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Fin de cet événement Septembre 2015 - Date du 18 septembre 2015 au 19 septembre 2015

L’Exoconférence : le gai savoir d’Alexandre Astier

« La voie lactée a un goût de framboise ! » Evidemment, dit comme ça, ça peut surprendre. Mais après 90 min de cours à la fois magistral et échevelé sur les mystères de l’univers, Alexandre Astier parvient à nous faire douter de toutes nos certitudes.
Créateur de la série Kaamelott où il incarne depuis cinq saisons le roi Arthur, Alexandre Astier s’est posé à Cannes les 18 et 19 septembre au Palais des festivals avec son nouvel OVNI : L’Exoconférence.
Objectif : régler la question extraterrestre et au passage en mettre un petit coup aux théories sur l’espace/temps. Un pari ambitieux ? Est-il besoin de le rappeler, de la quête arthurienne à celle d’un Bach en crise de spiritualité (Que ma joie demeure !), cet artiste bien tempéré a toujours été hanté par la question du sens.

Mauvaises nouvelles des étoiles ?

Le nom de son nouveau spectacle annonce la couleur : Exo comme tout ce qui est en dehors. Conférence parce que celui qui avait déjà dans un sketch égratigné la physique quantique - ce qui lui valut sa réputation au CNES - reprend le FRAC de conférencier (un godet de pop corn à la main) pour en finir avec le jugement de Dieu, de la science, des puissances qui nous gouvernent et avec celles qui viendraient d’ailleurs. Tant qu’à faire !
Que l’on ne se méprenne pas, Astier ne monte pas en chaire (il passe pas mal de temps en l’air mais c’est sur un grand escalier de bibliothèque). Non ! Ce fin bretteur de mots descend dans l’arène, prend à partie son public pour en découdre avec ses croyances, ses préjugés, les faux semblants, bref pour tordre le coup aux canards qui volent sans têtes. On l’aura compris, comme à son habitude le papa de Kaamelott ne sait pas faire drôle avec du léger. L’auteur est allé quérir sa matière auprès des autorités scientifiques. Après avoir mis à sa sauce l’histoire avec la légende du roi Arthur, la grande musique en interprétant un Bach dépressif, Astier passe cette fois à la moulinette le monde de l’astrophysique et ses « produits dérivés ». C’est un sujet qui me travaille. J’en savais un peu plus que monsieur-tout-le monde qui s’en fout mais il a fallu que je me documente pour écrire un spectacle qui se tienne… Oui, je vis avec ça depuis toujours et, pour faire ce spectacle, j’ai fait tout ce que je n’avais jamais fait avant : je me suis plongé dedans avec la volonté de ne rien croire et j’y ai trouvé des choses plus hybrides, peut-être plus riches. J’ai rencontré le directeur de l’Observatoire de Paris, qui avait réuni une table complète de spécialistes des exoplanètes, du Rover, du projet Rosetta et ils disaient tous : « Qu’est-ce qu’on peut faire pour vous ? ».

Un show multimédia et théâtral

Alexandre Astier dont le nom en grec ancien, Aster, signifie étoile, et qui s’est rêvé enfant, astronome, nous fait partager via photos, vidéos et chiffres, dispensés par un ordinateur capricieux, ses connaissances, ses interrogations, et ses coups de gueules sur le big bang, les protogalaxies, la mesure du temps, Einstein, les manifestations extraterrestres de Kenneth Arnold à la créature de Roswell et surtout, (le fil rouge du spectacle) sur cette plaque gravée et vissée sur la sonde Pioneer lancée en 1972 dans l’espace pour sensibiliser d’éventuels voisins galactiques sur notre présence sur terre. Vaste programme donc ! Mais l’auteur n’oublie pas qu’il est aussi homme de planche et de cinéma. Et de ponctuer sa vraie fausse conférence de saynètes désopilantes où il interprète avec la fougue qu’on lui connait quelques figures emblématiques comme Enrico Fermi, l’un des « Nobels » à l’origine de la Bombe atomique, un prélat inquisiteur qui dissuade Nicolas Copernic de dévoiler que la terre est ronde et qu’elle n’est pas au centre de l’univers et enfin un improbable commandant de soucoupe volante venu sur terre pour enlever un couple d’américains moyens. Bien sûr, ces tableaux, aussi surréalistes soient ils sous sa plume, sont tous inspirés de faits réels. C’est aussi le talent de l’auteur d’aller traquer la poésie burlesque pour ne pas dire absurde qui se niche dans les replis de la réalité. Rejeton des Monty Python, Astier a toujours prôné son amour pour la comédie sérieuse. Et c’est ce qu’il propose : Un show aussi ébouriffant que savant, rigoureux, qui remet l’homme à sa place dans le cosmos ! « On a tôt fait de convoquer l’extra-terrestre quand on ne saisit pas quelque chose…C’est cette incapacité à comprendre qui nous fait remplir les cases manquantes avec nos fantasmes. Avant de me documenter et d’écrire ce spectacle, je faisais partie de ceux qui étaient bouleversés par la possibilité d’une civilisation extraterrestre concomitante à la nôtre... »

Ode à l’esprit critique

L’exo conférence fait salle comble depuis sa tournée entamée dans la capitale. A Cannes même succès avec quelques 5000 entrées. Guère étonnant car ce one man show enlevé confirme tout le talent de ce conteur qui ne s’en laisse pas conter ! Une heure et demi astrale à flux tendu où l’on se bidonne, rit jaune, à gorge déployée, suspendu aux investigations/divagations du comédien seul en scène, qui, à dire vrai, cherche plus à célébrer la soif de connaissance, à nous faire accepter avec lucidité notre condition, qu’à se déterminer sur l’éventuelle existence d’une vie martienne. Un comédien qui appelle sans détour son public à être curieux, à se poser lui aussi des questions sur ce qu’on lui donne pour argent comptant. Et surtout à ne jamais céder à l’obscurantisme, à la peur, mauvaise conseillère qui a fait dire à Blaise Pascal : « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ». Au temps des Smartphones, de la télé-réalité, du standing up axés sur la vanne de proximité, l’Exoconférence, brillamment orchestré par Jean-Christophe Hembert qui avait déjà mis en scène « Que ma joie demeure ! » et collaboré au script de Kaamelott (où il joue le rôle de Karadoc) prouve que le rire peut aussi être intelligent. Ça c’est la bonne nouvelle des étoiles !

Merci Alexandre Astier en ces temps de morosité et d’embrouillamini de nous rappeler que votre gai savoir est la meilleure réponse au nivellement par le bas !
Pour conclure, l’auteur nous invite à lever les yeux vers le ciel, quitte à se payer un télescope, et à savourer cette voie lactée qui aurait le goût de framboise…

Artiste(s)

Alexandre ASTIER

Alexandre Astier (né le 16 juin 1974 à Lyon) est un acteur, compositeur, réalisateur, monteur, scénariste, humoriste et écrivain français. Il est notamment connu comme le créateur et interprète principal (dans le rôle du roi Arthur) de la série télévisée Kaamelott. Biographie Il est le (…)

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