 90 avec les Innocents. L’Espace Culturel de la Ville de Grasse est aussi prestataire de services auprès des associations, groupements, entreprises. « Nous sommes si sollicités que le planning ne permet pratiquement plus d’accueillir des manifestations spontanées. Il est nécessaire de réserver au minimum un an à l’avance ».
Côté pédagogique, l’Espace Altitude 500 est aussi un précieux outil de sensibilisation. Ainsi le 15 janvier, La caravane « Trop Puissant » fait halte à Grasse avec deux séances animées par le groupe « No More Babylon », afin de sensibiliser le jeune public aux risques auditifs liés à l’écoute et à la pratique des musiques amplifiées.
Monte Carlo : Moods
En 2007 la principauté accueillait son temple moderne de la Live Music : Le Moods Music Bar. Un coup de jeune sur le rocher qui fort de cet espace ultramoderne à la manière d’un loft new yorkais visait à séduire un nouveau public.
Trois ans et quelques 600 concerts plus tard ; mission accomplie pour le Moods. Après une relâche estivale il a enregistré des pics de fréquentation cet automne en invitant Charlie Watts le batteur des Rollings Stones en version booggie (accompagné de deux pianistes et d’un contrebassiste), en relayant le come back du groupe punk « Eddy and the hot rods » ou encore avec la star du Nu soul, Raul Midón. À raison de cinq soirées par semaine et 40 semaines par an, le Moods s’est taillé une belle réputation venant ainsi enrichir l’offre de la Société des Bains de Mer plus connue pour ses nuits blanches du Jimmy’s ou pour les concerts Pop rock à grande échelle du Summer Festival du Monte-Carlo Sporting.
« Le Moods a vu le jour sur un double constat », explique Jean-René Palacio, Directeur artistique du Groupe SBM. « Il manquait à la principauté une scène à taille humaine d’une capacité de 300 personnes. Un lieu combinant la magie de la nuit monégasque, fusionnant live music et l’atmosphère décontractée d’un Lounge bar à la manière de clubs comme le Marquee à Londres ou le New Morning ». C’est dans cette niche boudée en Riviera que la principauté s’est engouffrée. Confié à l’architecte Jean-Louis Berthet l’espace intègre dans un décor de factory revue à la mode trendy un podium visible de tous côtés et de haut en bas grâce à un second niveau parcouru d’une mezzanine. Equipé des dernières technologies (vidéo, daylight, sonorisation multi-diffusion etc.), il se rend également disponible pour l’accueil d’émissions de Radio, de TV et pour l’enregistrement d’albums live.
Avec ses prestations côté bar il laisse à chacun le choix de vivre sa nuit drainant une foule bigarrée : fans, puristes, happy fews et noctambules. Sa programmation participe à ce bain bouillonnant en jouant sur la palette des stars d’hier et d’aujourd’hui, du revival aux musiques actuelles avec des rendez-vous jazzy dont une participation au Off du Monte-Carlo Jazz Festival. Jean-René Palacio veille à entretenir ce climat « melting pot » qui a attiré ici des artistes aussi différents que Louis Bertignac, Bill Wyman, John Mayall, Suzanne Vega, Trust, Wishbone ash, Pretty Things, Dr Feelgood, Richard Bona, Lenny White etc., mais aussi des nouveaux talents grâce notamment aux cartes blanches données à Marc Toesca et aux artistes de son label Monte Carlo Records mixant découvertes régionales et internationales.